Astronomie populaire (Arago)/V/05

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 194-196).

CHAPITRE V

des objets d’une certaine étendue conservent le même éclat, les bords exceptés, soit qu’on les aperçoive à l’aide de la vision confuse ou de la vision distincte


Soit ABCD (fig. 86) une surface lumineuse par elle-même ou par la diffusion d’une lumière éclairante ; supposons qu’elle soit uniformément éclairée. Nous allons faire voir qu’elle paraîtra d’une égale intensité soit qu’on l’aperçoive par la vision confuse, ou par la vision distincte. À l’aide de la vision confuse, chaque point du contour devient un petit cercle ; l’ensemble de ces petits cercles donne les circonférences extérieure et intérieure ponctuées sur le dessin ; entre ces circonférences la lumière est décroissante de dedans en dehors, mais tout point situé dans l’intérieur du cercle abcd paraîtra aussi clair que si la lumière qui en émane ne s’éparpillait pas sur la rétine.

Fig. 86. — Uniformité de l’éclat d’une surface de grande étendue.

En effet, soit I un de ces points ; par la vision confuse, la lumière qui en provient s’étale sur un cercle dont IM est le rayon. Le centre I serait donc considérablement affaibli, si d’autres rayons ne venaient pas s’ajouter à ceux qu’il a conservés ; or, d’où viennent ces rayons ? De tous les points du cercle IM, mais de ces points seulement. Ainsi, si, d’une part, la lumière de I, se répand uniformément sur toute l’étendue du cercle IM, de l’autre, il n’y a pas un seul point de ce cercle qui, à son tour, n’envoie sa quote-part de rayons au point I ; ce que le point de la rétine, où se serait formée l’image distincte de I, avait perdu d’intensité par suite de l’éparpillement de la lumière dans un cercle, il le retrouve exactement, puisque l’ensemble des points de ce cercle lui restitue l’équivalent de ce qu’il a perdu. Ce raisonnement tomberait à faux, si le cercle IM dépassait le cercle réel ABCD.