Une mine de souvenirs/VIII

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s. é. (p. 102-117).

CHAPITRE VIII

Souvenir d’une lutte politico-religieuse



J’ÉTAIS à poursuivre mes études classiques, bien tranquillement, un peu par accident et un peu par nature, quand le Bas et le Haut-Canada, unis alors sous un seul gouvernement depuis 1841, eurent une élection parlementaire.

Les citoyens du Haut-Canada (Ontario), n’avaient pas les mêmes idées touchant l’instruction qu’il faut donner aux enfants, que ceux du Bas-Canada ou Province de Québec. Deux partis se présentèrent devant les « nobles et intelligents électeurs », et même devant ceux qui n’étaient ni nobles, ni intelligents, demandant leur « voix pour sauver la patrie ».

Un programme avait pour clause que les écoles devraient être mixtes, suivant le langage du temps, — le pêle-mêle des Canadiens catholiques et protestants ; « programme d’une envergure large comme le monde », suivant les orateurs de l’opportunisme.

La lutte s’engagea corps à corps. Le premier souvenir que j’ai rapporté de ce combat est celui-ci :

Notre curé monta en chaire. Il lut un sermon où se trouvaient ces mots : « Ne votez pas pour les écoles mixtes. » Chaque curé en fit autant, et le projet fut écrasé dans notre province. Je me rappelle les injures lancées par les vaincus à la face de nos bons prêtres pour avoir dit en chaire à leurs paroissiens de ne pas voter pour avoir des écoles mixtes, des écoles sans Dieu. Monsieur l’abbé Labelle, curé de Repentigny, s’était distingué dans un sermon sur les droits des parents et de l’Église catholique à veiller sur l’instruction des enfants. Il passait pour un modèle de prudence apostolique et était très vertueux. On lui dit qu’il ferait bien mieux de s’occuper de sauver les âmes que de se mêler de politique, — ce qui n’était pas de ses affaires.

Vous comprenez, mes chers amis, toute la portée de ces misérables paroles.

Essayons de mettre la chose au clair. Nos bons curés, qui veulent le salut de leurs paroissiens, sous la direction de nos évêques, ont répété ce que disent les Papes enseignant depuis saint Pierre, le premier de tous, après Jésus-Christ : « Soyez forts et veillez, car le diable, votre adversaire, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer. »

Ce serpent prend toutes les formes et emploie tous les moyens, mais l’Église de Dieu le reconnaît partout et toujours, même quand il se transforme en ange de lumière. Elle l’a reconnu dans l’offre de l’instruction neutre, c’est-à-dire impie. « Nous ne voulons pas », disait-il « que votre Jésus soit chassé de la famille, mais seulement de l’école, ce qui a bien peu d’importance sur l’avenir de vos enfants. »

Dans les pays foncièrement catholiques, Satan se transforme en une lumière plus douce et apparemment plus acceptable au premier abord. Écoutez bien, mes chers amis, les doucereuses paroles de cet ange déchu : « Il faut », dit-il, « que le règne de Jésus-Christ arrive, non seulement dans les familles, mais aussi dans les écoles. Or l’État a tout ce qu’il faut pour arriver à ce but ; il veut respecter les droits sacrés de la Sainte Église de Dieu et laisser intact le droit des parents et de l’Église. Il n’y a donc pas d’objection que les gouvernants prennent en main le timon des affaires scolaires. » Et le tour est joué.

Voici comment : Il suffirait alors d’un Ministre de l’Instruction publique mal disposé pour tout bouleverser la loi et la rendre persécutrice ; par exemple, il pourrait imposer des livres neutres, et pour ne pas contrarier les protestants, ni les impies, il frapperait au cœur les catholiques qui devraient abaisser leur drapeau devant celui de l’impiété triomphante.

Mes bons amis, il ne faut pas l’oublier, les Charlemagne et les saint Louis sont rares dans le monde gouvernemental. Les dignitaires de la puissance temporelle sont plutôt enclins à imiter les Césars. Vous comprenez ce que l’on entend par là : Les Césars sont présentés dans l’histoire comme les plus cruels des hommes ; Néron est l’un d’eux. Ces tyrans prétendaient avoir l’empire des corps et des âmes. On ne pouvait, sans être persécuté, adorer le vrai Dieu ; il fallait adorer les dieux de l’État, aussi longtemps que le pouvoir a été dans les mains des Césars.

Avec le Labarum, qui est apparu dans les cieux, a commencé une ère de liberté où Dieu a été reconnu par les peuples à mesure qu’ils recevaient la bonne nouvelle de l’Évangile. Après quelques siècles, un cri de désobéissance a retenti dans le monde. C’était l’écho du « Non serviam » de Lucifer. Et le monde est retourné à l’humiliante et cruelle civilisation des Césars. Ceux qui ne voulaient pas accepter la doctrine du nouveau dieu devaient périr.

Les Césars d’aujourd’hui, — et ils sont nombreux, — ont la même prétention que les anciens : commander aux âmes et aux corps. Selon eux, l’enfant, corps et âme, appartient à l’État ; que cet État s’appelle empire, royaume ou république. Histoire en main, on voit que la plupart des gouvernants des peuples, à bien peu d’exceptions près, ont persécuté l’Église du Christ. Jésus a passé en faisant le bien, et il a été persécuté ; l’Église a aussi passé en faisant le bien et elle est persécutée. Notre mère la Sainte Église catholique a une histoire bien glorieuse, mais cette gloire lui a coûté bien du sang et des larmes. Bien des soldats et bien des généraux de son armée militante sont tombés au champ de gloire ; notre mère, la Sainte Église, nous assure qu’ils n’ont que l’apparence de la mort, mais qu’en réalité ces héros ont reçu une nouvelle « naissance » et une vie immortelle de bonheur en récompense de leur brave fidélité à ses enseignements.

Dites, mes bons amis, cela ne vaut-il pas la peine de les imiter et de combattre pour nos écoles jusqu’à la victoire ? L’heure de la victoire appartient à Dieu ; il nous la donnera si nous combattons ; nous la perdrons si nous ne voulons pas prendre les armes de la prière persévérante et de l’action inlassable.

— Mais, me direz-vous, nos gouvernants ne sont pas persécuteurs et un Ministre de l’Instruction ne peut l’être.

— Bien loin de ma pensée de croire pour un instant que nos gouvernants de Québec, par exemple, sont des persécuteurs de l’Église. Mais peut-on en dire autant des gouvernements des autres provinces ? Ne protestent-ils pas contre l’enseignement catholique que chacun de vous est tenu de donner à ses enfants sous peine de damnation ?

Sans doute que nos ministres actuels de la Province de Québec sont presque tous de bons catholiques, mais ne sont-ils pas meilleurs que le gouvernement non-catholique qu’ils représentent ? Et ces ministres le seront-ils encore demain ? Qui de vous peut jurer qu’un catholique de nom seulement ou un protestant, — les deux ne font qu’un, — ne sera jamais nommé ministre de l’Instruction publique pour imposer son programme gouvernemental d’études ?

Quel jour de deuil pour la province de Québec et pour notre Sainte Mère l’Église de Dieu, que celui où l’on verrait nos évêques, que Dieu a envoyés pour enseigner, perdre le contrôle du programme des études à l’usage de leurs enfants spirituels.

Examinons maintenant ce que vaut l’injure adressée à notre clergé de se mêler de politique. Consultons l’histoire de tous les pays et du nôtre en particulier.

Quand avons-nous vu nos évêques envoyer des mandements pour défendre à « nos très chers frères » de voter pour la construction d’un pont, d’un chemin de fer ou l’établissement d’une manufacture ?

Depuis 1900 ans, l’Église catholique prouve au monde étonné que, dans tous les conflits avec les pouvoirs civils, ce n’est pas elle, notre Sainte Mère, qui a provoqué le combat. Elle a dû le subir pour le salut de ses enfants dont elle a protégé l’âme immortelle, en fulminant même des excommunications contre les tentatives de ravissements.

Depuis Hérode jusqu’aux nombreux persécuteurs de ce siècle, la « cité du mal », à l’instigation de Satan, s’est toujours ruée sur « la cité du bien ». Ce sont maintenant les enfants qui servent de cible à ceux qui font l’oeuvre de Satan, le mille fois maudit de Dieu.

L’Église n’intervient jamais dans le cercle des affaires de l’État où celui-ci est maître absolu pour tout ce qui regarde la prospérité, le bonheur matériel des citoyens dont il a la garde. Quand l’État reste chez lui, l’Église est son meilleur et son plus ferme soutien. Elle va même jusqu’à fermer le trésor de ses grâces à ceux qui résistent aux lois édictées par le pouvoir civil agissant dans les limites de la juridiction que Dieu lui a tracée. Mais l’Église ne veut pas que l’État sacrifie au bien-être du corps le bonheur de l’âme, et quand on refuse de reconnaître l’autorité dont elle jouit dans le cercle d’action à elle confié par Jésus-Christ son fondateur, elle fait entendre le « non licet » (ceci n’est pas permis) de saint Jean-Baptiste, défense qui a retenti aux oreilles des tyrans depuis près de 2,000 ans et leur résistance à la voix de Dieu leur a fait sacrifier tant de victimes innocentes.

Mais, mes chers amis, il ne faut pas oublier que le prêtre, sujet dévoué de l’Église, reste citoyen de la patrie. Il peut énoncer son opinion comme vous sur telle et telle mesure, user de son droit de vote. Il a tous les droits d’un citoyen. De même un ministre du gouvernement a tous les droits d’un fidèle et il peut aller à confesse et communier tous les jours s’il le veut. Le prêtre peut avoir une opinion personnelle sur l’opportunité d’une loi et la manifester dans ses rapports amicaux avec ses paroissiens qui peuvent différer d’opinion avec lui. Mais quand il explique du haut de la chaire un commandement de l’évêque, là, il parle comme le représentant de l’Église catholique et vous avez le devoir d’obéir sous peine de péché ou d’en appeler au tribunal de l’évêque ou du Saint-Père, à la décision duquel vous devrez vous soumettre.

Examinons maintenant le cas des curés dans leur conduite à l’égard des écoles mixtes.

Voici des politiciens qui réclament le vote des électeurs pour établir des écoles publiques, sans Dieu, écoles que l’Église a toujours condamnées et qu’elle condamnera toujours. Elle sait que le salut de ses enfants est en danger dans ces écoles. Elle crie alors du haut de toutes ses chaires pastorales, comme autrefois Jean-Baptiste : « Ceci n’est pas permis. »

Maintenant, mes chers amis, la main sur la conscience, dites-moi : Est-ce que l’Église dans ce cas-ci se mêle de religion ou de politique ? Est-ce que les candidats qui veulent de telles écoles se mêlent de religion ou de politique ? Est-ce que ces candidats se mêlent des affaires des autres ou non ? des affaires des parents et de celles de l’Église, par exemple ? Répondez, la main sur la conscience.

L’enfant, disent les méchants, appartient à l’État. C’est un mensonge dont on retrace l’origine jusqu’au fond des enfers. L’enfant appartient par nature à son père et à sa mère. Par privilège, l’enfant baptisé dont l’âme reçoit par le sacrement de baptême une nouvelle naissance devient un héritier avec Jésus-Christ, son frère, de la possession du ciel. C’est là le testament de Dieu, écrit avec le sang de Jésus-Christ. La sublime élévation de cet enfant régénéré, bien loin de l’arracher des bras de ses parents, ne fait que l’attacher plus étroitement aux auteurs de ses jours, comme moyen d’acquérir l’héritage promis. Honore ton père et ta mère », lui dira Dieu qui a daigné le recevoir comme un fils adoptif de sa famille, « si tu veux vivre longtemps en possession du royaume que mon Fils unique a gagné pour toi. »

Non ! mille fois non ! Dieu n’a pas constitué l’État le juge de ce qui doit sauver l’âme de vos enfants. Ce soin appartient à l’Église et aux parents sujets de l’Église. Le sens commun que Dieu a déposé dans nos âmes nous dit que si un père dénaturé laisse mourir son enfant dans les tourments de la faim, ce père est coupable. De même si ce père, dénaturé jusqu’à la dégradation, laisse mourir à Dieu l’âme de son enfant, faute d’un enseignement catholique qui est sa nourriture indispensable, n’est-ce pas le père qui est coupable ? Il s’ensuit donc de là qu’un père et une mère catholiques doivent, en conscience, — s’ils aiment leurs enfants, — leur donner par eux-mêmes ou par d’autres une solide instruction catholique. S’ils ne le font pas, ils deviennent comme Satan les victimes de la malédiction de Dieu. De même que l’État peut punir un père qui laisse mourir son enfant de faim, de même l’Église peut punir ce même père qui laisse mourir à Dieu l’âme de son enfant. Nous disons une solide instruction, car de nos jours le flot envahissant du mensonge veut submerger tous les chemins qui conduisent à la Vérité, à l’Autorité qui est une comme Dieu est un.

Que je voudrais bien vous faire comprendre, mes bons amis, tout le sens profond de ce mot : l’Autorité. La vraie, la réelle autorité, c’est la toute-puissance de Dieu dont il veut bien communiquer une parcelle à ses créatures intelligentes. « Tout pouvoir vient de Dieu, qui est un. Tout pouvoir exercé contre l’enseignement de l’Église est seulement une prétention au pouvoir, comme jadis celle de Satan. »

Notre-Seigneur nous a enseigné de dire : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Quelle prière ! mes bons amis. Ne faisons jamais rien contre l’autorité de Dieu et il n’y aura pas plus de péché sur la terre qu’il n’y en a au ciel. Car la volonté de Dieu est la manifestation de sa puissance et elle demande la soumission de toutes les intelligences, de celle des papes, des évêques, des prêtres, des rois, des parlements, des législateurs de toutes les catégories, des pères et mères de famille et des enfants.

Dieu a manifesté sa volonté dans l’ordre qu’il a établi dans la société. « Deus est ordo. » (Dieu est l’ordre lui-même.) Il veut qu’il y ait des gouvernants et des gouvernés pour le bien du peuple en général. Il donne aux gouvernants une partie de sa puissance et il faut leur obéir comme à Dieu, aussi longtemps qu’ils représenteront Dieu, car ce n’est que comme dépositaires de l’autorité de Dieu qu’ils ont droit de nous commander. Ôtez au roi la couronne que Dieu a placée sur sa tête, il n’a plus le droit de commander, ni à vous, ni à moi, pas plus que le premier venu. Mais que Dieu établisse un homme roi ou président, il devient aussitôt un homme digne de commander, parce que Dieu a prolongé son autorité sur lui. Il peut donc commander d’une autorité réelle, mais d’une autorité qui vient de Dieu. Malheur à celui qui passe son règne à « méditer de vains complots contre la volonté de Dieu. » Mais quand il ordonne quelque chose conforme à la volonté de Dieu, il faut lui obéir comme un bon fils obéit à son père.

Puisque l’occasion se présente, mes chers compatriotes, voyons tous les maux qu’ont attirés sur le monde les désobéissances à l’autorité de Dieu, la source de tous les droits. Remarquez bien ce mot, s’il vous plaît. Empereurs, rois, gouvernements, fondateurs de fausses religions ont changé tout cela. Pour eux le droit tire son origine de leur volonté capricieuse et changeante. « Ainsi je le veux, ainsi je l’ordonne », répétait l’infâme Luther : « que ma volonté tienne lieu de raison ». Il a fait école. Des puissants de ce monde se sont rués contre nos frères les catholiques. Tout ce qui sentait le catholique était honni, conspué. Au lieu de ne prêcher qu’une seule religion, on proclame bien haut que tout homme a le droit de faire sa religion et que la religion de sa volonté est la vraie religion de Dieu. Alors, mes chers amis, chacun devient libre de créer un Dieu à son image, d’après le travers de son esprit.

Mais tous s’accordèrent à créer un dieu ennemi juré du Bon Dieu. Leur dieu, surtout, n’a créé ni enfer, ni purgatoire. Que chacun fasse comme il l’entend : c’est là le seul ciel qu’ils désirent en ce monde… et en l’autre, si toutefois il y a un autre monde, ce dont doutent des milliers de personnes. Il n’y a plus d’enfer. Alors faisons les lois que nous voulons et laissons radoter le Pape et les évêques à qui Jésus a dit : « Allez et enseignez toutes les nations ».

Rien de plus triste, mes bons amis, que de voir depuis près de deux siècles que ceux qui font des lois cherchent à détruire le règne de Jésus-Christ qu’ils considèrent être un étranger, plus que cela, un ennemi pour les gouvernements de ce monde. Dans la confection des lois on ne s’occupe pas plus du bon Dieu que s’il n’existait pas. On a horreur de prononcer son saint nom dans les assemblées législatives, les uns par haine, d’autres par honte, d’aucuns parce que ce n’est pas opportun pour le moment d’essayer à prendre la part de Dieu. Et la conséquence est que l’on a détruit le prestige de l’autorité, le plus grand mal social qui puisse se commettre, parce que Dieu est le fondement nécessaire sur lequel s’appuie l’autorité. Pas d’autorité, il n’y a plus de religion, plus de famille, plus de patrie. Le socialisme, système politique qui n’a à proprement parler ni queue ni tête puisqu’il ne reconnaît pas d’autorité, en est rendu à ce degré humiliant pour la société humaine. Voyez ce que font les Bolchevistes en Russie, le pays où les catholiques ont été le plus persécutés.

Aujourd’hui on se tourne vers l’Église, lui demandant de sauver la société. Elle va répondre à cet appel et la sauver, car elle seule a la force de résister à l’assaut formidable de destruction que vont faire les victimes de ceux qui ont semé le vent de désobéissance satanique contre l’Église de Dieu. Les gouvernements ont excité les peuples à mépriser l’Église catholique, notre mère, dans ses enseignements. Ils ont laissé les démons de l’argent s’engraisser des sueurs du pauvre, ont fait des lois pour que les riches devinssent plus riches et les pauvres plus pauvres. Bien peu ont permis aux pauvres de recueillir les miettes tombées de la table du festin. Le capital vivant, comme l’appelle le Cardinal Manning, a réclamé sa part du capital mort (l’argent), des salaires plus élevés. Qui dira que les premières grèves de paisibles ouvriers n’ont pas été raisonnables ? Ils demandaient quelques miettes du superflu dont leurs sueurs avaient été un des facteurs producteurs ; ils demandaient cela à ces gens qui faisaient de grands profits, dus sans doute pour une large part au travail de leur intelligence qui certainement mérite récompense, mais aussi à celui de leurs employés. Ne peut-on pas dire que la classe ouvrière a été provoquée par ceux qui se moquaient des lois divines et papales, et qui enseignaient aux ouvriers à s’en moquer. La réponse à cette désobéissance orgueilleuse a été l’éclosion du socialisme dévastateur pour qui « propriété, c’est le vol ».

Maintenant que nous voyons, — du moins je l’espère, mes chers amis, — les punitions que Dieu inflige à ceux qui suivent les suggestions du Prince du mensonge, Satan, nous allons remercier l’Église catholique au Canada d’avoir préservé de l’enseignement de l’école moderne, du modernisme condamné par le Pape Pie X, notre chère province de Québec, la mère-patrie de tous les vrais Canadiens-français.

De plus, nous sommes tenus en conscience de combattre la propagande des idées socialistes selon la mesure de nos forces. Vos fils, nos journalistes, peuvent nous aider beaucoup en ce sens. L’un des grands moyens de succès est de ne pas vous joindre aux sociétés de travail dont le bureau de direction est entre les mains de gens qui n’aiment pas le Pape et ne le regardent pas comme leur père commun. Un Canadien-français, fils de l’Église, est trop certain du chemin qui le conduit au port pour se livrer à un pilote qui n’a pas de boussole et ira le jeter tôt ou tard sur l’écueil battu par la tempête, bien loin du port. C’est à Pierre et à ses successeurs qu’ont été donnés la boussole et le gouvernail de la barque qui doivent nous conduire à bon port… au port du salut éternel.