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ANANIA. ANAXAGORAS.

française du même poëte, faite par M. Bouthillier de Rancé à l’âge de douze à treize ans, elle n’a jamais été imprimée [* 1] ; et il est vraisemblable, s’il y en a eu une, qu’elle était en prose, quoique ceux qui en ont parlé ne l’aient pas dit positivement [* 2]. »

  1. * Joly confirme que cette traduction n’est pas imprimée, et il prend de là occasion de donner quelques détails sur l’édition d’Anacréon donnée par Rancé. On trouve sur cet objet une note bien plus curieuse, tome Ier., pages 144-195, des Mélanges de critique et de philologie par Chardon Larochette, Paris, 1812, 3 vol. in-8o.
  2. * Tout ce que Chaufepié ajoute à cet article roule sur l’édition d’Anacréon donnée à Utrecht avec des notes de M. de Pauw, 1732, in-4o., et sur une traduction italienne de ses odes, qui est de différentes mains.

ANANIA (Jean-Laurent d’), natif de Taverna [a] dans la Calabre, a vécu vers la fin du XVIe. siècle. Il est auteur d’un livre de géographie en italien, et d’un ouvrage latin intitulé de Naturâ Dæmonum, qui fut imprimé à Venise l’an 1582, in-8o. L’autre ouvrage est intitulé Cosmographia, overo l’universale Fabrica del Mondo, et fut imprimé à Venise l’an 1576, in-4o. [b]. Vossius n’a point parlé de cet auteur dans sa liste des géographes.

  1. En latin Taberna. De là vient qu’il se surnomme Tabernas.
  2. M. Baudrand, tome 2, pag. 445, ne marque que l’édit. de Venise, en 1582.

ANAXAGORAS, l’un des plus illustres philosophes de l’antiquité, naquit à Clazomèene dans l’Ionie, environ la 70e. olympiade, et fut disciple d’Anaximènes. La noblesse de son extraction, ses richesses, et la générosité qui le porta à résigner tout son patrimoine à ses parens (A), le rendirent fort considérable. Il s’appliqua tout entier à la recherche de la nature sans se mêler d’aucune affaire publique. Cela fit qu’on lui demanda s’il ne se souciait aucunement de son pays. Sa réponse fut admirable ; les philosophes chrétiens ne pourraient pas mieux parler. Oui, dit-il, en levant la main vers les cieux, j’ai un soin extrême de ma patrie [a]. Une autre fois, on lui demanda, Pourquoi êtes-vous né ? et il répondit, Pour contempler le soleil, la lune et le ciel [b]. Conformément à cela, il mettait le souverain bien, ou la fin de la vie humaine, dans la contemplation, et dans l’état libre que la contemplation produit [c]. Il n’avait que vingt ans lorsqu’il commença de philosopher dans Athènes [d]. Il y a des auteurs qui disent qu’il fut le premier qui y transporta l’école philosophique, qui avait fleuri dans l’Ionie depuis son fondateur Thalès. C’est ce que j’examinerai dans l’article d’Archélaüs le philosophe. Ce qu’il y a de certain, est qu’il eut d’illustres disciples dans Athènes, et nommément Périclès et Euripide. Quelques-uns y ajoutent Thémistocle et Socrate ; mais la chronologie les réfute à l’égard de Thémistocle [e]. Il n’y a guère de choses qui puissent donner une idée plus avantageuse de son habileté, que le caractère des progrès qu’il fit faire au grand Périclès ; car il lui inspira ces manières graves et majestueuses, qui le rendirent si capable de gouverner la république [f] : il

  1. Ex Diogen. Laërt., libr. II, num. 6, 7.
  2. Diogen. Laërt. libr. II, num. 10.
  3. Clem. Alexandr. Stromat., libr. II, pag. 416.
  4. Diog. Laërtus, libr. II, num. 7.
  5. Plutarch. in Themistoc., pag. 112.
  6. Idem, in Pericle, pag. 154.