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HISTOIRE DE FRANCE

110 — page 227Ce choc de deux races… immense massacre…

Selon Paul Diacre (l. VI) les Sarrasins perdirent trois cent soixante-quinze mille hommes. — Isidore de Béja a raconté cette guerre vingt-deux ans après la bataille, dans un latin barbare. Une partie de son récit est en rimes, ou plutôt en assonances. (On retrouve l’assonance dans la chanson des habitants de Modène, composée vers 924) :

Abdirraman multitudine repletam
Sui exercitùs prospiciens terram,
Montana Vaccorum disecans,
Et fretosa et plana percalcans,
Trans Francorum intus experditat

............

(Isidor. Pacensis, ap. Scr. Rer. Fr. II, 721.)

111 — page 228… Charles-Martel distribuait les dépouilles des évêques…

Chronic. Virdun., ap. Scr. Fr., III, 364. « Tantâ enim profusione thesaurus totius ærarii publici dilapidatus est, tanta dedit militibus, quos soldarios vocari mos obtinuit (soldarii, soldurii ? on a vu que les dévoués de l’Aquitaine s’appelaient ainsi)…, ut non ei suffecerit thesaurus regni, non deprædatio urbium… non exspoliatio ecclesiarum et monasteriorum, non tributa provinciarum. Ausus est etiam, ubi hæc defecerunt, terras ecclesiarum diripere, et eas commilitonibus illis tradere, etc » — Flodoard, l. II, c. xii : Quand Charles-Martel eut défait ses ennemis, il chassa de son siège le pieux Rigobert, son parrain, qui l’avait tenu sur les saints fonts de baptême, et donna l’évêché de Reims à un nommé Milon, simple tonsuré qui l’avait suivi à la guerre. Ce Charles-Martel, né du concubinage d’une esclave, comme on le lit dans les Annales des rois Francs, plus audacieux que tous les rois ses prédécesseurs, donna non seulement l’évêché de Reims, mais encore beaucoup d’autres du royaume de France, à des laïques et à des comtes ; en sorte qu’il ôta tout pouvoir aux évêques sur les biens et les affaires de l’Église. Mais tous les maux qu’il avait faits à ce saint personnage et aux autres Églises de Jésus-Christ, par un juste jugement, le Seigneur les fit retomber sur sa tête ; car on lit dans les écrits des Pères que saint Euchère, jadis évêque d’Orléans, dont le corps est déposé au monastère de Saint-Trudon, s’étant mis un jour en prière, et absorbé dans la méditation des choses célestes, fut ravi dans l’autre vie ; et là, par révélation du Seigneur, vit Charles tourmenté