Émile Nelligan, Automne dans Émile Nelligan et son œuvre 1903
AUTOMNE
Comme la lande est riche aux heures empourprées,
Quand les cadrans du ciel ont sonné les vesprées !
Quels longs effeuillements d’angelus par les chênes !
Quels suaves appels des chapelles prochaines !
Là-bas, groupes meuglants de grands bœufs aux yeux glauques
Vont menés par des gars aux bruyants soliloques.
La poussière déferle en avalanches grises
Pleines du chaud relent des vignes et des brises.
Un silence a plu dans les solitudes proches :
Des Sylphes ont cueilli le parfum mort des cloches.
Quelle mélancolie ! Octobre, octobre en voie !
Watteau ! que je vous aime, Autran, ô Millevoye !