Page:Grenet, Mémoire sur les moyens de conserver la pomme-de-terre sous la forme de riz ou vermicel, 1794.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
(6)

voie à ce que j’ai dit dans mon premier ouvrage.

Je termine ce mémoire par une réflexion importante. Déjà et tout récemment nous avons perdu une assez grande quantité de pommes de terre qui ont été surprises par les dernières gelées. Les instructions du gouvernement répandues de suite dans les départemens pour en tirer parti, quoique dans cet état[1], ont bien pu en sauver une portion ; mais l’insouciance, les routines, les préjugés, tous ennemis jurés des procédés utiles, en ont assurément fait perdre beaucoup.

La pomme de terre n’a plus maintenant rien à appréhender que les effets de la germination prochaine. Hâtons-nous donc de soumettre à la dessication l’excédent de notre consommation ordinaire, en réservant toutefois ce qu’il nous faut pour la plantation prochaine ; et ne laissons plus ni geler, ni pourrir, ni germer une denrée aussi précieuse, qui nous a coûté de l’argent, du terrein, de la peine à planter, à récolter, à serrer, et qui

  1. J’ai fait cuire à la vapeur de l’eau, comme à l’ordinaire et sans aucune préparation préliminaire, des pommes de terre que j’avois fait geler exprès plusieurs jours sur ma fenêtre et qui étoient comme un seul morceau de glace ; j’ai remarqué que dans le commencement de la cuisson elles se sont amollies, mais que sur la fin elles sont devenues fermes. Etant refroidies et ressuyées je les ai divisées dans le cylindre, et le riz desséché que j’en ai obtenu est absolument semblable, et pour sa couleur, et pour sa qualité nutritive, à celui de pommes de terre non gelées.

    J’ai soumis à cette même expérience d’autres pommes de terre gelées, mais qui avoient été amollies naturellement par le dégel, à l’air de l’atmosphère, ce procédé m’a également réussi ; la dessication de ces sortes de pommes de terre s’est même faite plus promptement, parce que dans cet état elles avoient perdues une partie de leur eau. J’excepte cependant de la réussite de ce procédé, les pommes de terre qui pourroient déjà être atteintes d’un commencement de pourriture. Ces expériences que j’ai faites plusieurs