Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/93

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menacée, et reçut ordre de réunir ses troupes à celles de la Navarre. Toute résistance devenait par là inutile. Mina qui, après la prise d’Irun, avait occupé les hauteurs d’Oyarzun, fut averti que Valdès, à Vera, allait se trouver enveloppé. Il lui envoya aussitôt ses cavaliers et un petit nombre de fantassins commandés par les généraux Lopèz-Banos et Butron. Avec ce renfort, Valdès disputa le terrain pied-à-pied : c’était lutter contre l’impossible. Il dut repasser la frontière, suivi de ceux de ses compagnons qui n’avaient point péri dans cette lutte inégale. Hélas ! à ces malheureux le sol de France ne fut pas moins fatal que celui de leur pays. Là, où ils croyaient trouver un asile, beaucoup ne devaient trouver qu’un tombeau. Par une violation du droit des gens, qui n’eût d’égal à son audace que le scandale de son impunité, les royalistes poursuivirent leurs ennemis jusque sur le territoire français et y fusillèrent leurs prisonniers. Plein de douleur et d’indignation, un aide-de-camp de Valdès ne voulut point conserver la vie dans cette France qu’il avait cependant aimée : il rentra en Espagne pour y mourir.

Il ne restait plus à Mina qu’une petite troupe. Il essaya de regagner la frontière. Pressé de toutes parts, poursuivi sans relâche, traqué par d’énormes chiens des Pyrénées lancés sur sa trace, il passa deux jours à gravir les montagnes, forcé bien souvent de se cacher au fond des ravins et jusque dans des fentes de rocher. Il arriva enfin à Lorda, maison située à une lieue en deçà de la frontière française. Il avait fait trente-huit lieues en quarante-deux