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Arnoldiana/Texte entier

La bibliothèque libre.


ARNOLDIANA.















Se trouve au Palais-Royal,

chez

DELAUNAY, libraire, galerie de bois, n° 243 ;

BLANCHARD, libraire, galerie de bois, n° 249 ;

PETIT, libraire, galerie de bois, n° 257 ;

DENTU, libraire, galerie de bois, n° 266.



ARNOLDIANA,


OU


Sophie Arnould


et ses Contemporaines ;


RECUEIL CHOISI

d’Anecdotes piquantes, de Réparties et de

bons Mots

DE Mlle ARNOULD ;

précédé d’une Notice sur sa Vie et sur l’Académie impériale de Musique.


PAR L’AUTEUR DU BIÈVRIANA.


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Son cœur n’eut jamais part aux jeux de son esprit.

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PARIS,


GÉRARD ; rue Saint-André des Arcs ; n° 59.


1813.





AVANT-PROPOS.



Il en est des ana comme de la plupart des ouvrages littéraires, sunt bona, sunt mala, sunt mediocria plura ; on pourrait comparer ces sortes de recueils à une cordonnerie, où chacun trouve chaussure à son pied. Voilà ce qui explique le prodigieux débit de toutes ces compilations indigestes qui se copient les unes les autres ; car depuis longtemps on ne fait des livres qu’avec des livres, et les modernes ressassent continuellement ce que les anciens ont écrit.

L’opuscule que nous publions ne contient que des choses qui ont déjà été dites ; mais il présente beaucoup de traits peu ou point connus, beaucoup d’anecdotes dramatiques qui ne se reproduisent plus. Les peines que nous avons prises pour en faire la découverte, les soins que nous nous sommes donnés pour les rédiger doivent nous assurer un droit de propriété qu’on refuse ordinairement aux simples compilateurs.

Les ana étaient savans dans le siècle où l’on cultivait les sciences : dans celui où l’on effleure tout, où l’on analise tout, les ana doivent suivre le goût du siècle ; aussi un grand nombre de recueils d’anecdotes et de jeux d’esprit affichent ce titre avantageux, qui malheureusement a servi de passeport à bien des sottises.

La majeure partie des ouvrages que nous voyons appartient plutôt aux mots qu’aux choses ; ce sont les mots qui ont engendré toutes les petites pièces légères dont le mérite consiste surtout dans l’association des termes ou dans la tournure des phrases : de là cette foule de jeux de mots qui bien souvent donnent de l’esprit à ceux qui n’en ont pas.

L’Arnoldiana ne semblera peut-être qu’une facétie aux gens frivoles qui ne s’attachent qu’aux mots ; mais pour le philosophe qui observe les choses cet opuscule doit être un appendice au tableau des mœurs du 18e siècle. Le rôle brillant qu’ont joué dans les beaux jours du règne de Louis XV les actrices, les chanteuses, les danseuses et les courtisanes de toutes classes, rappelle des événemens singuliers qui ont influé plus qu’on ne pense sur le système social.

Sophie Arnould a occupé pendant une trentaine d’années une place distinguée parmi les beaux-esprits : elle était charmante au théâtre et jouait en perfection, mais ce qui la faisait rechercher avec empressement c’était l’esprit à la mode, cet esprit frondeur et libertin qui plaisait alors dans le monde, et donnait du relief à celui ou à celle qui le mettait en usage.

Elle était vive, étourdie, et hasardait toutes les idées qui se présentaient à son imagination. La plupart de ses bons mots ont le ton de fille, mais d’une fille de beaucoup d’esprit. Dans la quantité des plaisanteries qu’elle se permettait il se rencontrait souvent des saillies heureuses qui faisaient oublier les mauvaises : la coterie qui se rassemblait chez elle les recueillait avec avidité, et les publiait avec complaisance.

Sophie Arnould remplaça dans le département des bons mots la célèbre Caitou, qui mourut en 1770 pensionnaire de l’Opéra. Cette chanteuse avait un talent médiocre, mais elle s’était acquis une grande considération entre ses camarades par ses saillies ingénieuses, dont quelques-unes ont été rédigées en apophtegmes, ont fait proverbes, et sont consignées dans un ouvrage intitulé le Code lyrique.

Quelqu’un disait que Mlle Arnould avait son esprit en argent comptant : — C’est dommage, reprit-on, qu’elle le mette en petite monnaie. — Quoi qu’il en soit, peu de femmes ont eu la répartie aussi vive que cette charmante actrice. Ses bons mots sont très-nombreux, et chacun s’est plu à les répéter, mais en voyageant ils s’altéraient, ils changeaient de maîtres ; beaucoup de gens se sont parés de ses dépouilles : au surplus on n’emprunte qu’aux riches.

Fontenelle a dit : «Lorsque je me permets quelque plaisanterie un peu libre les jeunes filles et les sots ne m’entendent point. » Sophie Arnould n’eût osé donner cette excuse, car la gaze dont elle voilait ses gaillardises était quelquefois si légère qu’on devinait aisément ce qu’elle voulait déguiser.

Nous avons écarté de cet opuscule des propos graveleux qui firent autrefois fortune dans les coulisses et les petits soupers ; mais nous avons cru devoir insérer quelques mots à double entente, afin de conserver à notre héroïne le caractère qui la distinguait. Lorsqu’on examine un portrait pourrait-on reconnaître le modèle si le peintre n’en avait pas exactement dessiné tous les traits ? Il en est ainsi d’un personnage célèbre dont un écrivain peint l’esprit ; il doit en indiquer les traits caractéristiques, sans quoi l’ouvrage n’a point de physionomie.

Les matériaux de l’Arnoldiana étaient rassemblés il y a plusieurs années, et cet ouvrage devait paraître sous le titre d’Esprit de Mlle Arnould ; mais au moment où nous comptions le publier, ayant appris qu’un opuscule du même genre allait circuler sous ce titre, nous avons cru devoir changer le frontispice de notre livre, qui au fond est le véritable esprit de Sophie Arnould, mis en scène et présenté sous tous ses aspects.




NOTICE
SUR L’OPÉRA.


L’Opéra passe généralement pour le plus étonnant et le plus fastueux des spectacles de l’Europe : c’est dans ce temple, théâtre des brillantes illusions et des illustres galanteries, que le génie, les talens et les grâces se réunissent pour produire le plus magnifique et le plus enchanteur de tous les jeux publics : là de jeunes prêtresses sont formées aux arts aimables qui peuvent émouvoir les sens et les séduire ; les unes charment l’oreille en célébrant les louanges des dieux et des déesses, d’autres, par des danses passionnées, en caractérisent les attitudes, en peignent la situation la plus voluptueuse , toutes s’efforcent à l’envi d’allumer dans tous les cœurs ce beau feu, ame de l’univers, qui tour à tour le consume et le reproduit.

Les Italiens sont les premiers qui aient fait jouer des opéras ; ils commencèrent à paraître sous le pontificat de Léon X, et l’on prétend que ce fut Ottavio Rinnucini, poëte florentin, qui donna la manière de représenter en musique les ouvrages dramatiques. Sous le règne de Louis XII on composait à la cour des ballets où l’on mettait des récits et des dialogues en plusieurs parties ; mais on faisait venir d’Italie les musiciens et les chanteurs. En 1581 le maréchal de Brissac, gouverneur du Piémont, envoya à la reine mère son valet-de-chambre, surnommé Beaujoyeux, lequel était un bon violon, et qui fit le ballet des noces du duc de Joyeuse avec Melle de Vaudemont, sccur de la reine. Beaulieu et Salomon, maîtres de la musique du roi, l’aidèrent dans la composition des récits et des airs de ballet ; la Chesnaye, aumônier du roi, composa une partie des vers, et Jacques Patin, peintre du roi, travailla aux décorations.

Rinnucini suivit en France Marie de Médicis. Après lui il ne parut de mauvais ballets, qui conque sistaient dans le choix d’un sujet bouffon ; tel fut celui du ballet des Fées de la forêt de Saint-Germain, dansé au Louvre par Louis XIII en 1625, où Guillemine la quinteuse, Robine la hasardeuse, Jacqueline l’étendue, Alison la hargneuse et Macette la cabrioleuse montrèrent leur pouvoir. La première de ces fées présidait à la musique, la seconde aux jeux de hasard, la troisième aux folies, la quatrième aux combats, et la cinquième à la danse.

En 1651 Pierre Corneille donna, pour le divertissement de Louis XIV, Andromède, tragédie à machines. L’année suivante Benserade composa Cassandre, mascarade en forme de ballet, qui fut dansée par le roi au palais Cardinal. L’abbé Perrin, de galante mémoire, hasarda des paroles françaises, lesquelles, quoique très-mauvaises, réussirent au moyen de la musique de Cambert, organiste de Saint-Honoré : c’était une pastorale en cinq actes qui fut chantée à Vincennes devant le roi : la nouveauté qu’on y remarqua fut un concert de flûtes.

En 1660 le cardinal Mazarin fit représenter dans la salle des machines des Tuileries, pendant le mariage du roi, Ercole amante, que l’on traduisit en vers français : le roi et la reine y dansèrent ; l’abbé Mélany y chanta un rôle ; presque tous les acteurs étaient Italiens. Cet opéra était précédé d’un prologue, usage qui a été suivi depuis et qui est maintenant supprimé.

Le marquis de Sourdac, à qui l’on doit la perfection des machines propres aux opéras, donna à ses frais la Toison d’Or, dans son château de Neubourg en Normandie, pour réjouissances publiques du mariage du roi, et ensuite en gratifia la troupe du marais, où elle fut très-applaudie.

Les succès que Pomone, premier opéra français, obtint après avoir été longtemps répété dans la salle de l’hôtel de Nevers, procurèrent à l’auteur, l’abbé Perrin, des lettres-patentes pour l’établissement de l’Opéra en France. Les représentations publiques de cette pastorale commencèrent en 1671, dans un jeu de paume de la rue Mazarine. L’abbé Perrin, ne pouvant soutenir seul la dépense d’une telle entreprise, s’associa avec Cambert pour la musique, avec le marquis de Sourdac pour les machines, et pour les principaux frais avec le sieur Champenon, riche capitaliste.

M. de Sourdac, ayant fait beaucoup d’avances et même payé les dettes de l’abbé Perrin, s’empara du théâtre, quitta l’abbé, et prit pour poëte le sieur Gilbert, secrétaire de la reine Christine : les Peines et les Plaisirs de l’Amour, pastorale héroïque, furent son coup d’essai. Lulli, surintendant de la musique du roi, profitant de cette division, acheta le privilége du sieur Perrin ; il prit pour machiniste le signor Vigarini, gentilhomme Modénois, et pour poëte le tendre Quinault ; il plaça son théâtre dans un jeu de paume de la rue de Vaugirard, et y donna en 1672 les fêtes de l’Amour et de Bacchus, pastorale composée de fragmens de différens ballets. Dans une des représentations, que le roi honora de sa présence, le prince de Condé, les ducs de Montmouth, de Villeroy, et le marquis de Rassan dansèrent une entrée avec les artistes salariés.

Le Triomphe de l’Amour est le premier opéra dans lequel on introduisit des danseuses. Ce ballet fut d’abord exécuté à Saint-Germain-en-Laye, devant sa majesté, le 21 janvier 1681. Plusieurs princes, seigneurs et dames de la cour y dansèrent. Le mélange des deux sexes rendit cette fête si brillante qu’on crut qu’il était indispensable, pour le succès de ce genre de spectacle, d’y remplacer les dames de la cour par des danseuses de profession, et depuis cette époque elles ont toujours continué d’être une des portions les plus brillantes de l’Opéra.

La réunion de Quinault et de Lulli porta nos opéras à leur plus haut degré de perfection. En 1673, après la mort de Molière, Lulli transporta ses machines à la salle du Palais-Royal, laquelle occupait une partie du terrain où est maintenant la rue du Lycée. Les enfans de Lulli succédèrent à leur père dans la direction de ce spectacle, qui depuis fut confié à différens directeurs et administrateurs.

Un terrible incendie ayant dévoré, le 6 avril 1765, tous les bâtimens de l’Opéra, le duc d’Orléans obtint du roi que la nouvelle salle fut construite à la même place, et l’inauguration s’en fit le 24 janvier suivant. Dans l’intervalle les représentations de l’Opéra eurent lieu sur le théâtre des Tuileries.

Un second incendie consuma, le 8 juin 1781, tout ce qui composait ce riche spectacle ; la salle Page:Deville - Arnoldiana.djvu/31 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/32 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/33 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/34 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/35 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/36 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/37 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/38 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/39 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/40 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/41 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/42 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/43 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/44 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/45 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/46 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/47 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/48 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/49 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/50 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/51 qui, plus adroites que sages, sous le voile de la pudeur, qui n’est pas toujours celui de l’innocence, ne pourraient pas soutenir devant le crédule Hymen l’épreuve de Tutia, qui, se voyant accusée de n’avoir pas bien gardé son feu sacré, s’engagea pour sa justification à porter de l’eau dans un crible !



NOTICE SUR SOPHIE ARNOULD.


Sophie Arnould naquit à Paris le 14 février 1740. Son père tenait rue des Fossés-S.-Germ.-l’Auxerrois une vaste hôtellerie, connue sous le nom d’hôtel de Lisieux[1]. Page:Deville - Arnoldiana.djvu/54 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/55 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/56 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/57 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/58 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/59 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/60 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/61 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/62 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/63 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/64 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/65 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/66 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/67 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/68 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/69 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/70 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/71 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/72 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/73 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/74 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/75 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/76 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/77 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/78 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/79 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/80 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/81 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/82 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/83 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/84 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/85 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/86 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/87 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/88 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/89 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/90 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/91 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/92 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/93 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/94 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/95 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/96 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/97 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/98 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/99 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/100 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/101 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/102 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/103 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/104 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/105 viendrait bientôt à son secours ; elle lui fît part de sa position pénible, et il l’invita à dîner pour le lendemain. Mme D., présente à cette réunion, fut enchantée de rencontrer Sophie Arnould, qu elle ne connaissait que de réputation ; elle alla lui faire une visite, et, la voyant misérablement logée chez un perruquier de la rue du Petit-Lion , elle lui proposa un appartement dans sa maison. Sophie accepta avec la plus vive reconnaissance une offre aussi généreuse, et trouva bientôt près de sa nouvelle amie tous les charmes que les bons cœurs répandent autour d’eux. M. F., redevenu ministre en Ï798, fit obtenir à Sophie une pension de 2,400 fr. et un logement à l’hôtel d’Angivilliers, près le Louvre. Alors quelques amis se rapprochèrent d’elle ; des gens de lettres et des artistes lui formèrent encore une société agréable.

Sophie Arnould conserva jusqu’au dernier instant tout l’enjouement de son esprit ; les grâces semblaient avoir effacé la date de son âge, et la vivacité de ses saillies faisait oublier les ravages que le temps avait fait à ses charmes. Elle était attaquée d’un squirrhe au rectum, qui lui était survenu à la suite d’une chute : un jour, qu’elle avait rassemblé plusieurs docteurs pour examiner le siége secret de ce mal douloureux, elle dit : « Faut-il que je paie maintenant pour faire voir cette chose-là, tandis qu’autrefois… »

Elle mourut à l’hôtel d’Angivilliers sur la fin de 1802 ; sa dépouille mortelle fut portée dans le champ du repos de Montmartre ; aucune pompe funèbre ne l’accompagna, aucun marbre ne lui servit de tombe : un de ses amis, témoin de cette modeste sépulture, s’écria douloureusement :

Ainsi tout passe sur la terre,
Esprit, beauté, grâces, talens,
Et, comme une fleur éphémère,
Tout ne brille que peu d’instans !



ARNOLDIANA.




Sophie Arnould avait dix-huit ans moins deux mois lorsqu’elle parut pour la première fois à l’Académie royale de Musique ; elle débuta dans le divertissement du ballet des Amours des Dieux, par un air détaché qui commence ainsi : Charmant Amour[2]. On lui a souvent entendu dire que cette invocation lui avait porté bonheur.

Dorat entra dans les mousquetaires à l’époque où Sophie Arnould fut reçue à l’Opéra ; mais il quitta bientôt l’état militaire pour se livrer entièrement à la littérature. Ce poëte avait la prétention de passer pour homme à bonnes fortunes ; Sophie, qui connaissait la faiblesse de ses moyens, lui dit un jour : « Mon cher Dorat, vous voulez jouer le berger Tircis ; mais vous n’êtes pas fait pour ce rôle-là. »

Dans une promenade au bois de Romainville elle rencontra Gentil-Bernard, qui, rêvant à l’Art d’Aimer, était assis comme Tityre à l’ombre d’un hêtre : — Que faites-vous donc dans cette solitude ? lui demanda Sophie. — Je m’entretiens avec moi-même, répondit le poëte : « Prenez-y garde, reprit-elle ; vous causez avec un flatteur. »

On a vu rarement le double talent de la déclamation et du chant réunis dans le même sujet : Chassé posséda ce rare mérite ; sa voix et son jeu l’élevèrent au rang des plus grands acteurs lyriques. Cet artiste se retira en 1737. Un musicien s’étant présenté pour lui succéder, Sophie lui dit : « Monsieur, si vous voulez être des nôtres, tâchez de vous faire Chassé. »

Mlle Clairon[3] naquit en 1720 à Condé, petite ville du département du Nord, pendant le carnaval. Là tout le monde aimait le plaisir : le curé et son vicaire étaient masqués, l’un en Arlequin et l’autre en Gilles. On apporta l’enfant, qui avait l’air mourant, et le curé l’ondoya sans changer d’habit. Cette célèbre actrice qui occupa la scène avec tant d’éclat, débuta à l’Opéra-Comique à peine âgée de douze ans ; elle passa de là aux Italiens, au grand Opéra, enfin aux Français, où la gloire l’attendait. Elle était galante, voluptueuse et peu intéressée. Quelque temps avant sa retraite, qui eut lieu en 1766, on parlait sourdement de son mariage avec M. de Valbelle, son amant intime, et en attendant elle vivait avec un Russe d’une réputation singulière. On disait à Mlle Arnould que ce sigisbé se contentait de lui baiser la main : « C’est tout ce qu’il peut faire de mieux. » répondit-elle.

Albaneze, sopraniste du Conservatoire de Naples, et l’un des plus fameux castrats[4] que nous ayons eus, vint à Paris à l’âge de dix-huit ans. Une dame, l’ayant entendu chanter, en devint amoureuse, et parlait avec enthousiasme du charme de sa voix : « Il est vrai, dit Sophie, que son organe est ravissant ; mais ne sentez-vous pas qu’il y manque quelque chose ? »

Mlle Beaumenard, actrice de la Comédie française, avait joué en 1743 à l’Opéra-Comique, où elle était connue sous le nom de Gogo. Aucune actrice n’a demeuré si longtemps au théâtre. Le fermier général d’Oguy lui ayant donné une superbe rivière de diamans, une de ses camarades en admirait l’éclat, mais trouvait que cette rivière descendait bien bas : « C’est qu’elle retourne vers sa source, observa Sophie. »

Chévrier a présenté dans son Colporteur une satire affreuse des mœurs du siècle ; les principales actrices de Paris y sont passées en revue, et chacune a son paquet. Cet écrivain virulent, poursuivi par la police, alla mourir en Hollande en 1762. Le bruit ayant couru qu’il s’était empoisonné : « Juste ciel ! dit Mlle Arnould, il aura sucé sa plume. »

Poinsinet a fait imaginer le mot mystification pour exprimer l’art de tirer parti d’un homme simple en s’amusant de sa crédulité. Cet être singulier ne manquait pas de cette vivacité d’esprit naturel qui s’exhale quelquefois en saillies piquantes ; mais il était absolument dénué de jugement. Un de ses prôneurs vantait un jour les nombreux ouvrages de Poinsinet en disant que peu d’auteurs avaient son esprit : « Je pense comme vous, reprit Mlle Arnoud ; Poinsinet a tant d’esprit dans sa tête que le bon sens n’a jamais pu s’y loger. »

Le lord Craffort, grand adorateur des vierges de l’Opéra, faisait le dévot et se ruinait au jeu. Sophie lui dit un jour : « Milord, vous ressemblez aux bons Page:Deville - Arnoldiana.djvu/116 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/117 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/118 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/119 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/120 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/121 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/122 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/123 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/124 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/125 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/126 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/127 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/128 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/129 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/130 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/131 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/132 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/133 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/134 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/135 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/136 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/137 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/138 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/139 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/140 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/141 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/142 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/143 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/144 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/145 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/146 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/147 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/148 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/149 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/150 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/151 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/152 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/153 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/154 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/155 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/156 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/157 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/158 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/159 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/160 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/161 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/162 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/163 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/164 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/165 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/166 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/167 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/168 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/169 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/170 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/171 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/172 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/173 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/174 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/175 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/176 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/177 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/178 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/179 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/180 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/181 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/182 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/183 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/184 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/185 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/186 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/187 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/188 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/189 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/190 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/191 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/192 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/193 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/194 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/195 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/196 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/197 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/198 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/199 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/200 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/201 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/202 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/203 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/204 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/205 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/206 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/207 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/208 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/209 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/210 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/211 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/212 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/213 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/214 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/215 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/216 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/217 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/218 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/219 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/220 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/221 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/222 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/223 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/224 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/225 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/226 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/227 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/228 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/229 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/230 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/231 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/232 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/233 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/234 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/235 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/236 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/237 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/238 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/239 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/240 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/241 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/242

On a vu dans le même temps figurer à l’Opéra trois sœurs qui portaient toutes les trois des noms de fleurs ; l’une s’appelait Rose, l’autre Hyacinthe, et la dernière Marguerite. Comme on les nommait devant Sophie, elle s’écria : « Bon Dieu ! quelle plate-bande ! »

Un musicien, un peu gascon, se vantait d’être aimé d’une femme charmante qui demeurait dans le faubourg Saint-Marceau. — Oh ! oh ! dit un plaisant, il y a bien de la boue dans ce quartier-là. — Cela n’empêche pas, reprit l’artiste, que ma conquéte y fait du bruit. — En ce cas, reprit Sophie, je gage que votre belle a des sabots.

Un jeune mousquetaire qui croyais sans doute que l’amour tient lieu de tout, faisait une cour assidue à une jolie danseuse, mais dont le cœur ne s’ouvrait qu’avec une clef d’or. Un jour qu’il se plaignait de n’obtenir de sa belle que de vaines promesses, Mlle Arnould lui dit : « Il faut être bien novice pour ignorer que l’amant qui ne dépense qu’en soupirs n’est payé qu’en espérances. »

Ce qui a surtout nui à l’abbé Terray[5] dans l’esprit des Parisiens, c’est qu’il montrait dans ses réponses trop de mépris pour l’opinion publique. On lui reprochait un jour qu’une de ses opérations ressemblait fort à prendre l’argent dans les poches. « Et où voulez-vous donc que je le prenne ? » répondit-il. Une autre fois on lui disait, une telle opération est injuste. « Qui vous dit qu’elle est juste ? » répliqua-t-il. Un coryphée de l’Opéra étant allé solliciter près de lui le paiement des pensions de plusieurs de ses camarades, revint tristement dire à Sophie que l’abbé Terray l’avait fort mal accueilli. « Je n’en suis point surprise, répondit-elle ; comment paierait-il ceux qui chantent, quand il ne paie pas ceux qui pleurent. »

Un jeune poëte paraissait indécis sur le genre de composition dramatique dont son génie devait s’occuper. — Conseillez-moi, disait-il à Mlle Arnould, où dois-je me fixer, et quel modèle prendrai-je ? — Croyez-moi, répondit-elle, fixez-vous au Théâtre-Français, et tâchez d’y prendre Racine.

En 1773 le Palais-Royal, bien différent de ce qu’il est aujourd’hui[6], renfermait un jardin beaucoup plus vaste. Une allée d’antiques maronniers formant le berceau, présentait un agréable spectacle par la brillante compagnie qui s’y rassemblait trois fois par semaine ; des concerts délicieux qui se Page:Deville - Arnoldiana.djvu/247 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/248 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/249 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/250 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/251 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/252 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/253 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/254 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/255 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/256 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/257 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/258 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/259 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/260 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/261 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/262 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/263 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/264 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/265 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/266 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/267 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/268 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/269 Page:Deville - 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Arnoldiana.djvu/386 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/387 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/388 Page:Deville - Arnoldiana.djvu/389 bon cœur. L’un de ces derniers composa pour elle les vers suivans :


      La plus charmante des actrices
   Doit résider au séjour des élus.
La rigide vertu lui reprocha des vices ;
Mais le vice admira ses aimables vertus.
      L’esprit, les talens et les grâces
      Brillaient chez elle tour à tour,
   Et les beaux arts, en composant sa cour
   De la vieillesse écartaient les disgrâces.
      Ô vous ! nymphes de l’Opéra,
      Dont l’amour embellit la vie,
      Pour modèle prenez Sophie,
      Et chacun vous adorera.




On a remarqué que les trois plus grandes actrices du dix-huitième siècle, Clairon, Dumesnil et Arnould ont fini en 1802 leur brillante carrière ; de même que les trois plus célèbres acteurs de leur temps, Eckhof en Allemagne, Garick en Angleterre, et Lekain en France, sont morts dans la mérite année en 1778.


FIN.


TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)


  1. C’est dans cette maison que périt l’amiral de Coliguy pendant le massacre de la Saint-Barthélemi, et non dans l’hôtel Montbazon, rue Bétizi, comme le racontent plusieurs annalistes. L’hôtel de
  2. Un amateur, ravi de ses accens mélodieux, lui adressa cet impromptu :

    Que ta voix divine me touche !
    Et que je serais fortuné
    Si je pouvais rendre à ta bouche
    Le plaisir qu’elle m’a donné !

  3. Garrick, célèbre acteur anglais, se trouvant à Paris en 1763, mit ce quatrain au bas d’un tableau qui représentait Mlle Clairon couronnée par Melpomène :

    J’ai prédit que Clairon illustrerait la scène,
          Et mon espoir n’a point été déçu :
          Elle a couronné Melpomène ;
    Melpomène lui rend ce qu’elle en a reçu.

  4. Barthe composa en 1767 une pièce de vers intitulée : Statuts pour l’Académie royale de Musique. Voici l’un des vingt-deux articles qui les composent :

    Tous remplis du vaste dessein
    De perfectionner en France l’harmonie,
    Voulions au pontife romain
    Demander une colonie
    De ces chantres flûtés qu’admire l’Ausonie ;
    Mais tout notre conseil a jugé qu’un castra,
    Car c’est ainsi qu’on les appelle,
    Était honnête à la chapelle,
    Mais indécent à l’Opéra.

  5. Lorsqu’on porta les sacremens à ce ministre, une poissarde se mit à dire : On a beau lui porter le bon Dieu, il n’empêchera pas que le diable ne l’emporte.
  6. C’est en 1781 que le duc de Chartres fit construire le nouveau Palais-Royal ; on y afficha les vers suivaus :

        Le prince des gagne-deniers,
        Abattant des arbres antiques,
        Nous réserve sous ses portiques ;>
        Au travers de petits sentiers,
        L’air épuré de ses boutiques
        Et l’ombrage de ses lauriers.