Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/89

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dances flottantes et contraires, une tendance finale et fixée ; au lieu d’efforts ébauchés et suspendus par d’autres, un effort définitif et unique. Vous couriez à droite, à gauche, entre deux partis contraires ; vous voilà arrêté. Vous erriez à l’aventure, hors de toutes limites ; vous voilà déterminé. C’est une détermination, en d’autres termes une résolution. La résolution est la tendance arrêtée, fixée, finale, prépondérante, définitive. Qui osera dire qu’elle est un être ? Qui ne voit qu’elle est un fait passager, momentané, périssable ? Pendant la délibération elle ne pouvait point être. Par définition et par nature, elle suppose un moment qui la précède et où elle n’existe pas. Elle est l’extrémité d’une action, et les extrémités supposent un commencement où elles manquent. C’est une fleur portée au bout d’une tige, et qui n’est pas la tige. Elle est une action isolée, un état partiel du tout continu et persistant qui est l’âme. Dire qu’elle est l’âme, c’est dire que l’arbre est la fleur.

Répondrez-vous que ce n’est pas la résolution, mais la volonté ou pouvoir de se résoudre qui est un être ? On vous renverra à l’idéologie, et on vous prouvera par l’analyse que le mot pouvoir n’est rien qu’une expression générale. J’ai vu plusieurs fois cette pierre tomber : donc elle peut tomber ; donc elle a le pouvoir de tomber. J’ai remarqué plu-