Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/295

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qui allait conduire la multitude à la dévastation d’un temple.

Il ne tarda pas à être envahi, ce temple, et de honteuses saturnales y révélèrent le désordre moral qu’avait jeté dans les esprits, le long combat soutenu, pendant quinze ans, par l’incrédulité contre l’hypocrisie. Abattre l’autel, briser la chaire, mettre en pièces balustrades et confessionnaux, renverser chaque saint de son piédestal, déchirer les tableaux pieux, fouler aux pieds les riches tentures, tout cela fut l’œuvre d’un moment. On riait, on hurlait, on se provoquait mutuellement à des hardiesses cyniques. Quelques-uns blasphémaient Dieu : tous lançaient anathème aux prêtres. La sacristie, prise d’assaut, avait livré à des vandales bouffons ses plus opulentes dépouilles, et des hommes furent vus dansant en habits sacerdotaux. Une petite troupe de gardes nationaux, commandée par deux citoyens nommés Clavaux et Boissière représentait seule, dans un aussi triste et bruyant pêle-mêle, ce principe d’ordres si brutalement violé, cette fois, par la bourgeoisies. Du reste, pas un vol ne fut commis, pas un acte d’improbité ne fut remarqué. Une aigle dorée fut trouvée dans les débris et fidèlement portée au gouverneur des Tuileries. Au milieu d’une société cupide et sans foi, le désintéressement n’avait pas cessé d’être la vertu des pauvres !

Le sac de St-Germain-l’Auxerrois avait été précédé par l’invasion du presbytère. On le dévasta, mais le peuple s’arrêta, plein de respect, sur le seuil d’un, appartement situé au même étage que celui du curé. Cet appartement était habité par l’abbé Para-