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HISTOIRE DE FRANCE

ses mains[1]. Il fait dire à un soldat de Charlemagne qu’il portait sept, huit, neuf barbares embrochés à sa lance comme de petits oiseaux[2]. Il l’engage à imiter ses pères, à se conduire en homme, à ne pas ménager les grands et les évêques. « Charlemagne ayant envoyé consulter un de ses fils, qui s’était fait moine, sur la manière dont il fallait traiter les grands, on le trouva arrachant des orties et de mauvaises herbes : Rapportez à mon père, dit-il, ce que vous m’avez vu faire… Son monastère fut détruit. Pour quelle cause, cela n’est pas douteux. Mais je ne le dirai pas que je n’aie vu votre petit Bernard ceint d’une épée. »

Ce petit Bernard passait pour fils naturel de l’empereur. Charles lui-même rendait pourtant la chose douteuse lorsque, accusant sa femme devant la diète de 887, il semblait se proclamer impuissant ; il assurait « qu’il n’avait point connu l’impératrice, quoiqu’elle lui fût unie depuis dix ans en légitime, mariage ». Il n’y avait que trop d’apparence : l’empereur était impuissant comme l’Empire. L’infécondité de huit reines, la mort prématurée de six rois, prouvent assez la dégénération de cette race : elle finit d’épuisement, comme celle des Mérovingiens. La branche française est éteinte ; la France dédaigne d’obéir plus longtemps à la branche allemande. Charles-le-Gros est déposé à la diète de Tribur, en 887. Les divers royaumes qui

  1. C’est ainsi qu’Haroun-al-Raschid met en pièces les armes que lui apportent les ambassadeurs de Constantinople. On sait l’histoire de l’arc d’Ulysse dans l’Odyssée, de l’arc du roi d’Éthiopie dans Hérodote.
  2. App. 181.