Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/176

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Pologne, tu n’es pas sans défenseurs, ils s’élancent vers le centre de la ville.

L’insurrection en avait gagné la partie septentrionale. Enlevé par deux sous-lieutenants, un bataillon du quatrième de ligne se dirigeait vers l’arsenal, dont les avenues se trouvaient déjà occupées par les grenadiers du cinquième qui, à la voix du jeune Lipowski, avaient prononcé le serment de mourir pour la cause de la Pologne indépendante. De son côté, l’infanterie russe s’était ébranlée ; et pendant que le général Zymirski, se décidant pour la neutralité, conduisait les Lithuaniens au champ de Mars, de manière à les isoler, deux bataillons Volhyniens se précipitaient, en poussant d’horribles imprécations, l’un à la rencontre du quatrième de ligne, l’autre à la rencontre des grenadiers de Lipowski. Il y eût là un double combat, un combat terrible, dont l’embrasement des maisons de Nowolipie éclairait les désastres. Mais, du fond de la vieille ville, la foule roulait en colonnes mugissantes, et les élèves de l’école d’artillerie, gagnés à la cause de l’indépendance, arrivaient sur le champ de bataille avec deux pièces de canon. Les Volhyniens plièrent enfin et se retirèrent en désordre vers le champ de Mars, abandonnant l’arsenal, dont les portes furent aussitôt enfoncées, et qui livra au peuple plus de cinquante mille fusils.

L’insurrection fut partout, alors. Le cri aux armes ! aux armes ! avait fait place à des chants de victoire. Les grenadiers jetaient au vent leurs plumets noirs. Les ouvriers, en armes, parcouraient les rues dans une exaltation qui tenait du délire. Les soldats