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ACTE QUATRIÈME
Scène PREMIÈRE
À deux cuartos,
À deux cuartos,
Des éventails pour s’éventer,
Des oranges pour grignoter !
À deux cuartos,
À deux cuartos,
Señoras et caballeros !
Des oranges, vite !
Prenez, prenez, mesdemoiselles.
À deux cuartos,
Señoras et caballeros !
À deux cuartos,
Des éventails pour s’éventer,
Des oranges pour grignoter !
À deux cuartos,
À deux cuartos,
Señoras et caballeros !
Qu’avez-vous donc fait de la Carmencita ? je ne la vois pas.
Nous la verrons tout à l’heure… Escamillo est ici : la Carmencita ne doit pas être loin.
Ah ! c’est Escamillo, maintenant ?…
Elle en est folle !
Et son ancien amoureux, José, sait-on ce qu’il est devenu ?
Il a reparu dans le village où sa mère habitait… L’ordre avait même été donné de l’arrêter ; mais, quand les soldats sont arrivés, José n’était plus là…
En sorte qu’il est libre ?
Oui, pour le moment.
Hum ! je ne serais pas tranquille, à la place de Carmen, je ne serais pas tranquille du tout.
Les voici ! voici la quadrille,
La quadrille des toreros !
Sur les lances, le soleil brille ;
En l’air, toques et sombreros !
Les voici ! voici la quadrille,
La quadrille des toreros !
Voici, débouchant sur la place,
Voici d’abord, marchant au pas,
L’alguazil à vilaine face…
À bas ! à bas ! à bas ! à bas !
Et puis saluons au passage,
Saluons les hardis chulos !
Bravo ! vivat ! gloire au courage !…
Voici les banderilleros !
Voyez quel air de crânerie,
Quels regards et de quel éclat
Étincelle la broderie
De leur costume de combat !
Une autre quadrille s’avance :
Les picadors… comme ils sont beaux !
Comme ils vont du fer de leur lance
Harceler le flanc des taureaux !
Puis l’espada, la fine lame,
Celui qui vient terminer tout,
Qui paraît à la fin du drame
Et qui frappe le dernier coup…
Bravo ! bravo ! Escamillo !
Escamillo, bravo !
Si tu m’aimes, Carmen, tu pourras, tout à l’heure
En me voyant à l’œuvre être fière de moi.
Si j’ai jamais aimé quelqu’un autant que toi.
Bravo ! bravo ! Escamillo !
Escamillo, bravo !
L’alcade ! l’alcade,
Le seigneur alcade !
Pas de bousculade !
Regardons passer
Et se prélasser
Le seigneur alcade.
Place, place au seigneur alcade !
Carmen ! un bon conseil : ne reste pas ici.
Don José… Dans la foule il se cache… regarde.
Je reste, je l’attends… et je vais lui parler.
Scène II
C’est toi ?
Que tu n’étais pas loin, que tu devais venir…
On m’avait même dit de craindre pour ma vie,
Mais je suis brave et n’ai pas voulu fuir.
Notre passé, je l’oublie,
Carmen ! nous allons tous deux
Commencer une autre vie,
Loin d’ici, sous d’autres cieux.
Carmen jamais n’a menti :
Son âme reste inflexible ;
Entre elle et toi, tout est fini.
Ô ma Carmen, laisse-moi
Te sauver, toi que j’adore,
Et me sauver avec toi !
Je sais bien que tu me tueras ;
Mais, que je vive ou que je meure,
Non, je ne te céderai pas !
JOSÉ.
Carmen, il est temps encore, |
CARMEN.
Pourquoi t’occuper encore |
Tu ne m’aimes donc plus ?
Tu ne m’aimes donc plus ?
Carmen, Carmen ! moi, je t’adore !
Je resterai bandit… tout ce que tu voudras…
Tout ! tu m’entends… mais ne me quitte pas…
Souviens-toi du passé ! nous nous aimions, naguère !…
Libre elle est née… et libre elle mourra !
Vivat ! la course est belle ;
Sur le sable sanglant
Le taureau qu’on harcèle
S’élance en bondissant…
Vivat ! bravo ! victoire !
Frappé juste en plein cœur,
Le taureau tombe ! gloire
Au torero vainqueur !
Victoire ! victoire !
Où vas-tu ?…
C’est ton nouvel amant !
Carmen, tu ne passeras pas !
Carmen, c’est moi que tu suivras !
Je l’aime, et, devant la mort même,
Je répèterais que je l’aime !
Vivat ! bravo ! victoire !
Frappé juste en plein cœur,
Le taureau tombe ! gloire
Au torero vainqueur !
Victoire ! victoire !…
Ainsi, le salut de mon âme,
Je l’aurai perdu pour que toi,
Pour que tu t’en ailles, infâme !
Entre ses bras, rire de moi…
Non, par le sang, tu n’iras pas,
Carmen, c’est moi que tu suivras !
Non ! non ! jamais !
Veux-tu me suivre ?
Cette bague, autrefois tu me l’avais donnée…
Tiens !
Eh bien ! damnée…
Carmen recule ; José la poursuit. — Pendant ce temps, fanfares et chœur dans le cirque.
Toréador, en garde !
Et songe en combattant
Qu’un œil noir te regarde
Et que l’amour t’attend.
José a frappé Carmen : elle tombe morte… Le vélum s’ouvre. La foule sort du cirque.
Vous pouvez m’arrêter… c’est moi qui l’ai tuée.
Ô ma Carmen ! ma Carmen adorée !…
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