« Je crois que tout mon lit de chardons est semé »

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XLVII


Je crois que tout mon lict de chardons est semé,
Qu’il est rude et mal fait. Hé Dieu ! suis-je si tendre,
Que je n’y puis durer ? je ne fay que m’estendre
Et ne sens point venir le somme accoustumé.

Il est apres my-nuit, je n’ay pas l’œil fermé,
Et mes membres lassez repos ne peuvent prendre.
Sus, Phœbus, leve-toy, ne te fay plus attendre,
Et de tes clairs regars rens le ciel allumé.

Que la nuit m’importune, et m’est dure et contraire !
Mais pourtant c’est en vain, ô Phœbus que j’espere
D’avoir plus de clarté par ton nouveau retour ;

Car je serai couvert d’une effroyable nuë,
Tant qu’un plus beau soleil, qui me cache sa veuë,
Vienne luire à Paris et m’apporte le jour.