Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins, dans cette excellente maison, de trésors plus précieux que l’or. Il y apprit les douceurs incomparables de la vie intérieure ; il y reçut les exemples les plus touchants de la piété paternelle ; il y vécut au milieu des beautés naturelles les plus fécondes en inspirations ; il y respira cette première vie de l’âme, qui se compose de bienveillance, d’amour, de religion, de tout ce qu’il y a d’affectueux et de tendre dans les sentiments de l’homme, et qui s’est répandue avec tant de charme dans ses écrits. Quel que soit l’obscur berceau d’une enfance prédestinée à la gloire, il n’y a point de génie bienfaisant qui ne doive beaucoup à son père.

Il avait été convenu dans la famille d’Olivier qu’on en ferait un commerçant. C’est une carrière dont les habitudes se concilient assez bien avec celles de la littérature actuelle ; mais la poésie du temps de Goldsmith ne s’était pas encore élevée à ce genre de combinaisons. Il n’y avait pas une seule maison de banque ouverte en Europe sous la raison de l’esprit. Toutes les sciences exigées du jeune candidat qui postulait pour les honneurs du comptoir et du magasin, se réduisaient à la lecture, à l’écriture, à l’arithmétique, et c’est à peu près tout ce qu’il faut pour tenir l’aune ou la balance ; mais Goldsmith devait se trouver bientôt une autre vocation. Le hasard lui donna pour maître un vieux militaire, dont la jeunesse s’était passée en voyages lointains, et qui aimait, comme tous les voyageurs, à raconter ses aventures, en les relevant de circonstances extraordinaires qui n’étaient peut-être pas vraies. Comme c’était déjà de la poésie, l’âme de notre écolier s’ouvrit avidement à ces merveilles. Il entrevit les régions de l’in-