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Vingt-quatre heures d’une femme sensible/Lettre 08

La bibliothèque libre.
Librairie de Firmin Didot Frères (p. 44-45).
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LETTRE VIII.

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Chère âme de ma vie, Charles ne peut tarder. Je m’enivre déjà du bonheur que je vais goûter, et je ne puis penser à autre chose. Je suis heureuse, heureuse comme je dois l’être, la plus heureuse des femmes. Ton billet du matin manque seul, dans ce moment, à ma félicité. Ah ! comme ma main va trembler de joie en le recevant ! comme je vais me hâter de me dérober à tous les regards pour qu’aucun œil profane ne saisisse sur mon front les sensations qu’il va me faire éprouver ! car ne crois pas que dans mon emportement j’irai le lire avec avidité : après en avoir regardé rapidement la dernière ligne, je me retirerai dans ce cabinet où j’ai reçu tes premiers serments ; j’en fermerai la porte avec soin ; je me placerai dans le siége que tu occupes ordinairement près de moi, et là, toute entière à l’amour, je savourerai lentement et avec délices le charme de chacune de tes douces paroles ; je me plairai à contempler ces caractères tracés par ta main, à toucher ce papier que tu auras touché ; je le presserai sur mon cœur, sur mes lèvres brûlantes, et, relisant cent fois les expressions de ta tendresse, je prolongerai ainsi mon illusion jusqu’au moment désiré qui te ramènera enfin près de moi.

Je crois entendre la voix de Charles.

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