Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/132

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d’une adresse au roi ayant pour objet la suppression de la peine de mort dans certains cas, est appuyée par le garde des sceaux, et le renvoi à la commission adopté unanimement par la chambre.

Or, telle était l’impatience des législateurs, que la séance, suspendue, fut reprise à huit heures du soir. Le travail de la commission était déjà prêt. Le projet d’adresse, lu par M. Bérenger, se terminait par ces mots :

« Sire, la chambre appelle sur cette réforme la prompte initiative de votre majesté. Trop de gloire y est attachée, trop d’avantages doivent en résulter pour que la nation veuille la devoir à d’autres qu’à son roi. »

En donnant à Louis-Philippe cette haute marque de déférence, les députés servaient admirablement sa politique. Ils prouvaient à l’Europe que la chute d’une dynastie n’avait rien ôté, en France, à la force du principe monarchique. Et d’un autre côté, en subordonnant le salut des conseillers de Charles X à la volonté de son successeur, ils fournissaient à celui-ci l’occasion de s’en faire honneur auprès des souverains étrangers. Qu’elle eût compris ou qu’elle ignorât la portée de ce projet d’adresse, la chambre l’accueillit avec transport. Seul, l’austère Eusèbe de Salverte crut devoir protester. « Ainsi donc, à en croire la voix trompeuse de l’humanité, il faudrait dire à de grands coupables : Vous avez voulu faire tomber nos têtes, conservez les vôtres. Allez dans les pays étrangers jouir des richesses que vous avez amassées ; le temps suivra son vol, les passions seront amorties, les douleurs publiques