Virelays/X

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Virelays, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 111-112).

X


Très doulz ami, or t’en souviegne
Que au Jour d’ui je te retien
Pour mon ami, et aussi mien
Vueil je que tout ton cuer deviegne ;

Car c’est la guise, et bien i’entens,
Entre les amans ordennée,
Que le premier jour du printemps
On retiengne ami pour l’année.

A celle fin que l’amour tiegne
Un chappellet vert fait très bien ;
On doit donner cliascun le sien,
Tant que l’autre année reviegne
Très doulx ami, or t’en souviegne.

Si t’ay choisi et bien attens ;
Car m’amour te sera donnée ;
Grant peine as souffert, mais par temps
Te sera bien guerre donnée.

Afin que la guise maintiengne
Le jour Saint Valentin, or tien
Mon chappellet, mais ça le tien,

Je t’ameray, quoy qu’il aviegne,[1]
Très doulx ami, or t’en souviegne.

  1. X. — 21 A1 B Je t’aimeray