Vie et opinions de Tristram Shandy/4/9

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Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome troisième. Tome quatrièmep. 25-26).



CHAPITRE IX.

Suite de l’Histoire de l’Abbesse des Andouillettes.


« Nous sommes perdues, mon enfant, dit l’abbesse à Marguerite. — Nous passerons la nuit ici. — Nous serons volées. — Nous serons violées. —

Oh ! dit Marguerite, il est très-sûr que nous serons violées. —

Sainte Marie, s’écria l’abbesse, (sans ajouter l’interjection ô,) eh ! qu’étoit-ce qu’un anchylose ! Pourquoi ai-je quitté le couvent des Andouillettes ? — Vierge sainte, pourquoi n’as-tu pas permis que ta servante descendît impollue dans la tombe ? —

Ô mon doigt, mon doigt ! s’écria Marguerite, prenant feu au mot de servante ! Pourquoi ne me suis-je pas contentée de le fourrer ici et là, et enfin par tout ailleurs que dans ce défilé ? —

Défilé, mon enfant, s’écria l’abbesse ! —

Défilé, ma chère mère, dit la novice. — » La frayeur leur avoit tourné la tête. L’une ne savoit ce qu’elle disoit, ni l’autre ce qu’elle répondoit.

« Ô ma virginité, ma virginité, s’écrioit l’abbesse ! —

Virginité — ginité, disoit la novice en sanglottant. — »