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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/602

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de leur commander. Salomon avait, disent-ils, un anneau chargé d’un talisman qui lui donnait pouvoir absolu sur tous les êtres intermédiaires entre Dieu ef l’homme. Cet anneau existe encore ; il est renfermé dans le tombeau de Salomon, et quiconque le posséderait deviendrait le maître du monde ; mais on ne sait où trouver le tombeau. Il ne reste que des formules, des pratiques et des figures, par lesquelles on peut acquérir, quoique imparfaitement, une petite partie du pouvoir que Salomon avait sur les esprits. Ces beaux secrets sont conservés dans les livres niais qu’on attribue à ce prince, et surtout dans ses Clavicules, intitulées les Véritables Clavicules de Salomon, in-18, à Memphis, chez Alibeck l’Égyptien. On y trouve des conjurations et des formules magiques. Agrippa, dit-on faussement, faisait grand cas de cet ouvrage. On attribue encore à Salomon un Traité de la pierre philosophale, les Ombres des idées, le Livre des neuf anneaux, le Livre des neuf chandeliers, le Livre des trois figures des esprits, des Sceaux qui chassent les démons, et un Traité de nécromancie, adressé à son fils Roboam. Voy. Conjurations, Sakhar, Bélial, Asrael, Asmodée, Art notoire.

Saludadores, gens qui se mêlent en Espagne de guérir certaines maladies, et qui tous ont, dit-on, de naissance, certaine marque sur le corps, en forme de demi-roue. Ils se disent descendants de sainte Catherine, qui n’eut pas de descendants. Voy. Hommes incombustibles.

Salvation de Rome. Voy. Virgile.

Salverte (Eusèbe), auteur d’un Essai sur la magie, les prodiges, etc., un vol. in-12, Bruxelles, 1821; réimprimé à Paris. C’est un traité philosophique, dans le mauvais sens de ce mot.

Samaël, prince des démons, selon les rabbins. Ce fut lui qui, monté sur le serpent, séduisit Ève. C’est encore, chez plusieurs docteurs juifs, l’ange de la mort, qu’ils représentent tantôt avec une épée, tantôt avec un arc et des flèches. C’est enfin pour quelques-uns le même qu’Asmodée.

Samaritaine (la). C’était une fontaine élevée sur le pont Neuf et chère aux Parisiens. Suivant une opinion répandue parmi eux, le jour où l’on détruirait cette fontaine, les peuplades du Nord entreraient en France pour envahir Paris. On la détruisit en 1813.

Sambethe. Voy. Sibylles.

Sampson (Agnès). Voy. Jacques Ier.

Samuel. Une nécromancienne, la pythonisse d’Endor, fit voir au roi Saül l’ombre du prophète Samuel, qui lui prédit ses désastres. Menassé-ben-Israël, dans son second livre de la Résurrection des morts, dit que la pythonisse ne pouvait pas forcer l’âme de Samuel à rentrer dans son corps, et que le fantôme qu’elle évoqua était un démon revêtu de la forme du prophète. Cependant Samuel dit au roi : Pourquoi troublez-vous mon repos, en me forçant à remonter sur la terre ? Les uns pensent que l’âme du prophète pouvait seule prononcer ces paroles ; d’autres soutiennent que ces mots remonter sur la terre s’appliquent au corps seulement, que le diable avait pu emprunter. Le rabbin Mever-Gabaï, qui est du sentiment des premiers, ajoute que Samuel seul pouvait dire à Saül, devant la sorcière qui le faisait venir : Demain, toi et tes fils, vous viendrez me rejoindre. Cras tu et filii tui mecum erunt. C’est aussi l’avis de la plupart des théologiens[1].

Sanaves. Amulettes que les femmes madécasses portent au cou et aux poignets ; ce sont des morceaux d’un bois odorant, enveloppés dans une toile ; ils préservent de l’atteinte des sorciers.

Sanche, serviteur de Pierre d’Engelbert, qui l’avait envoyé à ses frais au secours d’Alphonse, roi d’Aragon, alors en guerre avec la Castille. Le serviteur revint sain et sauf, quand la guerre fut finie ; mais bientôt il tomba malade et mourut. Quatre mois après sa mort, Pierre, son maître, couché dans sa chambre, vit entrer au clair de la lune un spectre à demi nu, qui s’approcha de la cheminée, découvrit le feu et se chauffa. Pierre lui demanda qui il était. « Je suis, répondit le fantôme d’une voix cassée, Sanche, votre serviteur. — Hé ! que viens-tu faire ici ? — Je vais en Castille, avec quelques autres, expier le mal que nous y avons fait. Moi en particulier, j’ai pillé les ornements d’une église ; je suis condamné pour cela à faire ce voyage. Vous pouvez me soulager par vos bonnes œuvres ; et votre femme, qui me doit huit sous, m’obligera de les donner aux pauvres en mon nom. » Pierre lui demanda alors des nouvelles de quelques-uns de ses amis morts depuis peu ; Sanche le satisfit là-dessus. « Et, où est maintenant le roi Alphonse ? » demanda Pierre. Alors un autre spectre, qu’il n’avait pas vu d’abord, et qu’il aperçut dans l’embrasure de la fenêtre, lui dit : « Sanche ne peut rien vous apprendre touchant le roi d’Aragon ; il n’y a pas assez longtemps qu’il est dans notre bande, pour en savoir des nouvelles ; moi, qui suis mort il y a cinq ans, je puis vous en dire quelque chose. Alphonse, après son trépas, a été quelque temps avec nous ; mais les prières des bénédictins de Gluny l’en ont tiré, et je ne sais où il est à présent. » Alors les deux revenants sortirent. Pierre éveilla sa femme et lui demanda si elle ne devait rien à Sanche. « Je lui dois encore huit sous, » répondit-elle. Pierre ne douta plus, fit des prières et distribua des aumônes pour l’âme du défunt[2].

Sandalphon, l’une des trois intelligences supérieures de la cabale juive.

Sang. Les anciens regardaient le sang de tau-

  1. Voyez Bergier. Dictionnaire de théologie, au mot Pythonisse.
  2. Dom Calmet, Dissertations sur les apparitions.