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ARCHÉLAÜS.

melle de diverse espèce, il serait déraisonnable de supposer que l’auteur employa un titre déterminé à cela. Il vaut beaucoup mieux, ou corriger le scoliaste par Diogène Laërce, ou dire qu’Archélaüs, ayant divisé son ouvrage en plusieurs traités, donna un titre particulier à chaque traité ; celui de διϕυῆ par exemple, aux épigrammes où il parlait des amphibies. Sur ce pied-là, on pourrait croire que ceux qui citent Archélaüs, lib. 1. περὶ ποταμῶν, de fluviis [1], lib. 1, περὶ λίθων, de lapidibus [2], citent des parties de l’ouvrage dont le titre général était ἰδιοϕυῆ ; mais j’aimerais mieux dire qu’il s’agit là d’un tout autre Archélaüs. Je ne fais pas un semblable jugement sur les citations d’Artémidore [3] : Je crois qu’elles concernent l’auteur des ἰδιοϕυῆ.

Admirons ici les inconstances de la mémoire. Vossius, dans son ouvrage des historiens grecs, parla doctement de cet auteur : il rapporta ce qui s’en trouve dans Varron, dans Pline, dans Athénée, dans Artémidore, dans Antigonus Carystius, etc. ; mais il ne se souvint plus de cela lorsqu’il fit ensuite son traité des Poëtes grecs. On y lit ceci : Idem (Archelaus physicus), ut ait Suidas, συνέταξε ϕυσιολογίαν [* 1]. Id sic Lilius Gyraldus vertit in m°. Dialogo de poëtis [* 2] : quæ naturæ propria sunt, multis versibus collegit. Itaque et Archelaum inter poëtas recenset. Sed addit poëtam physicum esse alium ab Socratis magistro. At undè id adstruat non video. Nam Suidas clarè ait ϕυσιολογίαν conscriptam ab Archelao physico, Socratis magistro. Imò nec video, undè colligat, quempiam Archelaum carmine scripsisse de rerum naturâ. Saltem ex verbo συντάττειν, quo Suidas utitur, id colligi nequit. Et Laërtius, cùm dicat tres prætereà Archelaos fuisse, non tamen poëtam in iis memorat [4]. Voilà un très-savant homme, qui s’imagine, 1o. que le Giraldi avait en vue les paroles grecques de Suidas, et non celles-ci de Diogène Laërce : ὁ τὰ ἰδιοϕυῆ ποιήσας [5] ; 2o. qu’on n’a point eu de raison de reconnaître un poëte Archélaüs différent du physicien ; 3o. ni de supposer qu’un Archélaüs ait fait des vers sur la nature des choses ; 4o. que Diogène Laërce ne fait aucune mention d’un Archélaüs qui ait composé des vers. Tout cela nous devrait surprendre, si nous le considérions absolument ; mais c’est bien pis, quand on le compare avec la page 329 du livre de Historicis græcis. M. Colomiés a relevé la première de ces quatre fautes de Vossius, et a débité outre cela de bonnes choses [6] ; mais il s’est trompé en supposant que les paroles de Plutarque, dans la Vie de Cimon, concernent Archélaüs le poëte : elles concernent le physicien, dont Socrate fut disciple. Il aurait pu critiquer Gyraldus, qui a cru qu’Archélaüs, auteur des ἰδιοϕυῆ, était philosophe. M. Moréri le dit aussi. C’est sans aucun fondement : car un faiseur de recueils des propriétés singulières et merveilleuses des animaux ou des métaux, etc., peut bien être appelé naturaliste, historien de la nature ; mais non pas physicien ou philosophe, à moins qu’il ne joignît aux faits la raison des faits, et la discussion des causes. C’est ce qu’on ne trouve pas que le poëte Archélaüs ait pratiqué. M. Moréri assure que Diogène Laërce le cite souvent. Dites plutôt qu’il ne le cite jamais.

  1. (*) Composuit Philosophiam.
  2. (*) Pag. 108.
  1. Stobée le fait Serm. I, de Morbis et molestiarum in eis solutione. Plutarque, de Flumin., pag. 1148, cite le XIIIe. liv. d’Archélaüs περὶ ποταμῶν.
  2. Plutarque le fait, de Flumin., pag. 1153.
  3. Artemidor., de Somn., lib. IV, cap. XXIV.
  4. Voss., de Poët. græcis, pag. 34.
  5. Le Giraldi les a traduites, quæ naturæ propria sunt, multis versibus collegit. Cette version n’est point meilleure que celles qu’on a vues ci-dessus, citation (39).
  6. Colomesius, Not. in Girald., de Poëtis, pag. 147, edit. Operum Gyraldi, an. 1696.

ARCHÉLAÜS Ier. du nom [a], roi de Macédoine, fils naturel du roi Perdiccas, monta sur le trône, et s’y maintint, par de grands crimes. Sa mère était servante d’Alcétas, frère de Perdiccas (A) : ainsi, selon les lois [b],

  1. Notez qu’il y a des gens qui ne reconnaissent qu’un Archélaüs entre les rois de Macédoine.
  2. Voyez la remarque (A).