Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 11/037

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Lecoffre (Œuvres complètes volume 11, 1873p. 237-238).
XXXVII
À M. L’ABBÉ OZANAM.
Paris, 7 mai 1848.

Mon bon frère,

Je t’écris plus souvent, que tu ne crois, car j’ai bien l’honneur de correspondre avec dix-huit cents prêtres pour le moins, toi, compris, par l’entremise de l’Ère Nouvelle. Cette occupation et celle de mon cours, que je reprends, suffisent à mes forces, qui ne sont pas tout à fait telles que je les voudrais, si je les juge par la fatigue que me laissent mes exploits militaires. L’autre jour, ayant eu la faveur de monter la garde à la porte de l’Assemblée nationale, j’ai failli périr de lassitude et de chaleur. Il faut pourtant bien que j’aie l’honneur de la protéger, puisque je n’ai pas celui de l’éclairer de mes lumières. Ma candidature, annoncée seulement quatre jours avant les élections, n’a réuni que le nombre insuffisant d’environ seize mille voix. Il en résulte qu’en m’y prenant plus tôt, en me rendant sur les lieux, je pouvais réussir ; mais Dieu sans doute a voulu m’épargner des devoirs trop redoutables, et me renvoyer aux études dont il m’a donné le goût.