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Voyage en France 9/VIII

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VIII

URIAGE, LE PONT DE CLAIX

La vallée de Vaulnaveys. — Uriage. — Le Maupas. — De Grenoble au Pont-de-Claix. — Le pont de Claix. — Souvenir de Mandrin. — Le Drac et la Romanche. — La légende de Lesdiguières. — Séchilienne. — Entrée dans l’Oisans.

Séchilienne, mai.

Le petit chemin de fer, ou tramway, comme on appelle ici la ligne des voies ferrées du Dauphiné, dessert par un embranchement la riante vallée de Vaulnaveys : il y pénètre en empruntant le tunnel creusé sous le rocher du château du Roi à Vizille. Des champs de maïs, des prés, des vignes, de jolis ruisseaux couvrent ce beau pli des Alpes enfermé entre les hautes croupes boisées de Prémol et les collines assez arides de Brié. Bientôt on est en vue des Vaulnaveys. Ces deux villages sont devenus des centres de villégiature ; Vaulnaveys-le-Haut, voisin des bains d’Uriage, est une sorte d’annexe de cette station ; les hôtels et les villas y sont nombreux. Dans ma jeunesse déjà, le bourg commençait à se poser en station balnéaire ; je me souviens d’une voiture d’hôtel dont l’inscription faisait nos délices ; elle portail, au-dessous du nom de l’hôtelier, ces mots : « à Veau navet » ; c’était fort culinaire, si c’était mal orthographié. L’autre village, Vaulnaveys-le-Bas, est en réalité situé six cents mètres au-dessus de l’autre, du Haut, à près de mille mètres d’altitude, non loin de la forêt de Prémol, une des plus belles des Alpes, qui couvre le flanc de Chamrousse, superbe montagne surmontée d’une croix, d’où la vue est merveilleuse et que sillonnent de profonds ravins où dorment des laguets.

Entre les prés et les coteaux couverts de belles maisons blanches, auberges ou villas, court la route, suivie sur les accotements par le chemin de fer ; on atteint bientôt l’établissement d’Uriage. Au premier plan, un château féodal commande la vallée ; au-dessous s’étend un beau parc, de vastes bâtiments d’une ordonnance sobre et élégante à la fois : c’est Uriage, un des établissements de bains les plus justement réputés de notre pays, malgré l’origine assez récente de sa célébrité. Les Romains, ces grands baigneurs, les connaissaient, mais, comme presque partout, les invasions des Barbares avaient détruit les thermes luxueux où les riches Gallo-Romains de Cularo ou Gratianopolis, devenue Grenoble, venaient se délasser. La vertu des eaux d’Uriage resta cependant connue longtemps encore, jusqu’au jour où un seigneur du lieu, ennuyé de voir accourir près de son château une foule de gens affligés de maladies de peau, d’écrouelles, etc., fit achever l’œuvre des barbares et resta enfin maître chez lui. On ne connut plus la source que par son goût salé : les habitants l’appelaient la Sauce.

Au milieu du siècle dernier, on découvrit à ces eaux salines des qualités purgatives ; alors on accourut de Grenoble s’abreuver au ruisseau qui coulait dans le marais. Le fermier d’un domaine voisin, les Alberges, nommé Brun, installa une sorte d’hôtel où les malades trouvaient un gîte. Cet embryon d’établissement existait encore après la Révolution ; il appartenait à M. Claude Porter, père de Casimir Perler, et arrière grand-père du cinquième Président de la République. Sous la Restauration, la source appartenait à la marquise de Gautheron ; le préfet de l’Isère, le baron d’Haussez, à qui le département doit beaucoup, lui conseilla de créer un établissement digne de ce nom ; il entreprit au compte de l’administration des fouilles qui firent connaître le débit considérable des eaux, jusqu’alors perdues dans le marais. Mme de Gautheron construisit des bâtiments ; le succès fut rapide, bientôt on se vit dans l’obligation de refuser des baigneurs, le débit des eaux étant loin de faire face à tous les besoins. Mme de Gautheron mourut ; vers 1841, le comte de Saint-Ferriol, qui hérita de sa fortune, entreprit de nouvelles recherches ; elles amenèrent au jour des sources abondantes, le débit fut quinze fois augmenté et atteignit cinq mille hectolitres par jour.

L’établissement a naturellement pris une extension considérable. Les hôtels sont nombreux, de beaux magasins, de nombreuses villas font d’Uriage un des plus attrayants rendez-vous d’été du Dauphiné. C’est ce qui explique son succès et son caractère d’élégance. D’ailleurs, Uriage n’est pas seulement fréquenté par les malades, c’est un séjour très recommandé pour les enfants délicats auxquels la mer ne peut convenir ou dont les familles sont trop éloignées de l’Océan.

Naturellement, Uriage possède casino, cercle, salon et kiosque de musique. M. de Saint-Ferriol a fait du château un musée fort intéressant, ouvert chaque semaine aux visiteurs.

Mais le grand charme d’Uriage réside surtout dans ses environs. Ils se prêtent aux excursions pour tous les âges et toutes les forces ; les malades, les enfants, ont dans le parc, sur la route de Vizille, aux environs immédiats de l’établissement, des promenades ombreuses ; ceux qui sont plus vaillants ont le premier étage des montagnes, la forêt de sapins de Prémol, les grands pâturages et le sommet facilement accessible de Chamrousse. Enfin, les alpinistes dignes de ce nom ont le massif de Belledonne, ses névés, ses glaciers, ses lacs, ses cascades abondantes. Tout cela à deux pas du Graisivaudan où mûrit le maïs, où le raisin donne chaque année d’abondantes vendanges, où le mûrier forme de véritables forêts.

Sur un espace de quelques lieues, le Midi confine au pôle, on a tous les étages de végétation. Nulle part, même en Suisse, le contraste n’est plus tranché entre la base et le sommet des montagnes.

D’Uriage à Grenoble on suit une gorge étroite, très verte, dominée par les petites montagnes qui portent le fort des Quatre-Seigneurs et le village de Vénon. C’est le Maupas ou Mauvais pas. Jamais nom ne fut plus immérité ; les prés, les bois, les eaux ruisselantes font de ce vallon une chose charmante. Brusquement, la gorge s’entr’ouvre, on traverse le gros bourg de Gières et l’on reste émerveillé. On est en pleine vallée du Graisivaudan, dans un pays d’une richesse inouïe. Ici, la vigne grimpe aux ormeaux et aux merisiers, dans les champs où les céréales, le mais, les légumineuses, les fourrages artificiels se succèdent ou se mêlent. Dans ces tenues fertiles on fait trois ou quatre récoltes par année. Il faut aller jusque dans le Comtat, aux environs d’Avignon et de Cavaillon, pour trouver une telle splendeur de végétation.

À droite, la masse du Saint-Eynard dont les escarpements vertigineux sont couronnés par le fort, à gauche les hautes et blanches cimes de Belledonne dominent cet opulent bassin. Entre ces immenses parois de la Chartreuse et ces superbes montagnes de Belledonne, la vallée, large, lumineuse, semble sans fin.


Bientôt, voici Grenoble. Après un court séjour je suis revenu à Vizille pour gagner l’Oisans. J’ai fait à pied le trajet jusqu’au Pont-de-Claix par le cours Saint-André, avenue sans rivale, orgueil de Grenoble. Il y a là, en ligne droite, une voie de huit kilomètres bordée de quatre rangées d’arbres et de fossés remplis d’eau courante. Les arbres sont hauts, si touffus pendant les jours d’été qu’il ne filtre pas un seul rayon de soleil.

Au bout de cette avenue vraiment royale est le village du Pont-de-Claix. Il a pris naissance, son nom l’indique, à la suite de la construction d’un pont. Aujourd’hui, on pourrait dire « les » Ponts-de-Claix, car il y en a deux, l’ancien et le nouveau, jetés côte à côte sur le même étranglement du Drac.

Longtemps, le pont primitif fut considéré comme une merveille, c’était le seul point où l’on pût traverser l’énorme torrent, le plus grand des Alpes Dauphinoises après la Durance. Le régime de ce cours d’eau est si variable, si terribles sont les crues, qu’on ne pouvait songer, avec les ressources du vieux temps, à franchir le Drac dans les parties de son cours où il s’étale en un lit de 300 à 1,200 mètres de largeur, plus encore pendant les très hautes eaux. Les fondations ne pourraient avoir de fixité dans ces grèves immenses, sur lesquelles, à l’étiage, roulent, entre des îlots, de maigres filets d’eau, et il suffirait d’une nuit pour tout emporter. Mais, au Pont-de-Claix, le Drac est resserré entre les hauteurs de Champagnier et une sorte de bourrelet rocheux, très mince, dominant d’une centaine de mètres le confluent de la Dresse et du Drac ; pour franchir ce défilé, l’immense lit du torrent se resserre, sa largeur de un kilomètre se réduit à 40 mètres à peine entre deux roches. Ce passage fort curieux est l’œuvre de l’homme : jadis le Drac courait à droite, au pied des hauteurs, et divaguait dans la plaine jusqu’à Grenoble. C’était un péril pour la ville ; les habitants, en 1377, à une époque où les moyens de perforation des roches étaient bien imparfaits, creusèrent un nouveau lit au torrent pour éviter les désastres semblables à celui de 1210, causé par la débâcle du lac Saint-Laurent. Alors la capitale fut presque entièrement détruite par le Serpent, l’Isère sinueuse, et le Dragon, c’est-à-dire le Drac fougueux :

Lou Sarpent et lou Dragon

Mettront Grenoblou en savon.

L’œuvre des bourgeois de Grenoble fut complétée, 230 ans plue tard, par Lesdiguières : il fit jeter un pont au-dessus du partais. Le connétable, pour mettre Grenoble à l’abri, fit, en outre, creuser un nouveau lit au Drac ; contenu entre deux digues, le torrent dut se jeter dans l’Isère, au-dessous de la ville qu’il avait si souvent menacée.

Le pont est très hardi : s’il n’a rien pour surprendre aujourd’hui, où l’art de l’ingénieur a fait de si grands progrès, on comprend l’enthousiasme des contemporains. Un historien du Dauphiné traduit ainsi leur impression :

« Il est à une lieue de Grenoble, bâti sur le Drac, d’une seule arche, d’une largeur prodigieuse, ayant vingt-deux toises et demie de long d’un fondement à l’autre, sur deux rochers dont la matière est de pierre blanche ; sa structure admirable et sa hauteur surprennent tous ceux qui le regardent, aussi le connétable de Lesdiguières, qui l’a fait construire en 1611, a fait mettre d’un côté cette devise :

ROMANAS MOLES PUDORE SUFFUNDO !!

Et de l’autre celle-ci :

UNUS DISTANTIA JUNGO.

Ces inscriptions légèrement excessives ont disparu, le pont lui-même, après avoir servi de communication unique entre lea deux versants de la vallée pendant plus de 250 ans, n’est plus qu’un monument historique, son arche de 46 mètres de portée, dont la clef domine de 16 mètres le niveau du Drac, est en dos d’âne ; on n’y parvient que par une montée fort raide ; eu outre, il est très étroit et insuffisant pour la circulation active de nos jours. C’est pourquoi on a été amené à construire, à côté du pont, un nouveau monument, moins pittoresque, mais plus pratique. C’est également une arche unique, la plus grande arche surbaissée de France ; elle n’a pas moins de cinquante-deux mètres de portée et de huit mètres cinquante de flèche. C’est l’œuvre d’un ingénieur le grand talent, M. Cendre, devenu plus tard di recteur des chemins de fer de l’État. Sur ce pont passe la route nationale de Chalon-sur-Saône à Sisteron.

Le vieux pont de Claix n’en reste pas moins un souvenir précieux. Même pour le touriste que les prouesses dauphinoises de Lesdiguières ne sauraient toucher, sa visite s’impose. Du sommet on a une des plus belles vues du Dauphiné. On est comme isolé au milieu de la plaine de Grenoble en face des hautes montagnes du Villard-de-Lans, sévères mais superbes ; leurs contreforts verdoyants, d’où tombent de claires cascades, sont semés de villages et de hameaux ; au-dessus de Grenoble, dont les fortifications ont si grande allure, se développent tous les accidents du massif de la Chartreuse. La vallée du Graisivaudan, large, lumineuse, luxuriante, s’entrouvre. À la tombée de la nuit, quand toutes ces montagnes sont baignées dans la lumière dorée du couchant, le spectacle est d’une merveilleuse splendeur.

Sous le Drac passe en siphon l’eau des sources de Rochefort nées près de là, et qui apportent chaque jour, à Grenoble, 3,600 litres à la minute.

Le pont de Claix, pour les habitants, évoque surtout le souvenir de Mandrin. Le fameux contrebandier est le héros dauphinois qui a conservé la plus grande popularité. Ce n’est pas un travers de la province. Si l’on songe aux persécutions fiscales qui marquèrent les derniers règnes de l’ancienne monarchie, à la gabelle, aux aides, etc., on comprend l’enthousiasme des populatione envers l’homme assez hardi pour se mettre en lutte ouverte avec les « gabelons ». Mandrin était Dauphinois, il a surtout opéré dans son pays ; partout, mais particulièrement aux grottes de la Balme et au pont de Claix, on retrouve sa légende.

Le pont de Claix, au temps de Mandrin, c’est-à-dire en 1704, était fermé par une herse que les employés des gabelles ouvraient après le paiement des droits. Le contrebandier, à la tête de sa troupe, passait par le pont pour se rendre à Montélimar. La sentinelle l’invita à entrer au bureau pour y déclarer ses marchandises ; sans répondre, Mandrin assomme le factionnaire, fait tirer sur les douaniers, ferme la porte derrière lui, et, laissant la gabelle impuissante de l’autre côté de la herse, reprend son chemin en emportant les produits de la contrebande. C’est un des moindres méfaits pour lesquels Mandrin fut roué vif.

Du chemin de fer même, on ne voit pas les ponts, il faut descendre du train ; la gare est d’ailleurs à côté de ce site fameux. La voie ferrée continue à longer le Drac jusqu’au confluent de la Romanche. Ici, le grand torrent est encore rétréci entre deux collines, son lit n’est guère plus large qu’au pont de Claix. Cet « étroit » s’appelle le Saut-du-Moine : on raconte qu’un jeune moine du prieuré de Champagnier poursuivant une jeune ille, celle-ci, pour s’échapper, s’élança du haut du rocher. Le moine la suivit, tous deux périrent dans le Drac.

Les deux torrents semblent également puissants, mais la Romanche, contenue dans un lit plus étroit, d’une pente plus grande, roulant des eaux grises, a plus grand caractère que le Drac, venu entre les graviers d’un lit trop large. C’est la Romanche que nous allons suivre désormais ; le chemin de fer de Gap la longe un instant encore, jusqu’à l’entrée de la gorge du pont de Champ. Là, à trois kilomètres de Vizille, est la gare de ce nom ; la voie ferrée, aussitôt après, franchit le torrent pour remonter le Drac qu’elle traversera à son tour à Saint-Georges-de-Commiers.


Le chemin de fer du Bourg-d’Oisans, exploité par la Compagnie des voies ferrées du Dauphiné, part de la station de Vizille, gare très active, car la vallée de la Romanche est fort industrielle et renferme d’importantes usines. Une petite locomotive, d’élégants wagons bien suspendue, avec de larges fenêtres permettant de voir le paysage, et des plates-formes où l’on peut se tenir debout, sont prêts à partir. Derrière les wagons de voyageurs est une longue file de fourgons. Le train se met en marche sur les accotements de la route et file rapidement au bord même de la Romanche dont les eaux rapides, souillées par les débris des glaciers et des ravine schisteux, bondissent sur les cailloux. Des barrages formés de troncs d’arbres forcent les eaux à pénétrer dans un canal bordant l’autre côté de la route. Ce canal est la fortune de la plaine de Grenoble ; il fait mouvoir ses usines, il irrigue ses prairies, répand la fraîcheur autour de lui. C’est une faible partie des forces motrices et fertilisantes que pourrait fournir le torrent, dont la portée atteint quatre-vingt-cinq mètres cubes par seconde. On peut juger de l’importance de ce cours d’eau en le comparant à la Seine : à Paris, le fleuve roule soixante-quinze mètres cubes en moyenne, mais la Seine est calme et lente et la Romanche se forme dans des monts de près de 4,000 mètres d’altitude ; à son confluent avec le Drac, à 264 mètres, elle a parcouru quatre-vingt-dix kilomètres seulement. On comprend la puissance dévastatrice d’un tel torrent, et quelle puissance économique il pourra donner lorsque ses eaux seront entièrement à la disposition des industriels.

Nous remontons la Romanche par le chemin de fer du Bourg-d’Oisans ; sa vallée, à mesure qu’on approche de Vizille, s’entr’ouvre peu à peu entre de belles collines très vertes, tapissées de noyers qui produisent la noix de primeur. Il y a de beaux groupes de ces arbres autour du château de Cornage et du village de Montchaboud.

Au delà de Vizille, le chemin de fer suit jusqu’au Péage le mur d’enceinte du parc. En ce point, la muraille touche presque la Romanche. Là, dit une légende vizilloise, le connétable de Lesdiguières, ayant fait un pacte avec le diable, se vit arrêté. Satan lui avait dit qu’il construirait la muraille pendant le temps qu’il mettrait à parcourir son domaine, mais si les murs étaient achevés avant la fin de la course, l’âme du duc devait appartenir à l’enfer.

Le « Renard du Dauphiné », comme l’appelait le duc de Savoie, accepta le marché. Durant la nuit, toute une légion de diables apporta des matériaux pour édifier le gigantesque rempart. Au moment où Lesdiguières, parti de son château, arrivait vers la fontaine de la Dhuys, la muraille se fermait et le cheval se trouva pris par la queue, tout l’enfer poussa des hurlements de joie, mais le vieux duc tirant son épée, coupa la queue de l’animal et réussit à gagner le bord de la Romanche.

Quand j’étais enfant, nous allions, mes camarades et moi, contempler, avec vénération une touffe d’herbes desséchée se balançant au vent au sommet du mur, et que nous croyions fermement être la queue du cheval.

Le Péage est un village rendu très vivant par une grande usine de tissage de sole occupant plus d’un millier d’ouvrières. En face, dans un très beau site, Saint-Pierre-de-Mésage domine le confluent du ruisseau de Laffrey et du grand torrent.

On entre, plus loin, dans les gorges de la Romanche, aussitôt très étroites et profondes ; la rivière est fort rapide et abondante ; à peine laisse-t-elle place à la route, taillée parfois dans le flanc de la montagne, mais, çà et là, de petites terrasses sont couvertes de cultures. Les montagnes tombent sur la Romanche sous forme de hautes falaises vertes et boisées, laissant apercevoir parfois la cime neigeuse des monts. Un instant, la gorge s’élargit en un bassin qui serait riant grâce à ses belles eaux, à ses prairies et à ses hameaux, si les montagnes n’étaient si hautes et ne semblaient écraser le paysage. Sur la rive gauche, un gros torrent accourt, celui de la Morte, descendu de la base du Taillefer. Au fond du vallon, une cascade se précipite ; sur les flancs s’étagent les maisons et les chalets de Saint-Barthélemy. Par là monte le chemin qui conduit dans la jolie vallée de Lavaldens. Sur la rive droite, une autre vallée s’entr’ouvre en bel amphithéâtre de cultures et de bois ; un château flanqué de tours, un joli village, animent ce vallon dominé par la forêt de Prémol ; c’est Séchilienne. Le centre de la commune est descendu au bord de la rivière, longue rue qui, sous le nom de Notre-Dame-de-l’Isle, borde la route. Le bourg a des maisons aux pignons curieux, couvertes de grandes ardoises ; il s’étend jusqu’à l’entrée d’une nouvelle gorge que l’on peut considérer comme la porte de l’Oisans.