Vie de Mohammed/De la proscription

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
Imprimerie royale Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 75-77).

De la proscription.

Six hommes et quatre femmes furent proscrits par le pro. phète. Le premier de tous fut Acrama (129), fils d’Abou- Djahl ; mais sa femme Omm-Hakim ayant demandé sa grâce, il l’obtint et embrassa l’Islamisme. Le second fut Habbar (130), fils d’Assouad. Le troisième Abdallah (131), fils de Saad, fils d’Abou-Sarh, frère de lait d’Othman, fils d’Affan. Ce dernier, s’étant rendu avec lui auprès du prophète, implora sa grâce ; Mohammed garda pendant longtemps le silence, puis enfin il lui pardonna, et Abdallah embrassa l’Islamisme. Le prophète dit alors à ses compagnons : « Je gardais le silence pour P. que l’un de vous se levât et tuât cet homme. » « Nous attendions un signe de ta part, » répondirent-ils. « Il ne convient

  • pas aux prophètes, reprit Mohammed, de faire avec les yeux

« des signes qui seraient une trahison. Cet Abdallah avait déjà embrassé l’Islamisme avant la prise de la Mecque, et ayant été chargé d'écrire les révélations faites au prophète, il les avait altérées, puis il avait apostasié. Il vécut jusqu'au khalifat d'Othman, qui lui confia le gouvernement de l'Égypte. Le quatrième proscrit était Mikyas (132), fils de Dhoubaba : il avait apostasié après avoir tué un Ansarien qui par mégarde avait donné la mort à son frère. Le cinquième était Abdallah (133), fils de Khatal, qui ayant embrassé l'Islamisme avait ensuite tué un Musulman, puis apostasié. Le sixième était Howaireth (134), fils de Nofail, qui avait causé beaucoup de chagrin au prophète par les injures et les satires qu'il débitait contre lui. Ali, fils d'Abou-Taleb, l'ayant rencontré, le tua. La première des femmes comprises dans la proscription fut Hend, femme d'Abou-Sofian, mère de Moawia, la même qui avait déchiré de ses dents le foie de Hamza. Elle se confondit déguisée parmi les femmes des Koreischites et prêta serment d'obéissance au prophète. Lorsqu'il la reconnut, elle lui dit : « Je suis Hend, pardonne ce qui est passé. Et il lui pardonna.

Le jour même de la soumission de la Mecque, lorsque l'heure de la prière de midi fut arrivée, Belal l'annonça du haut de la Caaba. Djowairia, fille d'Abou-Djahl, dit en l'entendant: « Dieu a été miséricordieux envers mon père lorsqu'il n'a point permis qu'il entendit braire Belal au haut de « la Caaba. » Harith, fils de Hescham, dit aussi a Plút à Dieu que je fusse mort avant cet événement!» Khaled, fils d'Acid, rendaît grâces à la clémence de Dieu qui n'avait point voulu que son père fût témoin d'un parcil jour. Au milieu de ces imprécations, le prophète paraissant tout à coup parmi eux leur F. 4 rapporta les propos qu'ils venaient de tenir. Harith, fils de Hescham, lui dit alors: «J'avoue que tu es véritablement le a prophète de Dieu, car personne n'a pu connaitre ce que nous disions de manière à ce que nous puissions croire qu'on te l'a rapporté. » Parmi le nombre des femmes pros- crites, se trouvait aussi Sara, affranchie des Benou-Haschem, la même qui s'était chargée de porter aux Koreischites la lettre de Hatch.


(129) Cet Acrame fut dans la suite un des plus vaillants guerriers des armées musulmanes : il périt au combat de Bermouk, l’an 12 de l’hégire, sous le khalifat d’Abou-Bekr, et l’on trouva sur le champ de bataille son corps percé de plus de soixante-dix blessures. (Extrait du Kitab essafoua, par Gagnier, p. 109.)


(130) Habbar, qui avait oflensé le prophète par des chansons satiriques, se dérobe avec tant de soin à toutes recherches, qu’il fut impossible de le trouver. Plus tard, conduit par le repentir, il se rendit à Médine, et ayant embrassé l’Islamisme, il se présenta devant Mahomet, el implora le pardon de ses offenses, Je te pardonne, répondit le prophète : car l’Islamisme efface toutes les fantes qu’on a pu commettre jusqu’au moment où on l’embrasse. (Gagnier, L. L.)

(131) Abd-allah était l’un des meilleurs cavaliers de son temps ; il poussait la passion des chevaux à un tel point, qu’étant près de mourir, à Ramla, en Palestine, l’an 36 de l’hégire, il récita la centième sourale qui a pour titre : العاديات les Coursiers. (Gagnier, I. 1.)

(132) Mikyas. Voyez p. 57, le récit de ses crimes et de son apostasie. L’auteur du livre intitulé Maalem el Tanzil معالم التنزيل raconte, dit Gagnier, p. 10g, que Mikyas s’étant retiré avec une troupe d’idolâtres après la prise de la ville, et étant occupé à boire du vin, il fut trouvé par Tamila, fils d’Abd-allah, des Benou-Laith, qui le mit à mort.

(133) Cet Abd-allali, qui était de la tribu des Benon-Taini ben-Ghaleb, avait été se réfugier sous la tenture de la Caaba, où il espérait échapper à tous les regards ; mais tandis que le prophète accomplissait les tournées saintes, quelqu’un lui dit : Voici Abd-allah, fils de Kiatal, qui s’est caché sous la couverture du temple : Tuez-le, répondit le pro- phète ; et cet ordre fut exécuté sur-le-champ. (Gagnier, p. 110.)

(134) Howajreth était fils de Nofail, fils de Wahlb, fils d’Abd, fils de Kossay. Outre les satires qu’il avait composées contre le prophète, il avait vivement offensé deux de ses filles, Fatima, et Omm-Kolthoum ; les ayant rencontrées qui se rendaient de la Mecque à Médine, eu com- pagnie de leur oncle Abbas, il les poussa si violemment qu’il les jeta à terre. (Voyez Gagnier, d’après le témoignage d’Ebn-Ilescham, p. 110.)