Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la majorité d’entre eux iront au paradis. En les comparant aux autres nations chrétiennes, on est fatalement amené à conclure que le paradis est organisé d’après leurs idées. Mais je ne comprends pas comment ils y arrivent. Je ne puis pas croire que l’âme d’un Allemand ait suffisamment d’initiative pour prendre seule son vol jusqu’au paradis et frapper à la porte de saint Pierre. Selon moi, on les transporte là-haut par petits paquets et on les fait entrer sous la direction d’un sergent de ville défunt.

Carlyle a dit des Prussiens, et cela s’applique à tout le peuple allemand, qu’une de leurs vertus principales résidait dans leur capacité d’obéir au commandement. On peut dire des Allemands que ce sont gens à aller partout où on leur commande d’aller et à faire toujours ce qu’on leur ordonne. Envoyez-les en Afrique ou en Asie sous la direction de quelqu’un portant l’uniforme, ils feront sans faute d’excellents colons, tenant tête aux difficultés comme ils tiendraient tête au diable lui-même pourvu qu’ils en aient reçu l’ordre. Livré à lui-même, l’Allemand s’étiolerait bien vite et mourrait, non faute d’intelligence, mais manque de la plus petite parcelle de confiance en soi.

L’Allemand a été si longtemps le soldat de l’Europe que chez lui l’instinct militaire est devenu atavique. Il possède toutes les vertus militaires, mais les vertus militaires ont aussi leurs inconvénients. On m’a raconté l’histoire d’un valet