Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
416
HISTOIRE DE FRANCE

49 — page 118Les Bretons qui se louaient partout…

Ducange, Glossarium. On disait : un Breton pour un soldat, un routier, un brigand. Guibert, de Laude B. Mariæ, c. x. — Charta an. 1395 : « Per illas partes transierunt gentes armorum, Britones et pillardi, et amoverunt quatuor jumenta. » — On disait aussi Breton, pour : conseiller de celui qui se bat en duel. Édit de Philippe-le-Bel : « … et doit aler cius ki a apelet devant, et ses Bretons porte sen escu devant lui. » Carpentier, Supplément au Glossaire de Ducange. — (Breton, bretteur ? bretailleur ?) — Willelm. Malmsbur., ap. Scr. Fr. XIII, 13 : « Est illud genus hominum egens in patriâ, aliàsque externo ære laboriosæ vitæ mercatur stipendia ; si dederis, nec vilia, sine respectu juris et cognationis, detrectans prælia ; sed pro quantitate nummorum ad quascumque voles partes obnoxium. »


50 — page 118… la femme, objet du plaisir…

Elle est esclave chez les Germains même, comme chez les Celtes. C’est la loi commune des âges où règne sans partage la brutalité de la force.

Strabon, Dion, Solin, saint Jérôme, s’accordent sur la licence des mœurs celtiques. — O’Connor dit que la polygamie était permise chez eux ; Derrick, qu’ils changeaient de femme une fois ou deux par an ; Campion, qu’ils se mariaient pour un an et un jour. — Les Pictes d’Écosse prenaient leurs rois de préférence dans la ligne féminine (Fordun, apud Low, Hist. of Scotland) ; de même chez les Naïrs du Malabar, dans le pays le plus corrompu de l’Inde, la ligne féminine est préférée, la descendance maternelle semblant seule certaine. — C’est peut-être comme mères des rois que Boadicea et Cartismandua sont reines des Bretons, dans Tacite. — Les lois galloises limitent à trois cas le droit qu’a le mari de battre sa femme (lui avoir souhaité malheur à sa barbe, avoir tenté de le tuer, ou commis adultère). Cette limitation même indique la brutalité des maris. — Cependant l’idée de l’égalité apparaît de bonne heure dans le mariage celtique. Les Gaulois, dit César (B. Gall., lib. VI, 17) apportaient une portion égale à celle de la femme, et le produit du tout était pour le survivant. Dans les lois de Galles, l’homme et la femme pouvaient également demander le divorce. En cas de séparation, la propriété était divisée par moitié. Enfin dans les poésies ossianiques, bien modifiées il est vrai par l’esprit moderne, les femmes partagent l’existence nuageuse des héros. Au contraire, elles sont exclues du Walhalla scandinave.