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ARCHÉLAÜS.

lignes tout entières. Quoi qu’il en soit, Archélaüs ne descendait point d’Ariobarzane ; voilà l’erreur généalogique de Riccioli ; et le consulat de C. Cælius Rufus et de L. Pomponius, sous lequel il mourut à Rome, tombe à l’an 17 de Jésus-Christ : voilà l’erreur de chronologie. Strabon témoigne en termes formels qu’Archélaüs n’était point parent d’Ariobarzane : Ità rex ab iis factus est Ariobarzanes, cujus in tertiâ stirpe genus defecit. Exindè Archelaüs ab Antonio rex est constitutus nulla affinitate ipsis conjunctus [1]. L’erreur que Noldius impute à Jornandes est bien différente de celle d’Appien. Il veut que la Cappadoce soit devenue une province sous l’empereur Claude, et cela en vertu du testament d’Archélaüs [2]. Au reste, les revenus de la Cappadoce étaient si considérables, lorsqu’Archélaüs mourut, que Tibère se crut en état, par l’acquisition qu’il en fit, de se passer de la moitié d’un impôt qu’il faisait lever : Regnum (Archelai) in provinciam redactum est, fructibusque ejus levari posse centesimæ vectigal professus Cæsar, ducentesimam in poterum statuit [3]. Il soulagea même cette province, et n’en voulut pas tirer tout ce qu’elle avait fourni au dernier roi [4].

(M) On se vantait d’une très-ancienne et très-glorieuse race dans sa maison. ] Glaphyra, fille du dernier Archélaüs, et femme d’Alexandre, fils d’Hérode, parlait souvent de la noblesse de sa maison, et se vantait de descendre de Temenus, du côté paternel, et de Darius, fils d’Hystaspes, du côté maternel [5].

(N) Il n’est pas hors d’apparence qu’il ait composé des livres. ] Pline nous fournit toute cette probabilité. Il cite plusieurs fois Archélaüs, et l’on juge qu’en deux endroits il entend Archélaüs roi de Cappadoce. Il lui donne cette qualité dans l’une de ces deux citations : Archelaüs qui regnavit in Cappadociâ, dit-il [6] ; et comme il s’agit là de certaines particularités qui concernent l’ambre, le père Hardouin ne doute pas qu’il ne faille entendre le même Archélaüs dans le chapitre VII du XXXVIIe. livre de Pline, où un Archelaüs est cité touchant les propriétés d’une espèce de pierre précieuse [7]. Il ne doute point non plus que cela ne soit tiré du livre de Lapidibus cité par Plutarque [8]. Je m’en rapporte à ce qui en est ; et, pour dire quelque chose de plus certain, j’indiquerai un endroit de Pline, où Archélaüs est compté parmi les rois qui ont écrit de l’agriculture [9]. J’ai parlé ci-dessus [10] d’un autre Archélaüs que Pline allègue souvent.

(O) On l’a confondu avec Archélaüs fils d’Hérode. ] Le père Noris a convaincu Riccioli de cette faute [11]. Ce dernier auteur a prétendu que Tibère plaida pour Archélaüs devant Auguste, dans le procès qu’Archélaüs eut avec ses frères, touchant la succession d’Hérode, et il prétend le prouver par ce passage de Suétone : Civilium officiorum rudimentis Archelaum, Trallianos, et Thessalos, variâ quosque de causâ, Augusto cognoscente defendit [12] : et comme Velleius Paterculus lui apprend que Tibère quitta Rhodes pour retourner à Rome, l’an 755, il conclut qu’en cette année-là, et non pas en 751 ou plus tôt, Archélaüs fut fait ethnarque. Le père Noris lui montre par le passage de Dion, rapporté ci-dessus [13], que les paroles de Suétone se doivent entendre d’Archélaüs roi de Cappadoce. Il pouvait ajouter une instance qui ruine l’hypothèse de Riccioli, c’est que Tibère soutint la cause d’Archélaüs avant que d’aller à Rhodes. Cela est clair par les paroles de Dion, et se peut inférer manifestement de celles de Suétone, qui met le plaidoyer pour Archélaüs en tête

  1. Strabo, lib. XII, pag. 273.
  2. Jornand., de Regnor. et Tempor. Successior., pag. 645, apud Noldium, de Vitâ Herod., pag. 194.
  3. Tacit., Annal., lib. II, cap. XLII.
  4. Idem, ibid., cap. LVI.
  5. Joseph., de Bello Jud., lib. I, cap. XVII.
  6. Plinius, lib. XXXVII, cap. III, pag. 371.
  7. Harduin., in Indice Autor. Plinii. Voyez aussi Malincrot, Paralipom., pag. 60.
  8. Plut., de Fluviis, pag. 1153.
  9. Plin., lib. XVIII, cap. III, pag. 440.
  10. Dans la remarque (C) de l’article Archélaüs le philosophe.
  11. Noris, Cenot. Pisan., pag. 148.
  12. Suet., in Tiberio, cap. VIII.
  13. Citation (17).