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Astronomie populaire (Arago)/XI/02

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 496-500).

CHAPITRE II

amas stellaires


Fig. 111. — Carte des 64 principales étoiles des Pléiades d’après Jeaurat
(Mémoires de l’Académie des Sciences pour 1779).

Nous nous occuperons d’abord de quelques agglomérations d’étoiles, locales et très-circonscrites, telles, par exemple, que le groupe des Pléiades et celui des Hyades dans la constellation du Taureau, telles encore que l’amas qu’on a remarqué dans la constellation du Cancer et qui porte le nom de Prœsepe, ou de la Crèche, celui dont θ du Navire est entouré, etc. Toutes ces agglomérations ont des formes précises, arrêtées, et sont constituées par des étoiles très-rapprochées.

Pour toute personne qui a la vue courte, les Pléiades, étoiles du cou du Taureau, ont l’aspect d’une masse confuse de lumière ; mais dès qu’à l’aide d’une lunette, lors même qu’elle ne grossirait pas, mais dès qu’à l’aide de simples besicles on rend la vision distincte, les principales étoiles de ce groupe s’aperçoivent séparément, je veux dire détachées les unes des autres (fig. 111). Les Pléiades ne sont donc une nébuleuse que pour certains observateurs, et seulement même quand ils ne se servent pas de besicles.

Déjà, en parlant des aptitudes diverses des yeux pour distinguer plus ou moins facilement les étoiles de faible intensité (liv. v, chap. iii), nous avons cité le groupe des Pléiades dans lequel à l’œil nu les uns aperçoivent 6, les autres 7, 8 et même jusqu’à 14 étoiles. Cet amas, connu de toute antiquité, était la constellation des navigateurs, comme l’étymologie l’indique, du verbe grec πλεῖν (naviguer), parce qu’elle restait visible de mai à novembre, époque de la navigation dans la Méditerranée, selon la remarque de mon ami Alexandre de Humboldt.

La plus belle des Pléiades est Alcione ou η du cou du Taureau ; elle est actuellement de troisième grandeur ; viennent ensuite Électre et Atlas, de quatrième ; Mérope, Maia et Taygète, de cinquième ; Pleione et Cèleno, de sixième à septième ; Astérope, de septième à huitième grandeur, plus un grand nombre de très-petites étoiles. La figure que nous donnons de ce beau groupe est dessinée d’après la carte des Mémoires de l’Académie des Sciences pour 1779.

Le groupe des Hyades, dessiné d’après les cartes de M. Dieu (fig. 112), est placé sur le front du Taureau ; les petites étoiles dont il se compose, et que nous avons mentionnées précédemment , sont effacées par l’éclat d’Aldebaran.

Fig. 112. — Groupe des Hyades (constellation du front du Taureau).

Dans le groupe du Cancer, placé entre les étoiles γ et δ, nommées aussi les deux Anes, les diverses étoiles étant plus condensées que dans les groupes précédents, il n’est pas de vue humaine naturelle qui parvienne à les séparer ; la lumière d’une étoile s’étend, s’éparpille sur la rétine, empiète sur la lumière de l’étoile voisine à cause de l’imperfection de nos organes, et le tout forme une masse confuse ; aidez-vous, au contraire, du télescope, même assez faible, et l’image de chaque étoile se concentre beaucoup, et elle se sépare ainsi de l’image de l’étoile contiguë, et la masse lumineuse perd le caractère de diffusion qui pouvait seul la maintenir légitimement dans la classe des véritables nébuleuses ; alors le groupe prend l’aspect que représente la figure 113.

Fig. 113. — Praesepe ou Groupe du Cancer.

Pour arriver à ce résultat, de simples besicles et une faible lunette ont suffi quand nous observions les Pléiades, les Hyades et la Crèche du Cancer. Il est d’autres taches lumineuses qu’on ne parvient à résoudre en groupes d’étoiles qu’à l’aide des meilleurs télescopes et de forts pouvoirs amplificatifs. Ce qui a résisté à des grossissements de 50, de 100, de 150, de 200 fois, cède quand on peut pousser les grossissements jusqu’à 500, jusqu’à 1 000 et au delà. C’est ainsi qu’Herschel parvint à transformer en agglomérations d’étoiles la plupart des nébuleuses que Messier, pourvu de lunettes moins puissantes, croyait irréductibles, qu’il appelait des nébuleuses sans étoiles.