Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHAPITRE IX.


M. JOUFFROY ECRIVAIN.


I


Les gens qui ont écouté M. Cousin et M. Jouffroy disent qu’on ne vit jamais dans une chaire de philosophie deux talents si grands et si différents. M. Cousin était le plus admirable tragédien du temps. Il préparait sa leçon huit jours à l’avance, idées, plan, style, métaphores, et jusqu’aux mots saillants ; il l’écrivait ; il la récrivait ; il l’apprenait par cœur ; il la répétait devant ses amis, devant les indifférents, devant tout le monde. Il la possédait dans les plus petits détails, comme un pianiste son morceau de concert. Le jour venu, les applaudissements, la popularité, les annonces