Analyse du Kandjour/Le Dulva/04

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Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 180-184).

VOLUME IV — (Nga)

Ce volume contient 470 feuilles, 27 parties ou livres depuis le 83me jusqu’au 108me livre, inclusivement.

Sujet : — Feuilles 1-22. Continuation des circonstances qui ont poussé Çâkya à adopter la vie religieuse. Ses réflexions sur la vieillesse, la maladie, la mort et l’état religieux. Il voit la condition misérable des agriculteurs ou des classes laborieuses. Miracle de l’ombre d’un arbre (l’arbre jambu). Ses mariages avec Sa-hts’o-Ma[1], Grags-hdzin-Ma[2], et Ri-dags-Skyes[3]. Détails sur ces mariages. Son ardent désir d’adopter la vie religieuse. Précautions prises par son père pour l’empêcher de quitter la cour : songes de sa femme et d’autres personnes. Indra, Brahma et d’autres dieux l’exhortent en vers à renoncer au monde ; — sa réponse. — Sa sortie ou son départ ; — détails sur cet événement. Son entretien avec son serviteur (Hdun-Pa). — Son beau cheval (Rta-mchog-Bsnags-ldan), feuille 22.

Feuille 23. — Il commence sa vie ascétique. — Feuille 24. Il arrive à Râdjagṛha. Le roi Bimbasâra observe sa démarche, en est fort satisfait ; il envoie quelques-uns de ses gens voir qui il est, quelle sorte d’homme c’est ; — rapport des envoyés. Alors le roi en personne accompagné de ses officiers lui rend visite ; — leur entretien (en vers). — Çâkya lui dit qu’il y a dans le voisinage de l’Himâlaya (ou Kaïlâça, Tib. Gangs-rî) une contrée appelée Koçala, riche en grains, habitée par les Çâkyas, descendants de Puram-Çing-pa (sk. Ixvaku du Sûrya-vaṃça[4] ou Angirâsa) ; qu’il est de la famille royale, et qu’il a renoncé à tous les désirs mondains (feuille 25).

Feuille 26. — Il quitte Râjagṛha, va à la colline de Gṛdhrakûta, et visite successivement plusieurs ermites qui professent des principes différents. Il reçoit de tous un bon accueil ; mais choqué de l’absurdité de leurs théories et de leurs pratiques, il ne tarde pas à les quitter et les surpasse tous dans leurs mortifications : de là vient qu’on l’appelle Dge-sbyong chen-po ou le « grand prêtre »[5] (sk. Mahâ-Çramana).

Folio 29. — De quelle manière il se livre à la méditation et accomplit ses mortifications sur les bords de la rivière Nairañjana (folios 33-39). Il trouve un grand plaisir dans la méditation ; mais s’apercevant que l’abstinence est nuisible à ses facultés mentales, il se décide à prendre de la nourriture, et deux jeunes filles lui apportent une excellente soupe au lait. En le voyant adopter ce nouveau régime, ses cinq compagnons l’abandonnent.

Feuille 43. — Il se rend à Rdo-rje Gdan (sk. Vajrâsana) près le moderne Gayâ[6], se livre à la méditation, surmonte le diable, et trouve la suprême sagesse ; il devient un saint ou un Buddha : — grande joie à la cour de son père lorsqu’y parvient la nouvelle de son élévation ; — pour quoi les noms de Râhula et Ananda furent donnés à son fils et à son cousin qui naquirent à Kapila-vastu, la nuit même où il devint un saint (feuilles 51-52).

Feuille 59. — À la suite des exhortations de Brahma, le dieu de l’univers, il se décide à faire part de sa doctrine aux autres selon leurs capacités. Il se rend à Vârânasi. Ces cinq compagnons qui l’avaient quitté naguère, apprenant ses succès, et convaincus de ses perfections, sont les premiers à devenir ses disciples[7]. À partir de ce moment le nombre de ses disciples croît rapidement. — Ascètes de tout genre ; — des hommes de diverses tribus et professions viennent à lui et adoptent la doctrine bouddhique. On raconte d’une manière détaillée dans ce volume comment telles et telles personnes, en tel et tel endroit ont adopté ses doctrines. — Enseignement. — Compliments. — Les quatre vérités.

Feuille 106. — Lieu de naissance de Çâkya près de l’Himâlaya sur le bord de la Bhâgirathi (tib. Skal-ldan cing-rta) non loin de Kapila-vastu (tib. Ser Skya-Gji).

Feuilles 107-8. — Le roi de Magadha Vimbasâra-Çrenika offre à Çâkya et à ses disciples de leur fournir tout ce dont ils auront besoin, tant qu’il vivra.

Feuille 109. — Les insignes royaux (de Bimbasâra) : 1o Coussin ou trône orné ; 2o ombrelle ou parasol ; 3o épée ; 4o chasse-mouches ou queue de yak, à manche garni de pierreries ; 5o chaussures de nuances diverses.

Feuille 123. — Termes pour faire venir ou appeler les domestiques et leur donner des ordres afin de préparer le déjeuner.

Feuille 128. — Histoire de la fondation religieuse de plusieurs grandes constructions (tib. Gtsug-lag-khang, sk. Vihar ou Bihar) dans un parc voisin de Çrâvastî en Koçala, par un riche propriétaire[8] (feuille 137). Çâkya y est invité ; — son voyage ; — miracles qui se produisent à son arrivée.

Feuille 142. — Le roi de Koçala Gsal-rgyal écrit au roi Zas-Gtsang-ma (sk. Çuddhodana), père de Çâkya, pour lui dire que son fils a trouvé le breuvage d’immortalité, avec lequel il refait tous les hommes. Le père, désireux de le voir, lui envoie plusieurs messagers pour le faire venir ; tous entrent dans l’ordre religieux : nul ne prend même la peine de lui rapporter des nouvelles. À la fin, Char-ka[9], son ministre, demande à y aller lui-même pour lui en rapporter de certaines ; il lui promet de revenir dans tous les cas. Muni d’une lettre du roi, il se rend auprès de Çâkya, à Çrâvasti. Il ne tarde pas à se convertir au bouddhisme, mais obtient la permission de retourner, en qualité de prêtre, pour informer le roi de ce qui est arrivé et lui annoncer que, dans sept jours, il verra son fils à Kapila-vastu. Instruction de Çâkya à Char-ka sur l’attitude qu’il devra avoir à Kapila-vastu et les réponses qu’il devra faire aux questions du roi (feuille 144). — Comparaison des grandes et des petites choses. — Préparatifs pour la réception de Çâkya.

Feuille 146. — Ordre du roi à ses officiers, pour bâtir, dans le parc du Nyagrodha, 16 grandes salles et 60 petites. Çâkya part avec plusieurs de ses disciples pour se rencontrer avec son père à Kapila-vastu.

Feuille 149. — Description de leur rencontre ; — leurs compliments mutuels et leur conversation (en vers).

Feuilles 150-152. — Enseignement religieux ; la race Çâkya adopte le bouddhisme, et il n’est pas de famille ou de maison dont un membre n’entre dans la vie religieuse[10]. Histoire de plusieurs individus de la famille de Çâkya.

Feuille 164. — Ñe-Var-Hkhor[11], barbier des Çâkyas, entre dans l’ordre ; — il acquiert une grande perfection ; — c’est à lui qu’on attribue la compilation du Dul-va.

Feuille 171. — Histoire de Kohudinya, un des principaux disciples de Çâkya et aussi de quelques autres personnages[12].

Feuilles 242-3. — Kun-dgah-vo (sk. Ananda) est déclaré le premier disciple de Çâkya.

Feuille 341. — Lus-Hphags-mahi-bu-Ma-skyes-Dgra[13] cause la mort de son père Bimbasâra[14] : — qui le console dans ses grands troubles et son anxiété.

Feuille 349. — Lhas-Sbyin ou Lhas-byin, un des cousins de Çâkya. — Sa grande haine et méchanceté envers Çâkya. — Çâkya cite plusieurs exemples et raconte plusieurs apologues moraux en les appliquant à lui-même et à ce Lhas-sbyin ou à quelque autre individu, car le nom de Lhas-sby’in (sk. Devadatta « Donné par un dieu (Deva) ou par les Devas » ; c’est l’équivalent de « Dieudonné ».) désigne fréquemment tout caractère méchant ou tout homme pervers.

Feuille 392. — Détails sur les moyens employés par Lhas-sbyin pour causer des divisions parmi les disciples de Çâkya[15], qui raconte plusieurs histoires et les applique tant à Lhas-sbyin qu’à Ma-skyes-Dgra, le roi de Magadha, pour montrer les mauvaises conséquences de l’immoralité.

Feuilles 417-449. — Instructions morales de Çâkya au roi de Magadha Ma-skyes-dgra. (La plus grande partie n’est que la répétition des paroles adressées plus haut dans le deuxième volume du Dulva à Ma-sdug)[16].

Feuille 449. — Complots ultérieurs de Lhas-sbyin pour nuire à Gautama (Çâkya).

Feuille 470. — Ici finit la section qui a pour titre : « L’action de causer des divisions parmi les prêtres. « Avec elle finit également la partie qui a pour titre général : « La discipline religieuse », tib. Hdul-vahi-Gj̈i (sk. Vinaya-vastu).

Ces quatre volumes de la collection Dulva ont été traduits de la langue indienne ou sanscrite dans le ixe siècle de notre ère par Sarvajñâ-deva Vidya-kara-prabha, et Dharmakaro, savants pandits, le premier et le troisième de Kâçmir, le deuxième de l’Inde ; et par le Lotsava tibétain Bandé Dpal-gyi-Lhun-po. Plus tard, ils ont été corrigés et mis en ordre par le pandit indien Vidya-Kara-Prabha et le Lotsava tibétain Bandé Dpal-Brtsegs.

Dans les quatre volumes suivants du Dulva (depuis le cinquième jusqu’au huitième inclusivement), désignés par les lettres CA, CHA, JA, ÑA, ཅ ཆ ཇ ཉ se trouve une énumération des diverses lois ou règles (Khrims), au nombre de 253, relatives à la conduite des prêtres (Dge-slong), et une explication de ces règles au moyen de plusieurs histoires ou paraboles racontées tout au long.

  1. En sanscrit Gopâ. (L. F.)
  2. En sanscrit Râhula-mâtâ (mère de Râhula) ; Son nom est Yaçodharâ. (L. F.)
  3. En sanscrit Mṛgaja (?) (L. F.)
  4. « Famille du soleil ». (L. F.)
  5. Ou plutôt « le grand ascète ». (L. F.)
  6. Moderne et ancien tout à la fois ; car le nom Gayâ se trouve dans les textes bouddhiques et il a subsisté à travers les siècles jusqu’à nos jours. (L. F.)
  7. Toute cette histoire est reproduite plus ou moins abrégée dans d’autres portions du Dulva ou d’autres sections du Kandjour. Le sûtra intitulé Abhiniṣkramâṇa (Mdo xxvi 1o) n’est guère que la répétition textuelle de toute cette partie du Dulva. — Le Lalitavistara (Mdo ii 1o) est une rédaction différente de tous les faits racontés ici. (L. F.)
  8. Nous avons déjà dit que ce parc est Jetavana, et ce riche propriétaire Anathapindada. Voir ci-dessous vol. III, folios 306-365 (page 47, note). (L. F.)
  9. Voir ci-dessus vol. III, folio 239 (page 4?0[illisible]). (L. F.)
  10. Tout ce qu’on vient de lire est répété dans les mêmes termes ou avec de très légères variantes au volume VI. (L. F.)
  11. En sanscrit : Upâli. (L. F.)
  12. Cette partie de l’analyse est malheureusement trop sommaire. (L. F.)
  13. En sanscrit Vaïdeha Ajâtaçatru.
  14. Est-ce euphémisme ou ignorance ? Ajâtaçatru a été le meurtrier de son père. (L. F.)
  15. C’est pour en arriver là qu’on a raconté toute l’histoire de Çâkyamuni, de ses ancêtres et des origines du monde depuis le folio 418 du volume III ; car nous sommes toujours dans la section XVI relative au crime consistant à « causer des divisions parmi les prêtres », laquelle commence Dulva III, folio 417. Csoma a remarqué qu’il n’en est pas dit un mot à la fin du volume ; en effet la fin du volume III et les 301 premiers feuillets du volume IV ne sont qu’un préambule, une introduction à cette section d’ailleurs très importante. (L. F.)
  16. Pour l’histoire de Ma-sdug. Voir ci-dessus page 36 (feuillets 155 et suivants du volume II. (L. F.)