Vie de Mohammed/Expédition de Khaled, fils de Walid, contre les Benou-Djadhima

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Expédition de Khaled, fils de Walid, contre les Benou-Djadhima

Lorsque le prophète se fut rendu maître de la Mecque, il envoya de différents côtés des partis de cavalerie chargés de convertir les tribus à l'Islamisme, et voulut que leur mission fut toute pacifique. Les Benou-Djadhima, avant la naissance de l'Islamisme, avaient tué Aouf, père d'Abd-er-Rahman, ainsi que l'oncle de Khaled, fils de Walid, à leur retour de l'Yemen, puis les avaient dépouillés de ce qu'ils portaient avec eux. Or, parmi les détachements envoyés par le prophète, il y en avait un commandé par Khaled, fils de Walid. I vint camper auprès d'une source appartenant aux Benou-Djadhima. Les guerriers de cette tribu étant venus à sa rencontre préparés au combat, il les engagea à déposer leurs armes et à embrasser l'Islamisme comme les autres. Ils le firent, mais aussitôt il leur fit lier les bras derrière le dos et les livra au fer de ses soldats qui en tuèrent un grand nombre. Quand le prophète apprit cette action de Khaled, il leva ses mains vers le ciel en sorte qu'on voyait ses aisselles, et il s'écria : «O mon Dieu, je suis innocent envers toi de ce qu'a « fait Khaled. Ensuite il envoya vers la tribu offensée, Ali porteur de richesses qu'il devait distribuer parmi eux pour acquitter le prix du sang et remplacer les biens qu'ils avaient perdus. Ali s'acquitta de son message, puis il leur demanda s'il restait encore quelque dette de sang à acquitter, quelques richesses à leur rendre. Ils répondirent que non, et le fils d’Abou-Taleb, auquel il restait encore quelque argent sur celui qu’il avait eu à leur distribuer, le leur donna en sus de ce qui leur était dû, afin d’adoucir leurs peines. Abd-er-Rahman, fils d’Aouf, reprocha cette action à Khaled qui lui dit : « J’ai voulu venger ton père. » « Dis plutôt, reprit Abd-er-Rahman, que tu as vengé ton oncle Fakeh, et que tu as commis aux temps de l’Islamisme une action digne des ténèbres du paganisme. » Le prophète, lorsqu’il apprit cette altercation, dit à Khaled « N’entre pas en discussion avec mes compagnons, ô Khaled ; car, certes, quand tu aurais autant d’or « qu’il en faudrait pour égaler la montagne d’Ohod et que tu « l’emploierais au service du Seigneur, tu n’atteindrais pas au e mérite d’un de leurs soirs ou d’un de leurs matins. »