Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 10/059

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Lecoffre (Œuvres complètes volume 10, 1873p. 341-342).

LIX
SILVIO PELLICO À FRÉDÉRIC OZANAM
Turin, 5 novembre 1839.

Vous aurez reçu par M. Collombet mes salutations et mes remercîments. Il est temps que je vous prie de m’excuser de ce que j’ai tardé si longtemps à vous exprimer moi-même combien j’apprécie le don aimable que vous m’avez fait. Votre livre sur Dante me plaît ; c’est un bon livre sous tous les rapports. Ce que vous dites de la philosophie toute catholique de ce grand poète est de la plus exacte vérité. Les malheureux écrivains, contraires à l’Église, qui ont tâché de faire de Dante un de leurs patriarches, étaient pitoyablement aveuglés par leurs préjugés. Votre manière de les réfuter est triomphante. Tous les Italiens doivent se féliciter de la fraternité qui vous unit à eux et qui vous a inspiré une si noble et sainte apologie de leur poëte chéri. Vous nous faites oublier le nombre infini de jugements inexacts qui ont été portés sur notre littérature au delà des Alpes. Mais, à l’égard de Dante, il faut dire que parmi ceux qui l’ont peint sous de fausses couleurs, il y a bien des Italiens. Je joins à mes actions de grâce pour votre livre l’expression toute particulière de ma reconnaissance pour ce que vous m’adressez d’infiniment bienveillant dans votre lettre. Que Dieu vous conduise toujours et qu’il vous sanctifie Vous avez du talent employez-le constamment à son honneur, à l’honneur de sa chère Église, notre mère, l’unique dépositaire du vrai. Ecrivez, et surtout agissez toujours de façon à édifier les amis et les ennemis. Aspirons sans cesse à nous rendre meilleurs serviteurs et enfants de notre divin modèle, Jésus. Un de mes amis, Piémontais, le comte Cesare Balbo, a écrit une Vie, aussi très-catholique, de Dante. Cet ouvrage doit vous plaire. Il m’en a donné un exemplaire pour vous, je vous l’envoie par M. Bonafous.

Mille choses affectueuses à M. Collombet. Dites lui que je le remercie de m’avoir rapproché du bon Boëce. Dites-lui que j’aime ses livres.