Épîtres (Voltaire)/Épître 90
Apparence
ÉPÎTRE XC.
À MONSIEUR LE PRÉSIDENT HÉNAULT,
SUR SON BALLET DU TEMPLE DES CHIMÈRES,
Mis en musique par M. le duc de Nivernais, et représenté chez M. le maréchal de Belle-Isle en 1760.
Mis en musique par M. le duc de Nivernais, et représenté chez M. le maréchal de Belle-Isle en 1760.
Votre amusement lyrique
M’a paru du meilleur ton,
Si Linus[1] fit la musique,
Les vers sont d’Anacréon.
L’Anacréon de la Grèce
Vaut-il celui de Paris ?
Il chanta la double ivresse[2]
De Silène et de Cypris ;
Mais fit-il avec sagesse
L’histoire de son pays ?
Après des travaux austères,
Dans vos doux délassements
Vous célébrez les chimères.
Elles sont de tous les temps :
Elles nous sont nécessaires.
Nous sommes de vieux enfants ;
Nos erreurs sont nos lisières,
Et les vanités légères
Nous bercent en cheveux blancs.