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Visions gaspésiennes/17

La bibliothèque libre.
Imprimerie du Devoir (p. 13-14).


LA GASPÉSIE


N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Où sauvage et doux est le vent,
Où le chêne pousse souvent
Parmi les fleurs de la prairie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Ses forêts vierges et ses monts,
Ses mariniers, ses goëmons,
Et sa claire mélancolie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Où le passé de nos aïeux,
Et leurs récits mystérieux
Charment la jeunesse jolie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Où les ancêtres — des marins ! —
Reviennent, par les soirs sereins,
Chanter leur douce mélodie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?


N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Son large golfe et son « rocher »,
Où le soleil vient se coucher,
Chaque soir, dans une féerie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Son roc immuable et changeant,
Sa grève d’or, son flot d’argent,
Et leur sublime frénésie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Terre de la virilité,
De la fantastique beauté,
Et de la rude poésie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Où, jadis, le noble Cartier
Déploya l’étendard altier
De la vieille France chérie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?

N’as-tu pas vu la Gaspésie,
Notre Bretagne, où « l’adieu-va ! »
Résonne aussi quand l’homme va
Sombrer dans la vague en furie :
N’as-tu pas vu la Gaspésie ?