Anthologie japonaise ; poésies anciennes et modernes/Hyakou-nin-is-syou/Depuis que je t’ai connue

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DEPUIS QUE JE T’AI CONNUE

















Aï-mite-no notsi-no kokoro-ni kurabureba,
Mukasi-va mono-wo omovazari keri[1].



Si je compare ce que sont devenues mes pensées depuis que je t’ai connue,
Auparavant je n’avais point de pensées[2].

Le poëte veut dire que, bien qu’il possédât des pensées d’amour pour sa bien-aimée avant de l’avoir possédée, ces pensées, quelque ardentes qu’elles fussent, n’étaient rien en comparaison de ce qu’elles sont devenues depuis.

Cette pièce, extraite de la collection Siû-ï-siû, a été composée par le tsiounagon Atsŭ-tada, qui vécut sous les règnes de Daï-go Ten-ô et de Syu-zyakŭ Ten-ô (dans la première moitié du dixième siècle de notre ère). Il était le troisième fils du sadaïzin Zi-heï-kô. On fixe sa mort à la sixième année de l’ère impériale Ten-kei (an 943).

  1. Hyakŭ-nin-is-syu, pièce xliii ; Hito-yo gatari, vol. IV, fo 23 ; Si-ka-zen-yô, p. 16.
  2. L’idée de cette pièce, dont ma traduction ne rend que très-imparfaitement la charmante concision, rappelle ce passage de la chanson de Léone-Léoni :

    Avant le jour de ta présence,
    Je ne me souviens plus d’un jour.
    Mais tu parus : mon existence
    A commencé de ton amour.