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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/184

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JEWELL. — ANALYSE SPECTRALE.

paraissent remplir les cañons et dépressions en quantité variable, et qui peuvent aussi être la source d’une atmosphère basse et dense de vapeur d’acide carbonique, suffisante pour expliquer les indications atmosphériques aperçues sur Mars, surtout la gémination réfractive des lignes de cañons[1].

Une autre considération infirme la probabilité antécédente de l’existence de la vapeur d’eau sur Mars. La masse de Mars est beaucoup trop petite pour avoir pu retenir une enveloppe gazeuse constituée comme notre atmosphère — certainement en ce qui concerne l’hydrogène libre, et, probablement aussi l’oxygène libre, ainsi que l’a montré M. J.-G. Stoney. Les constituants de l’eau étant par suite absents dès l’origine, la présence de l’eau ne peut pas être soutenue. Mars est sans doute dans une condition plus sénile et plus décrépite que notre Lune. La Lune, il est vrai, est entièrement morte, mais elle n’est pas crevassée et prête pour la désagrégation, selon toute apparence, Pendant longtemps elle a eu une influence considérable sur la Terre, en retardant son refroidissement. Mars, malgré son volume, se porte bien plus mal, à cause de son isolement, quoique, par ce fait même, il ait pu, contrairement à la Lune, retenir une certaine atmosphère de gaz assez lourds, épais et denses, pour expliquer les aspects observés de précipitation blanche aux régions du froid absolu. Il dépend des observateurs d’identifier cette substance chimiquement. J’aimerais beaucoup voir M. Campbell essayer ses spectroscopes sur Mars pour y découvrir les raies du carbone, ou bien les raies de tout autre élément capable de se solidifier à des températures extrêmement basses, et de se liquéfier ou de se transformer en gaz aux températures que l’on doit rationnellement attribuer à cette planète, eu égard à sa distance du Soleil.

C’est aussi ce que nous souhaiterions. L’analyse spectrale de M. Campbell n’a pas encore découvert sur Mars le carbone ou ses composés. En attendant, et pour le moment, nous nous en tenons aux raisonnements de Tyndall (p. 158).

clxxxv.Lewis Jewell. — Le Spectre De Mars[2].

M. Jewell, de l’Université John Hopkins, a fait une nouvelle étude spectroscopique de la vapeur d’eau dans l’atmosphère terrestre à l’aide de prismes à grande dispersion. Il examine d’abord les quantités de vapeur d’eau répandues dans l’air selon les saisons et trouve la Table suivante pour le climat de Baltimore, en exprimant la quantité de vapeur d’eau par l’épaisseur de la couche d’eau qui lui correspondrait :

  1. Voir Tome I, p. 488, § 33, notre hypothèse provisoire.
  2. The Astrophysical Journal, 1895, t. I, p. 311.