Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/323

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heures, les conjurés se trouvaient réunis dans la maison de Menotti, au nombre de quarante environ. Parmi leurs complices il y en avait beaucoup, ceux de la campagne surtout, qu’on n’avait pas eu le temps de prévenir. Mais, confiants dans leur courage et dans la fortune de leur pays, ces généreux Italiens se disposaient, les uns à envahir le palais ducal, les autres à marcher aux quatre portes de la ville, pour s’en emparer, lorsque les rues qui entouraient la maison de Menotti se remplirent de soldats. Les conjurés n’occupant que le premier étage, et le rez-de-chaussée étant habité par une paisible famille, composée eh grande partie de femmes et d’enfants, la porte principale de la maison de Menotti était restée ouverte. Des dragons et des pionniers pénètrent dans la cour, montent au premier étage, et essaient d’enfoncer la porte de l’appartement qui renferme les conjurés. « Que faire ? s’écrie l’un d’eux. » Menotti prend un pistolet et le décharge. En un instant la porte est, des deux côtés, criblée de balles. Courant aux fenêtres, quelques-uns des conjurés font feu sur les troupes postées dans la rue, et le combat s’engage. C’était un drame terrible et singulier. Au bruit de la fusillade se mêlaient, partant à la fois et du rez-de-chaussée et du deuxième étage des cris affreux poussés par des femmes, par des enfants. Les dragons jugeant à la résistance opiniâtre qu’on leur opposait qu’ils avaient affaire à de nombreux ennemis, reculèrent enfin, et descendirent en désordre l’escalier taché de leur sang. Soudain, le bruit de la fusillade s’éteignit ; les sol-