Épîtres (Voltaire)/Épître 63
ÉPÎTRE LXIII.
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Lorsque, pour tenir la balance,
L’Anglais vide son coffre-fort ;
Lorsque l’Espagnol sans puissance
Croit partout être le plus fort ;
Quand le Français vif et volage
Fait au plus vite un empereur[1] ;
Quand Belle-Isle n’est pas sans peur
Pour l’ouvrier et pour l’ouvrage ;
Quand le Batave un peu tardif,
Rempli d’égards et de scrupule,
Avance un pas et deux recule
Pour se joindre à l’Anglais actif ;
Quand le bonhomme de saint-père
Du haut de sa sainte Sion
Donne sa bénédiction
À plus d’une armée étrangère,
Que fait mon héros à Berlin ?
Il réfléchit sur la folie
Des conducteurs du genre humain ;
Il donne des lois au destin,
Et carrière à son grand génie ;
Il fait des vers gais et plaisants ;
Il rit en donnant des batailles ;
On commence à craindre à Versailles
De le voir rire à nos dépens[2].
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