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CARLOVINGIENS

le parent de tant d’évêques et de saints, donna grande influence aux prélats.

Partout les ennemis des Francs se trouvaient être ceux de l’Église : Saxons païens, Lombards persécuteurs du pape, Aquitains spoliateurs des biens ecclésiastiques. La grande guerre de Pepin fut contre l’Aquitaine. Il ne fit qu’une campagne en Saxe, obtenant la liberté de prédication pour les missionnaires[1], et laissant faire au temps. Deux campagnes suffirent contre les Lombards, le pape Étienne était venu lui-même implorer le secours des Francs. Pepin força les Alpes, força Pavie, et exigea du Lombard Astolph qu’il rendît, non pas à l’empire grec, mais à saint Pierre et au pape[2], les villes de Ravenne, de l’Émilie, de la Pentapole et du duché de Rome. Il fallait que les Lombards et les Grecs fussent bien peu à craindre, pour que Pepin crût ces provinces en sûreté dans les mains désarmées d’un prêtre.

Ce fut une bien autre guerre que celle d’Aquitaine : un mot en expliquera la durée. Ce pays, adossé aux Pyrénées occidentales, qu’occupaient et qu’occupent encore les anciens Ibériens, Vasques, Guasques ou Basques (Eusken), recrutait incessamment sa population parmi ces montagnards. Ce peuple, agriculteur de goût et de génie, brigand par position, avait été longtemps serré dans ses roches par les Romains, puis par les Goths. Les Francs chassèrent ceux-ci, mais ne

  1. De plus, un tribut de trois cents chevaux. App. 116.
  2. Il répondit aux réclamations de l’empereur, qu’il avait entrepris cette guerre pour l’amour de saint Pierre et la rémission de ses péchés.