Voyage en Amérique (Chateaubriand)/Conclusion - États-Unis

La bibliothèque libre.
Garnier frères (Œuvres complètes, tome 6p. 205-212).

CONCLUSION.

ÉTATS-UNIS.

Si je revoyois aujourd’hui les États-Unis, je ne les reconnoîtrois plus : là où j’ai laissé des forêts, je trouverois des champs cultivés ; là où je me suis frayé un chemin à travers les halliers, je voyagerois sur de grandes routes. Le Mississipi, le Missouri, l’Ohio, ne coulent plus dans la solitude ; de gros vaisseaux à trois mâts les remontent, plus de deux cents bateaux à vapeur en vivifient les rivages. Aux Natchez, au lieu de la hutte de Céluta, s’élève une ville charmante d’environ cinq mille habitants. Chactas pourroit être aujourd’hui député au congrès et se rendre chez Atala par deux routes, dont l’une mène à Saint-Étienne, sur le Tumbec-bee, et l’autre aux Natchitochès : un livre de poste lui indiqueroit les relais au nombre de onze : Washington, Franklin, Homochitt, etc.

L’Alabama et le Tennessée sont divisés, le premier en trente-trois comtés, et il contient vingt-et-une villes ; le second en cinquante-et-un comtés, et il renferme quarante-huit villes. Quelques-unes de ces villes, telles que Cahawba, capitale de l’Alabama, conservent leur dénomination sauvage, mais elles sont environnées d’autres villes différemment désignées : il y a chez les Muscogulges, les Siminoles, les Chéroquois et les Chicassais, une cité d’Athènes, une autre de Marathon, une autre de Carthage, une autre de Memphis, une autre de Sparte, une autre de Florence, une autre d’Hampden, des comtés de Colombie et de Marengo : la gloire de tous les pays a placé un nom dans ces mêmes déserts où j’ai rencontré le père Aubry et l’obscure Atala.

Le Kentucky montre un Versailles ; un comté appelé Bourbon a pour capitale Paris. Tous les exilés, tous les opprimés qui se sont retirés en Amérique, y ont porté la mémoire de leur patrie.

....Falsi Simoentis ad undam
Libabat cineri Andromache.

Les États-Unis offrent donc dans leur sein, sous la protection de la liberté, une image et un souvenir de la plupart des lieux célèbres de l’ancienne et de la moderne Europe, semblables à ce jardin de la campagne de Rome où Adrien avoit fait répéter les divers monuments de son empire.

Remarquons qu’il n’y a presque point de comtés qui ne renferment une ville, un village ou un hameau de Washington, touchante unanimité de la reconnoissance d’un peuple.

L’Ohio arrose maintenant quatre États : le Kentucky, l’Ohio proprement dit, l’Indiana et l’Illinois. Trente députés et huit sénateurs sont envoyés au congrès par ces quatre États. La Virginie et le Tennessée touchent l’Ohio sur deux points ; il compte sur ses bords cent quatrevingt-onze comtés et deux cent huit villes. Un canal que l’on creuse au partage de ses rapides, et qui sera fini dans trois ans, rendra le fleuve navigable pour de gros vaisseaux jusqu’à Pittsbourg.

Trente-trois grandes routes sortent de Washington, comme autrefois les voies romaines partoient de Rome, et aboutissent, en se partageant, à la circonférence des États-Unis. Ainsi on va de Washington à Dover, dans la Delaware ; de Washington à la Providence, dans le Rhode-lsland ; de Washington à Robbinstown, dans le district du Maine, frontière des États britanniques au nord ; de Washington à Concorde ; de Washington à Montpellier, dans le Connecticut ; de Washington à Albany, et de là à Montréal et à Québec ; de Washington au Havre de Sackets, sur le lac Ontario ; de Washington à la chute et au fort de Niagara ; de Washington, par Pittsbourg, au détroit et à Michilimakinac, sur le lac Érié ; de Washington, par Saint-Louis sur le Mississipi, à Councile-Bluffs du Missouri ; de Washington à la Nouvelle-Orléans et à l’embouchure du Mississipi ; de Washington aux Natchez ; de Washington à Charlestown, à Savannah et à Saint-Augustin, le tout formant une circulation intérieure de routes de vingt-cinq mille sept cent quarante-sept milles.

On voit, par les points où se lient ces routes, qu’elles parcourent des lieux naguère sauvages, aujourd’hui cultivés et habités. Sur un grand nombre de ces routes, les postes sont montées : des voitures publiques vous conduisent d’un lieu à l’autre à des prix modérés. On prend la diligence pour l’Ohio ou pour la chute de Niagara, comme, de mon temps, on prenoit un guide ou un interprète indien. Des chemins de communication s’embranchent aux voies principales, et sont également pourvus de moyens de transport. Ces moyens sont presque toujours doubles ; car des lacs et des rivières se trouvant partout, on peut voyager en bateaux à rames et à voiles, ou sur des bateaux à vapeur.

Des embarcations de cette dernière espèce font des passages réguliers de Boston et de New-York à la Nouvelle-Orléans ; elles sont pareillement établies sur le lac du Canada, l’Ontario, l’Érié, le Michigan, le Champlain, sur ces lacs où l’on voyoit à peine il y a trente ans quelques pirogues de sauvages, et où des vaisseaux de ligne se livrent maintenant des combats.

Les bateaux à vapeur aux États-Unis servent non-seulement au besoin du commerce et des voyageurs, mais on les emploie encore à la défense du pays : quelques-uns d’entre eux, d’une immense dimension, placés à l’embouchure des fleuves, armés de canons et d’eau bouillante, ressemblent à la fois à des citadelles modernes et à des forteresses du moyen âge.

Aux vingt-cinq mille sept cent quarante-sept milles de routes générales, il faut ajouter l’étendue de quatre cent dix-neuf routes cantonales, et celle de cinquante-huit mille cent trente-sept milles de routes d’eau. Les canaux augmentent le nombre de ces dernières routes : le canal de Middlesex joint le port de Boston avec la rivière Merrimack ; le canal Champlain fait communiquer ce lac avec les mers canadiennes ; le fameux canal Érié, ou de New-York, unit maintenant le lac Érié à l’Atlantique ; les canaux Sautee, Chesapeake et Albemarne sont dus aux États de la Caroline et de la Virginie ; et comme de larges rivières, coulant en diverses directions, se rapprochent par leurs sources, rien de plus facile que de les lier entre elles. Cinq chemins sont déjà connus pour aller à l’océan Pacifique ; un seul de ces chemins passe à travers le territoire espagnol.

Une loi du congrès de la session de 1824 à 1825 ordonne l’établissement d’un poste militaire à l’Orégon. Les Américains, qui ont un établissement sur la Colombia, pénètrent ainsi jusqu’au grand Océan, entre les Amériques angloise, russe et espagnole, par une zone de terre d’à peu près six degrés de large.

Il y a cependant une borne naturelle à la colonisation. La frontière des bois s’arrête à l’ouest et au nord du Missouri, à des steppes immenses qui n’offrent pas un seul arbre, et qui semblent se refuser à la culture, bien que l’herbe y croisse abondamment. Cette Arabie verte sert de passage aux colons qui se rendent en caravanes aux montagnes Rocheuses et au Nouveau-Mexique ; elle sépare les États-Unis de l’Atlantique des États-Unis de la mer du Sud, comme ces déserts qui, dans l’Ancien Monde, disjoignent des régions fertiles. Un Américain a proposé d’ouvrir à ses frais un grand chemin ferré, depuis Saint-Louis sur le Mississipi jusqu’à l’embouchure de la Colombia, pour une concession de dix milles en profondeur qui lui seroit faite par le congrès, des deux côtés du chemin : ce gigantesque marché n’a pas été accepté.

Dans l’année 1789 il y avoit seulement soixante-quinze bureaux de poste aux États-Unis : il y en a maintenant plus de cinq mille.

De 1790 à 1795 ces bureaux furent portés de soixante-quinze à quatre cent cinquante-trois ; en 1800 ils étoient au nombre de neuf cent trois ; en 1805 ils s’élevoient à quinze cent cinquante-huit ; en 1810, à deux mille trois cents ; en 1815, à trois mille ; en 1817, à trois mille quatre cent cinquante-neuf ; en 1820, à quatre mille trente ; en 1825, à près de cinq mille cinq cents.

Les lettres et dépêches sont transportées par des malles-poste, qui font environ cent cinquante milles par jour, et par des courriers à cheval et à pied.

Une grande ligne de malles-poste s’étend depuis Anson, dans l’État du Maine, par Washington, à Nashville, dans l’État du Tennessée : distance, quatorze cent quarante-huit milles. Une autre ligne joint Highgate, dans l’État de Vermont, à Sainte-Marie en Géorgie : distance, treize cent soixante-neuf milles. Des relais de malles-poste sont montés de Washington à Pittsbourg ; distance, deux cent vingt-six milles ; ils seront bientôt établis jusqu’à Saint-Louis du Mississipi, par Vincennes, et jusqu’à Nashville, par Lexington, Kentucky. Les auberges sont bonnes et propres, et quelquefois excellentes.

Des bureaux pour la vente des terres publiques sont ouverts dans les États de l’Ohio et d’Indiana, dans le territoire du Michigan, du Missouri et des Arkansas, dans les États de la Louisiane, du Mississipi et de l’Alabama. On croit qu’il reste plus de cent cinquante millions d’acres de terre propre à la culture, sans compter le sol des grandes forêts. On évalue ces cinquante millions d’acres à environ un milliard cinq cents millions de dollars, estimant les acres l’un dans l’autre à 10 dollars, et n’évaluant le dollar qu’à 3 fr. ; calcul extrêmement foible sous tous les rapports.

On trouve dans les États du nord vingt-cinq postes militaires, et vingt-deux dans les États du midi.

En 1790, la population des États-Unis étoit de trois millions neuf cent vingt-neuf mille trois cent vingt-six habitants ; en 1800 elle étoit de cinq millions trois cent cinq mille six cent soixante-six ; en 1810, de sept millions deux cent trente-neuf mille neuf cent trois ; en 1820, de neuf millions six cent neuf mille huit cent vingt-sept. Sur cette population il faut compter un million cinq cent trente-un mille quatre cent trente-six esclaves.

En 1790, l'ohio, l’Indiana, l’Illinois, l’Alabama, le Mississipi, le Missouri, n’avoient pas assez de colons pour qu’on les pût recenser. Le Kentucky seul en 1800 en présentoit soixante-treize mille six cent soixante-dix-sept, et le Tennessée trente-cinq mille six cent quatre-vingt-onze. L’Ohio, sans habitants en 1790, en comptoit quarante-cinq mille trois cent soixante-cinq en 1800 ; deux cent trente mille sept cent soixante en 1810, et cinq cent quatre-vingt-un mille quatre cent trente-quatre en 1820 ; l’Alabama de 1810 à 1820 est monté de dix mille habitants à cent vingt-sept mille neuf cent un.

Ainsi, la population des États-Unis s’est accrue de dix ans en dix ans, depuis 1790 jusqu’à 1820, dans la proportion de trente-cinq individus sur cent. Six années sont déjà écoulées des dix années qui se compléteront en 1830, époque à laquelle on présume que la population des États-Unis sera à peu près de douze millions huit cent soixante-quinze mille âmes ; la part de l’Ohio sera de huit cent cinquante mille habitants, et celle du Kentucky de sept cent cinquante mille.

Si la population continuoit à doubler tous les vingt-cinq ans, en 1855 les États-Unis auroient une population de vingt-cinq millions sept cent cinquante mille âmes : et vingt-cinq ans plus tard, c’est-à-dire en 1880, cette population s’élèveroit au-dessus de cinquante millions.

En 1821, le produit des exportations des productions indigènes et étrangères des États-Unis a monté à la somme de 64,974,382 dollars ; le revenu public dans la même année s’est élevé à 14,264,000 dollars ; l’excédant de la recette sur la dépense a été de 3,334,826 dollars. Dans la même année encore, la dette nationale étoit réduite à 89,204,236 dollars.

L’armée a été quelquefois portée à cent mille hommes : onze vaisseaux de ligne, neuf frégates, cinquante bâtiments de guerre de différentes grandeurs, composent la marine des États-Unis.

Il est inutile de parler des constitutions des divers États ; il suffit de savoir qu’elles sont toutes libres.

Il n’y a point de religion dominante ; mais chaque citoyen est tenu de pratiquer un culte chrétien : la religion catholique fait des progrès considérables dans les États de l’ouest.

En supposant, ce que je crois la vérité, que les résumés statistiques publiés aux États-Unis soient exagérés par l’orgueil national, ce qui resteroit de prospérité dans l’ensemble des choses seroit encore digne de toute notre admiration.

Pour achever ce tableau surprenant, il faut se représenter les villes comme Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, Savannah, la Nouvelle-Orléans, éclairées la nuit, remplies de chevaux et de voitures, offrant toutes les jouissances du luxe qu’introduisent dans leurs ports des milliers de vaisseaux ; il faut se représenter ces lacs du Canada, naguère si solitaires, maintenant couverts de frégates, de corvettes, de cutters, de barques, de bateaux à vapeur, qui se croisent avec les pirogues et les canots des Indiens, comme les gros navires et les galères avec les pinques, les chaloupes et les caïques dans les eaux du Bosphore. Des temples et des maisons embellis de colonnes d’architecture grecque s’élèvent au milieu de ces bois, sur le bord de ces fleuves antiques ornements du désert. Ajoutez à cela de vastes collèges, des observatoires élevés pour la science dans le séjour de l’ignorance sauvage, toutes les religions, toutes les opinions vivant en paix, travaillant de concert à rendre meilleure l’espèce humaine et à développer son intelligence : tels sont les prodiges de la liberté.

L’abbé Raynal avoit proposé un prix pour la solution de cette question : « Quelle sera l’influence de la découverte du Nouveau Monde sur l’Ancien Monde ? »

Les écrivains se perdirent dans des calculs relatifs à l’exportation et l’importation des métaux, à la dépopulation de l’Espagne, à l’accroissement du commerce, au perfectionnement de la marine : personne, que je sache, ne chercha l’influence de la découverte de l’Amérique sur l’Europe dans l’établissement des républiques américaines. On ne voyoit toujours que les anciennes monarchies à peu près telles qu’elles étoient, la société stationnaire, l’esprit humain n’avançant ni ne reculant ; on n’avoit pas la moindre idée de la révolution qui dans l’espace de quarante années s’est opérée dans les esprits.

Le plus précieux des trésors que l’Amérique renfermoit dans son sein, c’étoit la liberté ; chaque peuple est appelé à puiser dans cette mine inépuisable. La découverte de la république représentative aux États-Unis est un des plus grands événements politiques du monde. Cet événement a prouvé, comme je l’ai dit ailleurs, qu’il y a deux espèces de liberté praticables : l’une appartient à l’enfance des peuples ; elle est fille des mœurs et de la vertu : c’étoit celle des premiers Grecs et des premiers Romains, c’étoit celle des sauvages de l’Amérique ; l’autre naît de la vieillesse des peuples ; elle est fille des lumières et de la raison : c’est cette liberté des États-Unis, qui remplace la liberté de l’Indien. Terre heureuse, qui, dans l’espace de moins de trois siècles a passé de l’une à l’autre liberté presque sans effort, et par une lutte qui n’a pas duré plus de huit années !

L’Amérique conservera-t-elle sa dernière espèce de liberté ? Les États-Unis ne se diviseront-ils pas ? N’aperçoit-on pas déjà les germes de ces divisions ? Un représentant de la Virginie n’a-t-il pas déjà soutenu la thèse de l’ancienne liberté grecque et romaine avec le système d’esclavage, contre un député du Massachusetts qui défendoit la cause de la liberté moderne sans esclaves, telle que le christianisme l’a faite ?

Les États de l’ouest, en s’étendant de plus en plus, trop éloignés des États de l’Atlantique, ne voudront-ils pas avoir un gouvernement à part ?

Enfin, les Américains sont-ils des hommes parfaits ? n’ont-ils pas leurs vices comme les autres hommes ? sont-ils moralement supérieurs aux Anglois, dont ils tirent leur origine ? Cette émigration étrangère, qui coule sans cesse dans leur population de toutes les parties de l’Europe, ne détruira-t-elle pas à la longue l’homogénéité de leur race ? L’esprit mercantile ne les dominera-t-il pas ? L’intérêt ne commence-t-il pas à devenir chez eux le défaut national dominant ?

Il faut encore le dire avec douleur : l’établissement des républiques du Mexique, de la Colombie, du Pérou, du Chili, de Buenos-Ayres, est un danger pour les États-Unis. Lorsque ceux-ci n’avoient auprès d’eux que les colonies d’un royaume transatlantique, aucune guerre n’étoit probable. Maintenant des rivalités ne naîtront-elles point entre les anciennes républiques de l’Amérique septentrionale et les nouvelles républiques de l’Amérique espagnole ? Celles-ci ne s’interdiront-elles pas des alliances avec des puissances européennes ? Si de part et d’autre on couroit aux armes ; si l’esprit militaire s’emparoit des États-Unis, un grand capitaine pourroit s’élever : la gloire aime les couronnes ; les soldats ne sont que de brillants fabricants de chaînes, et la liberté n’est pas sûre de conserver son patrimoine sous la tutelle de la victoire.

Quoi qu’il en soit de l’avenir, la liberté ne disparoîtra jamais tout entière de l’Amérique ; et c’est ici qu’il faut signaler un des grands avantages de la liberté fille des lumières sur la liberté fille des mœurs.

La liberté fille des mœurs périt quand son principe s’altère, et il est de la nature des mœurs de se détériorer avec le temps.

La liberté fille des mœurs commence avant le despotisme aux jours d’obscurité et de pauvreté ; elle vient se perdre dans le despotisme et dans les siècles d’éclat et de luxe.

La liberté fille des lumières brille après les âges d’oppression et de corruption ; elle marche avec le principe qui la conserve et la renouvelle ; les lumières dont elle est l’effet, loin de s’affaiblir avec le temps, comme les mœurs qui enfantent la première liberté, les lumières, dis-je, se fortifient au contraire avec le temps : ainsi elles n’abandonnent point la liberté qu’elles ont produite ; toujours auprès de cette liberté, elles en sont à la fois la vertu générative et la source intarissable.

Enfin, les États-Unis ont une sauvegarde de plus : leur population n’occupe pas un dix-huitième de leur territoire. L’Amérique habite encore la solitude ; longtemps encore ses déserts seront ses mœurs, et ses lumières sa liberté.

Je voudrois pouvoir en dire autant des républiques espagnoles de l’Amérique. Elles jouissent de l’indépendance ; elles sont séparées de l’Europe : c’est un fait accompli, un fait immense sans doute dans ses résultats, mais d’où ne dérive pas immédiatement et nécessairement la liberté.