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Aurora Floyd/34

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Bernard-Derosne.
Hachette (tome IIp. 191-200).

CHAPITRE XXXIV

Découverte de l’arme avec laquelle Conyers a été tué.

M. et Mme Mellish retournèrent à la maison dans laquelle ils avaient été si heureux ; mais il ne faut pas croire que cette charmante habitation de campagne pût redevenir tout d’un coup la demeure qu’elle avait été autrefois, avant l’arrivée de Conyers et avant l’événement tragique qui avait si subitement terminé son court service.

Chaque angoisse qu’Aurora avait ressentie, toutes les souffrances que John avaient endurées, avaient laissé une certaine impression dans les lieux qui en avaient été témoins. Les subtiles influences du souvenir pesaient lourdement sur cet intérieur. Nous sommes esclaves de semblables pensées, et nous sommes sans force pour résister à leur muette puissance. Des vestiges de couleur et des fragments de dorure sur les murs supporteront, aussi bien que s’ils étaient couverts d’inscriptions hiéroglyphiques, les ombres des souvenirs de ceux qui les ont considérés. Les effets passagers dus au hasard de la lumière et de l’ombre rappelleront les mêmes effets déjà vus et observés dans certaine crise de malheur et de désespoir, comme les chevilles brisées observées par Fagin sur la muraille du bassin réservé. Les objets et les ustensiles du plus petit ménage porteront le muet témoignage de nos souffrances ; une bergère nous dira : « C’est sur moi que vous vous êtes jeté dans le paroxysme de votre colère ou de votre chagrin. » Un service de table nous rappellera le jour fatal où nous avons repoussé notre nourriture encore intacte, et où nous avons tourné notre face contre le mur, comme le roi David frappé de douleur. Le lit sur lequel nous nous reposons, les rideaux qui nous cachent, les dessins du papier sur les murs, les bruits journaliers du ménage arrivant sourdement et de loin dans cette chambre isolée où nous nous cachons, tout porte le souvenir de notre peine et de cette double opération affreuse de l’esprit qui fait que ces choses nous impressionnent d’autant plus vivement qu’en même temps il semblerait qu’elles devraient nous être plus indifférentes.

Mais chaque douleur, chaque angoisse de l’amour blessé par la jalousie, le doute ou le désespoir, est un fait, un fait pour le moment, et un fait pour toujours ; on peut y survivre, mais rarement l’oublier, laissant une impression telle dans nos existences, qu’aucune joie à venir ne pourra effacer. Le meurtre s’est accompli, les mains sont restées rouges. Le chagrin nous a éprouvés, et quoique le bonheur puisse nous revenir, jamais il ne saurait avoir cette resplendissante virginité qu’il avait jadis, car il a passé par la vallée de l’ombre de la mort, et nous nous sommes aperçus qu’il n’était pas immortel.

Il ne faut donc pas s’attendre à ce que Mellish et sa femme puissent avoir les mêmes impressions dans leur joli appartement que celles qu’ils avaient avant le premier naufrage de leur bonheur. Ils avaient échappé au péril et à la destruction, et, par la grâce de la providence, ils avaient abordé sur ce rivage qui leur promettait dorénavant joie et sécurité. Mais le souvenir de la tempête était encore trop présent, et sur les sables, aujourd’hui si lisses, ils voyaient encore hier les écueils s’agiter furieusement et se presser pour les détruire.

Les funérailles de l’entraîneur n’avaient pas encore eu lieu, et ce n’était pas une chose agréable pour Mellish de se rappeler que le corps de l’homme assassiné gisait raide et horrible dans le cercueil de chêne qui était sur un tréteau dans la chambre rustique du cottage.

— Je ferai abattre cette maisonnette, Lolly, — dit John en allant vers la fenêtre ouverte par laquelle il pouvait apercevoir les cheminées gothiques de l’ancienne demeure de l’entraîneur qui apparaissaient à travers les arbres. — Je la ferai abattre, ma chérie. Il n’y a que les garçons d’écurie qui se servent de cette porte ; je la ferai démolir ainsi que l’habitation, et je ferai bâtir quelques grandes baraques avec tout le matériel nécessaire pour la portée des juments. Et nous, nous nous en irons dans le midi de la France, chère ; nous traverserons l’Italie, si vous le désirez, pour oublier tout ce qui se rattache à cette horrible affaire.

— Les funérailles auront lieu demain, n’est-ce pas ? — demanda Aurora.

— Demain, ma chère ! demain, c’est mercredi, vous savez, c’est dans la soirée de jeudi que…

— Oui… oui… répondit-elle en l’interrompant, — je sais… je sais…

Elle tremblait, tandis qu’elle parlait, en pensant aux affreuses circonstances de la soirée à laquelle il faisait allusion, elle voyait l’homme mort devant elle, plein de santé et de vie, et bravant insolemment sa haine. Loin de Mellish Park, elle se serait seulement rappelée qu’elle était déchargée du fardeau de sa vie, et qu’elle était libre. Mais là, sur le théâtre même de cette hideuse histoire, elle se souvenait comment elle en avait été délivrée, et ce souvenir l’oppressait d’une manière plus terrible que son ancien secret, que son seul chagrin.

Elle n’avait jamais vu ou connu au malheureux qui avait été assassiné une qualité ou une pensée généreuse, qui pût lui faire pardonner ses vices. Elle l’avait connu menteur, fanfaron, vil et misérable escroc, dissipateur égoïste, extravagant, aimant à mener joyeuse vie, même dangereux pour lui, mais plus dangereux encore pour les autres qu’on ne pourrait le dire ; dissipateur, sans foi, avide, ivrogne. Voilà celui que son imagination de jeune pensionnaire avait aimé pour sa belle figure, pour ses yeux bleus et ses cheveux noirs, doux et frisés. Ne dites pas qu’elle est dure, si la douleur n’a aucune part dans le frémissement d’horreur qu’elle éprouve quand elle évoque son image à l’heure de sa mort, et qu’elle voit ses yeux brillants de colère dirigés sur elle. Elle avait un peu plus de vingt ans, et son destin avait toujours été de prendre la mauvaise route, de toujours se trouver égarée par les vagues indications des poteaux placés sur le chemin de la vie, et de choisir le sentier le plus long, le plus sinueux et le plus dur pour atteindre le but qu’elle cherchait.

Si elle avait, à la découverte de l’infidélité de son premier mari, appelé la loi à son aide, elle était assez riche pour avoir recours à cet appui suprême, bien que sir Cresswell-Cresswell ne tînt pas encore la bannière sur le chemin royal du divorce, comme il le faisait encore tout récemment ; elle aurait pu être délivrée des chaînes abhorrées qui les liaient follement ensemble, et défier cet homme de la tourmenter désormais.

Mais elle avait suivi les conseils des convenances, et cela l’avait conduite sur le chemin raboteux à travers lequel je me suis efforcé de la suivre. Je sais qu’il n’est pas bien nécessaire de l’excuser. Ses propres mains avaient semé les dents du dragon, d’où la semence du diable avait fait sortir des hommes armés assez forts pour la dévorer. Mais si elle eût été sans faiblesse, elle n’eût pu être l’héroïne de cette histoire ; car je pense, comme un vieux sage l’a remarqué, que les femmes parfaites sont celles qui, ne laissant aucune histoire derrière elles, traversent la vie d’une manière si tranquille en faisant le bien sans bruit, qu’elles ne laissent aucune empreinte sur le sable du temps ; seulement, quelques souvenirs muets restent çà et là gravés profondément dans les cœurs reconnaissants de ceux qui ont été bénis par elles.

La présence même de l’homme mort dans l’intérieur de Mellish Park avait fait sentir dans la maison que la joie y avait régné autrefois. Le premier moment de la catastrophe passé, seul l’aspect sombre restait comme un sentiment d’accablement qui ne pouvait être éloigné. Il avait laissé sa trace dans la salle des domestiques aussi bien que dans les somptueux appartements d’Aurora. Le sommelier l’éprouvait aussi bien que le maître. Jamais auparavant aucune méchante action n’avait été commise dans l’intérieur de la propriété du jeune squire que la mort d’un malheureux cerf qui s’était précipité, pour chercher un dernier refuge, dans le jardin de Mellish Park, et avait été poursuivi par la meute furieuse sur la pelouse de velours. La maison était vieille, et était restée debout grise et couverte de lierre, pendant les jours périlleux de la guerre civile. Il y avait des passages secrets dans lesquels les loyaux seigneurs de Mellish Park s’étaient cachés pour fuir les féroces Têtes rondes, adonnés aux excès et au pillage. Il y avait de larges pierres au foyer, sur lesquelles de vigoureux coups avaient été échangés par des hommes forts, au pourpoint de cuir et aux grossières bottes à talons de fer ; mais les Mellish royalistes étaient toujours parvenus à se sauver, soit par la cheminée, soit par la cave, ou derrière un rideau en tapisserie, et les méchants Thompson, priant le Seigneur, et les John, exterminateurs des Philistins, s’en étaient allés après avoir pillé les coffres de vaisselle plate et vidé les barils de vin. Jamais, dans les lieux où Mellish avait pour la première fois vu le jour, on n’avait vu la sanglante main du Meurtre.

Il n’était donc pas étonnant que les serviteurs restassent longtemps à table et parlassent, en murmurant, des événements de la semaine précédente. Il y avait à parler d’autre chose que du meurtre. Il y avait la fuite de Mme Mellish du domicile de son mari le jour même de l’enquête. C’était très-bien à John d’avancer que sa femme avait été à la ville pour faire une visite à sa cousine Mme Bulstrode ; mais des femmes comme Mme Mellish ne vont pas faire des visites sans être accompagnées, sans avoir écrit un mot d’avertissement, sans le plus petit accompagnement de sacs et de bagages. Non, la châtelaine de Mellish Park s’était sauvée de la maison sous l’influence de quelque panique soudaine. Mme Powell n’en disait pas plus, mais elle en laissait supposer bien davantage. Car cette sorte de femme ne répand-elle pas toujours ses opinions en les établissant d’une manière certaine ? La chose sautait aux yeux. Sans doute Mellish avait pris le parti le plus sage ; il avait couru après sa femme et l’avait ramenée, et avait fait de son mieux pour étouffer l’affaire ; mais le départ d’Aurora avait été une fuite, une fuite subite et spontanée.

La femme de chambre de Madame (ah ! combien de magnifiques toilettes qui leur ont été données par une généreuse maîtresse sont proprement pliées dans leurs boîtes de jeune fille au second étage !) raconta comment Aurora était entrée dans sa chambre, pâle, les yeux hagards, et s’était habillée elle-même sans aide pour ce voyage précipité, le jour de l’enquête. Cette fille aimait sa maîtresse, elle l’adorait, peut-être, car Aurora avait l’étonnante et dangereuse faculté de se faire aimer de tous ceux qui l’approchaient ; mais c’était si drôle d’avoir quelque chose à dire sur ce sujet absorbant et d’être à même de faire figure dans cette solennelle réunion ! D’abord on n’avait parlé que de l’homme tué, en faisant des réflexions sur sa vie et sur son histoire, et on avait bâti là-dessus une douzaine de vues théoriques sur le meurtre. Puis le courant avait tourné, et on avait parlé de Mme Mellish. On ne mêla pas d’abord son nom d’une manière ouverte et certaine avec le meurtrier, mais on fit des commentaires sur l’étrangeté de sa conduite, et on appuya beaucoup sur les singulières coïncidences par lesquelles il lui était arrivé de se trouver dans le parc le soir même de la catastrophe, et de se sauver de la maison dans la journée de l’enquête.

— C’est bien singulier, voyez-vous ! — dit le cuisinier, — mais les femmes qui ont des yeux noirs sont généralement hardies. Je ne voudrais pas dire du mal de la femme de M. John. Vous rappelez-vous comment elle a donné son compte à Hargraves ?

— Mais il n’y avait rien entre elle et l’entraîneur, n’est-ce pas ? — demanda quelqu’un.

— Je n’en sais rien. Mais Steeve dit qu’elle le détestait comme le poison, et qu’il n’y avait pas d’amour entre eux.

Mais pourquoi Aürora aurait-elle haï l’homme mort ? La veuve de l’enseigne avait laissé derrière elle un dard venimeux et avait suggéré à ces domestiques, par des demi-mots et des insinuations, quelque chose dont je ne veux pas souiller ces pages, mais qui était plus vil et plus hideux encore que la vérité. Mais Mme Powell avait sans doute accompli cette lâche action sans prononcer un mot méchant qui aurait pu être tourné contre son savoir-vivre, s’il avait été répété à haute voix dans un salon plein de monde. Elle avait seulement levé les épaules et avait soupiré moitié de regrets, moitié en faisant une prière ; mais elle avait flétri le caractère de la femme qu’elle haïssait d’une manière aussi honteuse que si elle avait écrit un libelle tout entier pour Holywell Street. Elle avait causé un mal qui n’aurait pu être effacé que par la production de l’attestation tachée de sang, qui était en possession de John, et la révélation entière de l’histoire liée à ce fatal morceau de papier. Elle avait fait cela avant de ficeler ses caisses, et elle était partie de la maison qui l’avait abritée, heureuse d’avoir fait ce mal et se consolant de n’en avoir pas fait davantage avec l’idée de continuer au moyen de la poste.

On peut supposer que le journal de Manchester, qui avait soulevé une discussion si sérieuse dans l’humble salle du Lapin bossu, avait été lu dans la salle des domestiques de Mellish Park. Les journaux de Manchester étaient régulièrement envoyés au jeune squire, de cette ville de filateurs de coton et de courses de chevaux ; et la mystérieuse lettre publiée dans le Guardian avait été lue et commentée. Tous les gens de la maison, depuis la grosse femme de charge qui gardait les clefs de l’office depuis environ trois générations, jusqu’à Langley, le vieil entraîneur paralytique, prenaient un vif intérêt à cette horrible affaire. Un valet de pied nerveux devint pâle quand on lut le passage qui déclarait que le meurtre avait été commis par quelqu’un de la maison ; mais je pense qu’il y avait quelques esprits plus jeunes et plus aventureux qui avaient assisté au saisissant drame de Susan Hopley, représenté sur le théâtre de Doncastre pendant les courses du printemps, qui auraient préféré être accusés du crime et sortir sans tache et triomphants de l’épreuve judiciaire, par le témoignage d’un idiot, d’une pie, où d’un spectre, ou de tout autre témoin commun et populaire dans les cours criminelles.

Aurora savait-elle quelque chose de tout cela ? Non : seulement elle savait qu’un pesant et triste sentiment d’accablement remplissait son cœur et rendait suffocante et empoisonnée l’atmosphère de l’été, qui entrait par la fenêtre ouverte ; que cette maison, qui lui avait été jadis si chère, était toujours hantée d’une manière pénible par l’image du spectre de l’homme assassiné, comme si l’entraîneur mort s’était promené d’une manière palpable à travers les corridors, enveloppé dans un suaire taché de sang.

Elle dîna seule avec son mari dans la grande salle à manger. Ils furent très-silencieux pendant le repas, car la présence des domestiques retenait leurs lèvres sur le sujet qui préoccupait leur esprit. À chaque instant, John regardait anxieusement sa femme, car il voyait sa figure devenue plus pâle depuis son arrivée à Mellish ; mais il attendait qu’ils fussent seuls pour parler.

— Ma chère, — dit-il quand la porte se ferma derrière le sommelier et ses subordonnés, — je suis sûr que vous êtes malade. Tout cela a été trop violent pour vous.

— C’est l’air de cette maison qui m’oppresse, — répondit Aurora. J’avais presque oublié toute cette terrible affaire quand j’étais loin. Depuis que je suis revenue et que je songe que le temps qui m’a paru d’abord si long en misère et en anxiété, et si long en joie, mon cher amour, n’est en réalité que de quelques jours, puisque l’homme assassiné repose encore près de nous, j’espère que je… je serai mieux… quand les funérailles auront eu lieu, John.

— Ma pauvre chérie, j’ai été un niais de vous ramener. Je n’aurais jamais dû le faire ; mais c’est par le conseil de Talbot. Il me pressait si fort de revenir directement. Il disait que s’il arrivait quelque chose à l’occasion du meurtre, nous devrions être sur les lieux.

— Quelque chose !… Quoi !… — s’écria Aurora.

Sa figure pâlit, et le cœur lui manqua. Que pouvait-il y avoir ? Est-ce que cette horrible affaire n’était pas encore terminée ? Elle savait… hélas ! elle ne savait que trop bien, qu’il ne pouvait y avoir aucune recherche dans cette affaire qui ne dût amener son nom devant le public, enchaîné à celui de l’homme mort. Combien de choses cependant avait-elle endurées pour garder ce honteux secret loin du monde ! Que n’avait-elle pas sacrifié dans l’espérance d’épargner une humiliation à son père ! Et quand elle croyait enfin que le sombre chapitre de sa vie était fini, que la page détestable avait été arrachée ; au dernier moment, il y aurait peut-être quelque nouveau désordre, qui pourrait amener son nom et son histoire dans tous les journaux d’Angleterre !

— Oh ! John !… John !… — s’écria-t-elle en éclatant en sanglots nerveux et couvrant sa figure de ses mains crispées, — ne verrai-je jamais la fin de ceci ? Ne serai-je donc jamais, jamais délivrée des conséquences de ma misérable folie ?

Comme elle disait ces mots, le sommelier entra ; elle se leva précipitamment et marcha vers une des fenêtres, pour cacher son visage à cet homme.

— Je vous demande pardon, monsieur, — dit le vieux serviteur, — mais on a trouvé quelque chose dans le bois, et je pensais que vous pourriez peut-être savoir…

— On a trouvé quelque chose !… Quoi ?… — s’écria John, complètement bouleversé par son agitation à la vue du chagrin de sa femme et son désir de comprendre cet homme.

— Un pistolet, monsieur. Un des garçons d’écurie vient de le trouver. Il allait au bois avec un de ses camarades pour voir l’endroit où… où… l’homme a été tué, et il a rapporté ce pistolet qu’il y a trouvé. Il était tout près de l’eau, mais caché dans les herbes et les roseaux. Celui qui l’a jeté là, quel qu’il soit, a sans doute cru le jeter dans l’étang. Mais Jim, c’est un des garçons, s’imagina avoir vu briller quelque chose, et c’est tout simple, c’était le canon du pistolet, et je crois que ce doit être celui avec lequel l’entraîneur a été tué, monsieur John !

— Un pistolet !… — cria Mellish, — faites-le-moi voir.

Le serviteur lui tendit l’arme. Elle était assez petite pour être un jouet, mais elle n’était pas pour cela moins dangereuse dans une main habile. C’était un caprice d’homme riche, habilement fini par quelque célèbre armurier, enrichi par un travail d’incrustation orné d’acier rougi et d’argent mat. Il était rouillé, étant resté exposé à la pluie et à la rosée ; mais Mellish connaissait bien ce pistolet, car c’était le sien.

C’était le sien, un de ses joujoux favoris, et il avait été pris dans la pièce qui ne s’ouvrait qu’à des personnes privilégiées, la pièce dans laquelle sa femme s’était occupée à mettre ses armes en ordre le jour même de l’assassinat.