Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/133

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et particulières apaisées ; on ne lira plus sur nos murailles l’histoire de nos troubles qu’avaient gravée les balles et la mitraille. Alors la compassion publique s’élèvera sur la longueur de votre exil ; elle demandera qu’on y mette un terme, et pour la troisième, pour la quatrième fois, peut-être, vous ramènerez votre pays sur le bord de l’abîme, où vous réussirez, peut-être, à le précipiter. » En parlant des grands coupables qui allaient profiter de la philanthropie de la chambre, M. Eusèbe de Salverte venait de déchirer le voile : la sensation fut vive dans l’assemblée mais elle avait pris son parti. Le projet fut voté à une majorité immense.

Le roi répondit à la députation qui lui présentait l’adresse : « Le vœu que vous exprimez était depuis long-temps dans mon cœur. » Et, le lendemain, pour atténuer l’effet que pouvait produire sur le peuple l’espèce d’impunité promise aux signataires des ordonnances, M. Guizot parut à la tribune, et dit d’une voix émue : « Messieurs, il tardait au roi comme à vous de sanctionner par une mesure législative le grand acte de reconnaissance nationale que la patrie doit aux victimes de notre révolution. J’ai l’honneur de vous le présenter. Messieurs, nos trois grandes journées ont coûté à plus de 500 orphelins leurs pères, à plus de 500 veuves leurs maris, à plus de 300 vieillards l’affection et l’appui de leurs enfants. 311 citoyens resteront mutilés et incapables de reprendre leurs travaux. 3, 564 blessés auront eu à supporter une incapacité temporaire.

Dans le projet de loi qui faisait suite à cet inven-