Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/439

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Et il y avait à cela plusieurs causes, dont la principale était dans le caractère incertain des doctrines de l’Opposition parlementaire. Monarchique et bourgeoise, libérale plutôt que révolutionnaire, elle n’aurait pas voulu voir le trône disparaître dans une soudaine tempête, la bourgeoisie se mettre de nouveau à l’écart, et le peuple s’emparer encore une fois du premier rôle. Or, elle sentait bien, au fond, quoiqu’elle n’osât guère se l’avouer, qu’une démocratie fortement constituée était seule capable de déchirer les traités de 1815 et de refaire l’Europe ; qu’il y avait impossibilité de suffire à une telle besogne, sans une volonté de fer, sans des passions vigoureuses ; et que la question ne serait jamais résolue dans le sens de notre orgueil, tant qu’elle resterait compliquée d’un intérêt dynastique. Sans doute on aurait pu dire aux rois : « Dans l’espace de moins de cinquante ans, l’Angleterre, la Russie, l’Autriche, la Prusse, se sont agrandies d’une manière démesurée. Seule, la France s’est amoindrie ; et aujourd’hui, après ces trois témoignages solennels de puissance, la convention, l’Empereur, la Révolution de juillet, la France se trouve plus petite qu’elle ne l’était sous Louis XV. Il nous est bien permis de nous en étonner dans un moment ou il est prouvé qu’il suffit à la France d’un effort de trois jours pour donner une secousse au monde ! D’ailleurs, le désintéressement d’un peuple tel que le notre consiste, non pas à renoncer à la force, mais à l’employer avec dévouement ; et il nous est commandé de voiler sur notre puissance, parce qu’elle ne nous appartient pas et qu’elle importe à l’humanité. » Mais