Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/347

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faits subordonnés au fait principal. Des faits, des rapports, il n’y a rien d’autre. Nous avons purgé notre esprit d’un être métaphysique. C’est une bonne œuvre, et ce n’est pas une petite œuvre. On a passé des siècles à raisonner sur la force vitale ; et des gens fort savants, à Montpellier, dépensent encore en son honneur la moitié de leur temps et tout leur esprit.

Continuons l’analyse, ou plutôt continuez-la seul ; vous réduirez de même à des faits ou à des rapports toutes les expressions des sciences physiques. L’air pesant est une force ; cela veut dire qu’en l’appliquant sur la cuvette du baromètre, il forcera le mercure à monter, en d’autres termes, que l’air s’appliquant sur le baromètre, le mercure montera nécessairement. — La chaleur a une force de dilatation : cela veut dire que la chaleur forcera cette barre à se dilater, en d’autres termes, que cette barre étant chauffée se dilatera nécessairement. — Le fer et l’oxygène ont une force d’affinité réciproque : cela veut dire que le fer exposé à l’air humide se combinera nécessairement avec l’oxygène. Nécessité, nécessairement, le même mot chaque fois se répète ; chaque fois il y a deux faits, et chaque fois il s’agit d’un rapport qui les lie. La présence de l’air et l’élévation du mercure ; la présence de la chaleur et la dilatation de la barre ; la présence du fer entouré d’air humide et la nais-