Vie et opinions de Tristram Shandy/3/20

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome troisième. Tome quatrièmep. 74-75).



CHAPITRE XX.

Complices découverts.


Le caporal pâlit d’effroi quand Suzanne lui raconta l’accident de la fenêtre, avec toutes les circonstances de ce meurtre (car c’est ainsi qu’elle l’appelloit). Comme dans les affaires de cette nature, ce sont souvent les complices qui sont tout, la conscience de Trim l’avertit qu’il étoit aussi coupable que Suzanne ; — et, suivant ce principe, mon oncle Tobie avoit autant de part au meurtre que chacun d’eux. — Ainsi la raison ni l’instinct, ensemble ou séparés, ne pouvoient avoir guidé les pas de Suzanne vers un asile plus propice.

Je pourrois laisser cette énigme à deviner au lecteur ; mais pour former seulement une hypothèse un peu vraisemblable, il faudroit qu’il se cassât la tête pendant trois semaines ; à moins qu’il ne fût doué d’une sagacité que lecteur n’a jamais eue. — Je ne veux pas le mettre à cette épreuve, ou plutôt à cette torture ; et comme l’affaire me regarde seul, c’est à moi seul de l’expliquer.