Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/196

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un petit arsenal — deux ou trois morceaux de charbon, quelques poires dures, une paire de bouts de chandelle, un œuf resté sur la table de la cuisine, une bouteille de soda vide et autres menus objets de ce genre, et ouvrant la fenêtre, je me mis à bombarder l’endroit d’où paraissait venir le bruit. Je ne crois pas avoir atteint mon but. Je n’ai jamais connu d’homme qui ait mis un projectile dans un chat, même visible, excepté peut-être par hasard, en visant autre chose. J’ai vu des tireurs de marque, des lauréats de tir, des gens enfin qui s’étaient distingués dans ce sport, je les ai vus tirer au fusil sur un chat à une distance de cinquante yards : ils n’arrivaient seulement pas à en toucher un poil. Je me suis souvent dit qu’au lieu de cible ou de lièvre, ou de toute autre sorte de buts ridicules, on devrait, pour découvrir le prince des tireurs, faire le concours sur des chats.

Mais peu importe, ils s’en allèrent. Il est possible que l’œuf les ait incommodés. J’avais remarqué en le prenant qu’il ne paraissait pas frais. Et je me recouchai, croyant l’incident clos. Dix minutes plus tard, on se mit à sonner violemment à la grande porte. J’essayai de faire la sourde oreille, mais on sonnait avec trop de persistance ; je mis ma robe de chambre et descendis. Un sergent de ville se trouvait devant la porte. Tous les objets que j’avais jetés par la fenêtre, il les avait devant lui, réunis en un petit tas, tous, excepté