Une légende de Montrose/10

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Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, tome 11p. 427-434).




CHAPITRE X.

dalgetty au château de duncan.


Durant leur voyage, le jour était obscur et sombre ; la colline avait un air sauvage ; le chemin était douteux : plus noir, plus obscur et plus douteux encore parut à leurs yeux le château qui les reçut.
Les voyageurs, conte.


Angus Mac-Aulay était chargé d’un message dont il lui semblait difficile de s’acquitter. Ce ne fut qu’après avoir tourné sa phrase de différentes manières et s’être plusieurs fois repris qu’il fit enfin connaître à sir Duncan Campbell que le cavalier qui devait l’accompagner l’attendait, et que tout était préparé pour son retour à Inverary[1]. Sir Duncan se leva d’un air indigné, et l’affront que lui faisait éprouver ce message effaça subitement de son souvenir la sensibilité que la musique y avait éveillée.

« Je ne m’attendais guère à une pareille conduite de votre part, » dit-il en lançant un regard d’indignation à Angus Mac-Aulay. « Non, je ne m’attendais pas qu’un chef des Highlands de l’ouest, soumis aux ordres d’un Saxon, ordonnerait au chevalier d’Ardenvohr de quitter son château lorsque déjà le soleil a passé le méridien, et avant que sa coupe ait été remplie une seconde fois. Mais, adieu ; la nourriture offerte par un rustre ne satisfait point l’appétit. Lorsque je reviendrai à Darnlinvarach, ce sera avec une épée nue d’une main, et une torche de l’autre. — Et lorsque vous viendrez ainsi, dit Angus, je m’engage à vous bien accueillir, quand même vous amèneriez avec vous cinq cents Campbells, et à vous faire, à vous ainsi qu’à eux, une telle réception que vous ne vous plaindrez pas une seconde fois de l’hospitalité de Darnlinvarach. — Gens menacés vivent long-temps, reprit sir Duncan. Votre goût prononcé pour les fanfaronnades, laird Mac-Aulay, est trop connu pour qu’un homme d’honneur y fasse attention. Quant à vous, milord, et vous aussi, Allan, qui avez tenu la place de mon hôte si peu civil, je vous offre mes remercîments. Et vous, charmante fille, » dit-il en s’adressant à Annette Lyle, « daignez accepter ce petit présent pour avoir ouvert une fontaine qui était tarie depuis bien long-temps. »

À ces mots il quitta la salle et commanda qu’on appelât sa suite. Angus Mac-Aulay, confus et furieux du reproche d’inhospitalité, reproche qui était le plus grand affront qu’on pût faire à un Highlander, n’accompagna pas sir Duncan jusque dans la cour. Le chevalier d’Ardenvohr monta sur son cheval, qui était tout prêt ; six domestiques le suivaient : le noble major Dalgetty l’attendait aussi, tenant Gustave par la bride ; mais il ne le brida et ne le monta que lorsque sir Duncan parut. Toute la cavalcade s’éloigna du château.

Le voyage fut long et fatigant, mais sans qu’aucune de ces grandes difficultés que le laird de Mac-Aulay avait prophétisées se réalisât. À dire vrai, sir Duncan s’attachait beaucoup à éviter ces passages plus secrets mais plus courts par lesquels l’accès du comté d’Argyle est facile du côté de l’ouest ; car son parent et chef le marquis avait coutume de dire que, pour cent mille couronnes, il ne voudrait pas qu’un mortel connût les passages par lesquels une armée pourrait pénétrer dans son pays.

En conséquence, sir Duncan évita presque toujours les Highlands, et entrant dans les basses terres, il se dirigea vers le port de mer le plus voisin, où il avait à ses ordres quelques galères à demi-pont, ou birlings, comme on les appelait. Ils s’embarquèrent sur l’une d’elles avec Gustave, qui avait tellement l’habitude des aventures, que la terre et la mer lui semblaient aussi indifférentes qu’à son maître.

Le vent étant favorable, ils poursuivirent rapidement leur route en faisant force de rames et de voiles. Le lendemain matin de bonne heure on vint annoncer au major Dalgetty, qui était alors dans une petite cabine sous le demi-pont, que la galère était sous les remparts du château de sir Duncan Campbell.

Le major se rendit sur le pont de la galère, et Ardenvohr s’offrit à ses regards. C’était une tour carrée, sombre, d’une grosseur considérable, et très-haute, située sur une langue de terre s’avançant dans un lac d’eau salée, ou bras de mer, dans lequel ils étaient entrés le soir précédent. Un mur flanqué de tours à chaque angle entourait le château du côté du lac ; vers celui de la terre, il était bâti si près du bord du roc escarpé qu’il n’y avait que juste la place pour une batterie de sept canons destinée à protéger la place contre toute attaque, quoiqu’elle fût trop élevée pour être d’une grande utilité d’après le système militaire moderne.

Le soleil levant, qui paraissait derrière la vieille tour, en projetait au loin l’ombre sur le lac, et obscurcissait le pont de la galère sur lequel le major se promenait, attendant avec impatience le signal du débarquement. Sir Duncan, comme il en fut informé par ses gens, était déjà dans les murs de son château ; mais aucun d’eux ne voulut se rendre à l’invitation que leur adressa Dalgetty de le suivre à terre avant d’en avoir reçu directement la permission ou l’ordre du laird d’Ardenvohr.

Bientôt après cet ordre arriva, et une barque, sur la proue de laquelle se tenait un joueur de cornemuse, portant sur son bras gauche les armoiries du chevalier d’Ardenvohr brodées en argent, et jouant de toute sa force la marche de ce clan, Les Campbells arrivent, vint pour conduire l’envoyé de Montrose au château d’Ardenvohr. La distance entre la galère et le rivage était si peu considérable, que les efforts de huit rameurs vigoureux, en bonnets, habits, corsets et pantalons de tartan, suffirent pour amener la barque dans la petite crique où ils devaient débarquer, avant que le capitaine pût s’apercevoir qu’il avait quitté la galère. Deux des matelots, en dépit de sa résistance, montèrent Dalgetty sur le dos d’un troisième Highlander, et traversant le ressac avec lui, ils le mirent à terre au pied du château. Sur le devant du rocher on voyait comme l’entrée d’une caverne basse vers laquelle les Highlanders se préparaient à entraîner notre ami Dalgetty, lorsque s’échappant de leurs mains non sans peine, il insista pour voir Gustave aborder sain et sauf à terre avant de faire un pas de plus. Les Highlanders ne pouvaient comprendre ce qu’il voulait dire ; enfin, un d’entre eux qui entendait un peu l’anglais, ou plutôt l’écossais des Lowlands, s’écria : « Ah diable ! il demande son cheval : à quoi lui servira cet animal ? »

Le major se disposait à faire de nouvelles remontrances, lorsque sir Duncan Campbell parut à l’entrée de la caverne que nous avons décrite, et l’invita à accepter l’hospitalité d’Ardenvohr, lui assurant en même temps sur son honneur que Gustave serait traité comme il convenait au héros dont il portait le nom, sans parler du personnage important auquel il appartenait. Malgré cette assurance satisfaisante, Dalgetty hésitait encore, tant il était inquiet sur le sort de son compagnon Gustave ; mais deux Highlanders le saisirent par les bras, deux le poussèrent par derrière, tandis qu’un cinquième s’écriait : « Allons, vite, emportez ce fou de Sassenach ; n’entend-il pas que le laird l’invite à entrer dans son château ? N’est-ce pas un grand honneur pour un homme tel que lui ? »

Ainsi violenté, le major Dalgetty put seulement jeter un regard derrière lui sur la galère où il avait laissé le compagnon de ses travaux militaires. Quelques minutes après, il se trouva plongé dans une obscurité complète sur un escalier qui, partant de la caverne dont nous avons parlé, montait en serpentant dans l’intérieur du roc.

« Ah ! maudits soient ces sauvages de Highlanders ! » murmura-t-il à demi voix. « Que deviendrai-je si Gustave, qui porte le nom du lion invincible de la ligue protestante, est estropié par leurs mains grossières ? — N’ayez point cette crainte, » dit sir Duncan qui était plus près de lui qu’il n’imaginait ; « mes hommes sont habitués à soigner des chevaux, soit pour les embarquer, soit pour les panser ; et vous verrez bientôt Gustave en aussi bon état que lorsque vous en êtes descendu la dernière fois. »

Le major avait trop l’usage du monde pour pousser plus loin ses observations, quelque inquiétude qu’il pût ressentir intérieurement. Ayant monté une marche ou deux de plus, il commença à revoir la lumière du jour, et bientôt, passant sous un guichet garni d’une herse en fer, il se trouva sur une galerie taillée dans le roc et qui avait une étendue d’environ six ou huit verges ; il passa sous une autre porte après laquelle le chemin rentrait dans le roc, et qui était aussi défendue par une herse en fer.

« Admirable traverse ! observa-t-il : et si elle était défendue par une pièce de campagne, ou même par quelques mousquets, elle suffirait pour mettre la place à l’abri d’un coup de main. »

Sir Duncan ne fit aucune réponse dans ce moment, mais lorsqu’ils furent entrés dans la seconde caverne, il frappa avec le bâton qu’il tenait à sa main des deux côtés du guichet, et le son prolongé qui suivit fit reconnaître au major qu’il y avait un canon placé de chaque côté pour balayer la galerie qu’ils venaient de traverser, quoique les embrasures par lesquelles on pouvait les tirer fussent masquées à l’extérieur par des mottes de terre et des pierres détachées. Ayant monté le second escalier, ils se trouvèrent sur une autre galerie ou plate-forme ouverte ; et ils y auraient été exposés à un feu de mousqueterie et aux canons des remparts, si, venant avec des intentions hostiles, ils avaient fait un pas de plus. Un troisième escalier taillé dans le roc comme le premier, mais non couvert, les conduisit enfin au pied de la tour. Il était étroit et rapide ; et sans parler des pièces d’artillerie qui le dominaient, deux hommes déterminés, armés de piques et de haches d’armes, auraient pu défendre ce passage contre cent autres, car l’escalier ne pouvait contenir que deux personnes de front, et n’était pas garni de balustrade ni de rampe du côté du précipice escarpé et profond au bas duquel les vagues se brisaient avec un bruit semblable à celui du tonnerre. Grâces à ces ombrageuses précautions employées pour la sûreté des anciennes forteresses celtiques, une personne dont les nerfs auraient été sensibles, et qui aurait été sujette à des étourdissements, aurait trouvé quelque difficulté à entrer dans ce château, même lorsqu’on ne lui aurait opposé aucune résistance.

Dalgetty, trop vieux soldat pour avoir de telles craintes, ne fut pas plutôt arrivé dans la cour qu’il protesta devant Dieu que les fortifications du château de sir Duncan lui rappelaient celles de la célèbre forteresse de Spandau, situé dans la marche de Brandebourg, plus que celles de toute autre place qu’il eût jamais défendue dans le cours de ses campagnes. Néanmoins il critiqua beaucoup rétablissement de la batterie de sept canons, disant qu’il avait toujours observé que les canons perchés comme des cormorans ou des mouettes sur le sommet d’un rocher, faisaient plus de bruit que de mal.

Sir Duncan, sans rien répondre, introduisit le major dans la tour, défendue par une herse et une porte de bois de chêne garnie en fer, distantes entre elles de l’épaisseur du mur. À peine arrivé dans une salle dont les murs étaient couverts d’une tapisserie, le major continua ses critiques militaires. La vue d’un excellent déjeuner, dont il prit sa part avec empressement, les lui fit suspendre, à la vérité ; mais à peine eut-il satisfait son appétit, qu’il fit le tour de l’appartement, examinant par chaque fenêtre le terrain qui entourait le château. Il retourna ensuite s’asseoir, s’étendit de toute sa longueur, allongea une de ses jambes vigoureuses, et frappant sur sa grosse botte avec sa cravache, comme un homme mal élevé qui affecte d’être à son aise dans la société de ses supérieurs, il fit tout haut ses observations sans qu’on les lui eût demandées.

« Votre château, sir Duncan, est une jolie place, facile à défendre ; et cependant à peine un cavalier honorable pourrait-il espérer de conserver son honneur en y tenant pendant quelques jours ; car, permettez-moi de vous le dire, il est couronné, dominé, ou plutôt commandé, comme nous autres militaires nous le disons, par cette colline ronde qu’on aperçoit d’ici vers la terre, et sur laquelle un ennemi pourrait établir une batterie de canons qui vous obligerait de battre la chamade en quarante-huit heures à moins d’une protection spéciale de la Providence. — Il n’y a point de route par laquelle on puisse amener du canon contre Ardenvohr, répliqua un peu brusquement sir Duncan. Les marais et les marécages enfonceraient sous vos pieds ou sous ceux de votre cheval, excepté dans certains passages qu’on peut rendre impraticables en quelques heures. — Vous croyez cela, sir Duncan ; mais, comme nous le disons nous autres militaires, là où il y a un rivage, il y a un côté découvert. En effet, lorsque les canons et les munitions ne peuvent être amenés par terre, on les transporte aisément par mer près de l’endroit où l’on doit les mettre en batterie. Et il n’y a pas de château, quelque forte que soit sa position, qu’on puisse regarder comme invincible, ou, comme on dit, imprenable : je vous proteste, sir Duncan, que j’ai vu vingt-cinq hommes, par la surprise et l’audace de leur attaque, emporter, la pique à la main, une position aussi forte que celle d’Ardenvohr, et passer au fil de l’épée, faire prisonnière et garder pour rançon une garnison dix fois plus forte qu’eux. »

Quoique sir Duncan eût acquis, par l’usage du monde, le talent de cacher ses émotions intérieures, il parut piqué et choqué de ces réflexions que le major faisait avec la gravité la plus imperturbable, ayant probablement choisi ce sujet de conversation comme un terrain sur lequel il pensait pouvoir briller, et sans faire nullement attention que cette matière serait loin d’être agréable à son hôte. »

« Pour couper court à cet entretien, » dit sir Duncan d’un air mécontent et en élevant un peu la voix, « il n’est nullement nécessaire que vous me disiez, major Dalgetty, qu’un château peut être pris d’assaut s’il n’est point vaillamment défendu, ou qu’il peut être surpris s’il n’est point gardé avec soin. Je réponds que mon pauvre château est à l’abri de pareilles craintes, quand même le major Dalgetty lui-même en ferait le siège. — Malgré cela, » répondit l’opiniâtre major, « je vous avertirais, en ami, d’élever un fort sur cette colline et de l’entourer d’un bon fossé, ce qui serait facile en faisant travailler les paysans du voisinage ; car, je vous l’assure, le valeureux Gustave-Adolphe savait aussi bien utiliser la pioche et la pelle que l’épée, la pique et le mousquet. Je vous conseillerais aussi de fortifier ledit fort, non-seulement par un fossé ou une tranchée, mais aussi par quelques estacades ou palissades. » Sir Duncan, ne pouvant plus modérer son impatience, quitta l’appartement ; et le major le suivit jusqu’à la porte en élevant la voix à mesure qu’il s’éloignait, jusqu’à ce qu’il ne pût plus s’en faire entendre. « Lesquelles palissades ou estacades auraient des angles rentrants, des meurtrières ou barbacanes pour la mousqueterie, afin de pouvoir éteindre le feu de l’ennemi… Brute de Higlander ! vraie brute de Higlander ! Ils sont orgueilleux comme des paons et obstinés comme des mulets. Il a perdu l’occasion de faire de son château une forteresse irrégulière tellement forte, qu’une armée ennemie se serait cassé les dents contre ses murs… Mais que vois-je ! » interrompit-il en regardant par la fenêtre qui donnait sur le précipice, » ils ont amené Gustave sain et sauf sur le rivage. Mon pauvre compagnon ! je reconnaîtrais le balancement de sa tête au milieu de tout un escadron. Il faut que j’aille voir ce qu’ils vont en faire. »

Il traversa la cour, et il s’apprêtait à descendre l’escalier, lorsque deux sentinelles, lui présentant leurs haches du Lochaber, lui firent entendre que c’était une entreprise dangereuse.

« Diavolo ! s’écria-t-il, et je n’ai pas le mot d’ordre. Je ne pourrais prononcer une syllabe de leur jargon sauvage, quand même il s’agirait d’échapper au grand-prévôt. — Je serai votre garantie, major Dalgetty, » dit sir Duncan qui s’était approché de lui sans qu’il s’en aperçût ; « nous irons ensemble voir comment on a traité votre coursier favori. »

Il lui fit donc descendre l’escalier jusqu’au rivage, puis ils tournèrent derrière un énorme rocher qui cachait les écuries et les autres bâtiments dépendant du château. Le major reconnut alors que l’approche du château du côté de la mer était rendue totalement impossible par un ravin naturel rendu plus escarpé encore à force de soin et de travail, et qu’on ne pouvait passer que sur un pont-levis. Néanmoins il soutint, malgré l’air triomphant avec lequel sir Duncan lui montrait ces défenses extérieures, qu’il fallait élever un fort sur Drumsnab (c’était ainsi que s’appelait le mamelon situé à l’est du château), parce que de là on pouvait lancer dans la place des boulets rouges et incandescents, suivant la curieuse invention d’Étienne Bathian, roi de Pologne, et au moyen desquels ce prince avait dernièrement ruiné la grande cité de Moscou. Le major avoua qu’il n’avait pas encore vu cette invention ; mais il observa qu’il aurait un plaisir tout particulier de la voir mise à l’épreuve contre Ardenvohr ou tout autre château de pareille force, disant qu’une expérience si curieuse devait faire le plus grand plaisir à tous les admirateurs de l’art militaire. Sir Duncan changea le cours de la conversation en conduisant le major dans les écuries, et en le laissant soigner Gustave à sa fantaisie. Après s’être soigneusement acquitté de cette fonction, Dalgetty proposa de retourner au château, observant que son intention était d’employer le temps jusqu’au dîner, qui viendrait sûrement aussitôt après la parade, vers midi, à polir son armure qui, ayant un peu souffert de l’eau de la mer, pouvait, craignait-il, lui faire peu d’honneur aux yeux de Mac Callum More. Cependant, tout en retournant au château, il ne manqua point d’avertir sir Duncan que l’attaque subite et imprévue d’un ennemi pouvait lui être très-préjudiciable par la perte de ses chevaux, de son bétail et de ses provisions, qui seraient détruits ou enlevés : il le conjura donc vivement de nouveau de faire construire un fort sur la colline appelée Drumsnab, et il lui offrit ses services pour en tracer le plan. Sir Duncan ne répondit à ces offres désintéressées qu’en conduisant son hôte dans sa chambre, et en l’informant que le son de la cloche du château lui annoncerait l’heure du dîner.

  1. Château du duc d’Argyle. a. m.