Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/333

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rité, parce qu’il avait fui le ton sublime ; et plusieurs personnes déjà préfèrent ses petites phrases précises, dignes d’un code et d’une algèbre, aux métaphores de Victor Hugo et au galimatias de Balzac. On relit le dix-huitième siècle ; sous les moqueries légères on trouve des idées profondes ; sous l’ironie perpétuelle, on trouve la générosité habituelle ; sous les ruines visibles on trouve des bâtisses inaperçues. Quelques personnes commencent à redouter le sentiment, à discuter l’enthousiasme, à rechercher les faits, à aimer les preuves. S’il s’en rencontre beaucoup, une nouvelle philosophie se formera.

Quelles idées apportera-t-elle ? Je n’ai point la hardiesse de les prédire. J’exposerai simplement comment on doit les chercher ; il s’agit du moyen de découvrir, non de la découverte ; j’ose parler de la voie, et non du but. Quoi qu’il en soit, et quoi qu’il arrive, aujourd’hui tout homme un peu versé dans l’histoire prévoit l’effet de son travail. L’exemple de ses devanciers lui donne la mesure de ce qu’il fera, et ce qu’il fera est peu de chose. Il voit l’image de ce qu’il est et de ce qu’est la science dans les palais récemment déterrés des grandes cités orientales. Des pilastres, des étages de portiques, des labyrinthes de galeries, des salles immenses amoncelées en tours, des temples accumulés comme des cellules d’abeilles, des allées sans