Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pons les escaliers du Collège de France. Nous arrêtons M. Coste. « Brisez, monsieur, ces détestables bocaux, ces fœtus immoraux, ces œufs, ces spécimens d’embryogénie. Renoncez à l’épigénèse. Revenez à la théorie des germes préexistants. Rien de plus dangereux que de montrer une goutte de sang se transformant elle-même, et par elle seule, en un animal qui vit et qui pense. Cela sent le panthéisme. On voit trop clairement ici l’instinct aveugle de la nature artiste et créatrice, l’effort inné par lequel la matière dispersée s’organise, acquérant des propriétés et des perfections qu’elle n’avait pas. Gardez plutôt la théorie qui déclare les vivants tout formés dans l’ovaire ; dites que l’animal ne se crée pas, qu’il s’accroît ; que, fabriqué tout entier d’avance, il est aussi compliqué au premier qu’au dernier jour, que sa grosseur change, non sa structure ; qu’Ève contenait incluses les unes dans les autres, achevées et complètes, les cent quatre-vingts générations qui d’elle ont transmis la vie jusqu’à nous. Comprenez, comme Malebranche, que nulle théorie ne révèle mieux l’industrie d’un artisan tout-puissant, distinct du monde. Dogme très-beau et très bon, et qui, à ce titre, a le droit de régler la science des fœtus, comme la science des roches, et comme la science du corps humain. »

À ces réclamations que diront les savants ? D’à-