Chronique d’une ancienne ville royale Dourdan/16

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CHAPITRE XVI

L’ÉGLISE SAINT GERMAIN[1].


§ I.

VAISSEAU DE L’ÉGLISE[2].

Bien qu’endommagé par les siècles et les assauts qu’il a subis, ce vaisseau, par sa date, son aspect, ses proportions, l’intérêt architectural ou historique de plusieurs de ses parties, l’intérêt actuel de sa restauration, mérite une description spéciale et méthodique qui ne paraîtra, nous l’espérons, ni trop longue ni trop aride au lecteur.

Dispositions générales. — Le plan de l’église Saint-Germain a la forme d’un parallélogramme. Deux tours, terminées par des flèches en charpente recouverte d’ardoise, s’élèvent sur sa façade occidentale. Une troisième flèche se dresse sur le milieu du comble, au-dessus de la grande croisée. La porte principale s’ouvre dans la façade entre les deux tours. Une autre porte donne accès sur le côté que borde la place. Contre la face qui regarde le midi, s’appuient le presbytère et la sacristie. Une chapelle de la Vierge, ajoutée au xviie siècle à l’extrémité orientale, forme le chevet. La longueur intérieure entre murs, qui n’était primitivement que de 36 mètres environ, a été portée par l’addition d’une travée et de la chapelle du fond à 50m dans œuvre ; la largeur est de 17m50 ; la hauteur totale, du sol de l’église au-dessus du faîtage, est de 24m55 ; la hauteur sous clef de 18m70.

Composée de trois nefs, une nef principale et deux autres nefs plus petites, l’église Saint-Germain se terminait autrefois par un pignon percé d’une grande fenêtre et était dépourvue de chapelles latérales. Commencée vers la fin du xiie siècle, sans doute à l’époque où l’abbaye de Saint-Chéron en prit possession, continuée pendant le xiiie siècle, elle fut détruite en partie vers les premières années du xve par Salisbury (1428), à la suite du siége terrible que connaissent nos lecteurs. Reconstruite vers la fin du même siècle ; décorée, sans doute par l’amiral de Graville, au commencement du xvie siècle ; mutilée encore et de nouveau réparée vers 1591, à la suite des désordres de la Ligue, elle a perdu son premier aspect. Les parties basses du côté de l’entrée, les bas-côtés en partie, la travée de la grande croisée et les deux travées à la suite, sont tout ce qui reste de la construction primitive. Les deux tours à clocher, toute la partie haute auprès de ces tours, voûtes et croisées, datent du xve siècle, époque de la construction des chapelles.

Façade occidentale. — Elle peut se diviser en trois parties : le pignon central et les deux tours qui l’accompagnent. Cette façade a un développement de 22 mètres.

La tour du nord, dont les angles sont dissimulés par des contreforts se retraitant en montant à l’aide d’un glacis à larmier, est construite sur les assises de l’ancienne. Sa base est percée d’une fenêtre ogivale éclairant la première travée de la nef. Au-dessus se voient les restes d’une niche dont le soubassement portait un écusson accosté d’ornements, accompagnée de trois autres niches avec colonnettes, pignons à crochets et pyramidions. Cette tour contenait à chacun de ses deux étages une salle dont les voûtes en ogive ont été remplacées par des planchers. Le deuxième étage, qui renferme la curieuse sonnerie de l’horloge[3] et les cloches, est percé sur les quatres faces d’une fenêtre géminée en ogive garnie d’abat-sons. La tour se termine, entre les contreforts, par une corniche moulurée, dont la balustrade de pierre à jour est aujourd’hui détruite. Aux quatre angles s’élèvent des pyramidions en encorbellement traversés au milieu par une gargouille horizontale, ornés de moulures et bêtes sculptées à la base et de feuillages sur les arêtes hautes. Au-dessus de cette plate-forme s’élève un socle carré sur lequel repose la base de la flèche également carrée surmontée d’une lanterne octogonale ajourée sur chacune de ses faces et terminée par une aiguille à épi. La charpente de cette flèche, quoique remaniée, est belle à cause de la disposition de son enrayure supérieure. Dans une tourelle placée derrière le dernier contrefort nord, est un escalier en pierre, à vis, fort étroit, qui dessert les deux premiers étages de la tour. Un autre escalier à vis, contenu dans une tourelle pentagonale en encorbellement sur la façade centrale, donne accès sur la plate-forme. La base de cette tourelle est un des détails les plus délicats du monument. Elle est décorée de deux niches qui sont séparées et terminées par des colonnes torses à pyramidion orné et sont couronnées par un pignon en coquille, avec choux et fleurons. Le soubassement, garni d’une frise sculptée, porte un écusson effacé, accosté de feuillages et de salamandres et soutenu par des anges aux ailes déployées[4].

La tour du sud, également carrée, mais plus petite que celle du nord, est semblable dans la disposition de ses contreforts. Des bandeaux indiquent la hauteur des étages. Le deuxième était éclairé par une fenêtre ogivale garnie de redents, aujourd’hui bouchée. Sur la partie supérieure de cette tour, couronnée sans doute autrefois par un entablement dont on voit les assises, une flèche, carrée à sa base, est surmontée comme l’autre d’une aiguille octogonale. — Dans la partie centrale exhaussée de trois marches formant perron extérieur, la grande porte se termine en ogive à moulures toriques et concaves, portant sur des colonnettes engagées avec chapiteau à feuillage et soubassement à base allongée. Un pilier trumeau divise l’entrée en deux ouvertures égales ; pentagonal à sa base, il supportait une niche ogivale couronnée par un dais, où devait se voir jadis la statue du patron, saint Germain d’Auxerre. Au-dessus, dans le tympan, un bas-relief représentait sans doute quelque acte de la vie du saint. Sur les deux linteaux, soulagés par deux arcs de décharge partant du trumeau du milieu, des traces d’inscription sont encore visibles. Une autre inscription curieuse de 1591, dont nous avons déjà parlé, est gravée au burin sur une penture de droite. Au-dessus de cette porte, existait autrefois une grande fenêtre à trois ogives. Un pignon sans aucun caractère termine la façade.

Élévations latérales. — Les deux côtés de l’église étaient primitivement pareils au nord et au midi. Les différences actuelles tiennent à l’addition au côté septentrional de chapelles qui sont venues remplir le vide laissé entre les contreforts[5]. Sept travées, autrefois éclairées par de petites fenêtres ogivales, sont séparées par sept contreforts, très-simples, à pile rectangulaire terminée par un petit pignon, se retraitant sur un glacis à larmier et contrebutant les arcs de la grande nef, au moyen d’un arc-boutant qui passe par-dessus le comble du bas-côté[6]. Ce comble, autrefois à une seule pente, a été converti en une série de petits combles à deux pentes prenant la forme des pignons des quatre chapelles et séparés par des chénaux, cause de fuites et de dégradations continuelles des voûtes de la petite nef. Trois des chapelles sont éclairées par de grandes fenêtres ogivales dont les meneaux forment, en se ramifiant, des portions de trèfles, des lobes et courbes diverses.

Entre les contreforts, au-dessus des chapelles, six grandes baies également garnies de meneaux laissent pénétrer le jour dans la nef. Sur la crète du mur court dans toute la longueur une corniche à moulures toriques et sculptées de feuillages, remaniée au xve siècle dans les trois premières travées près de la tour. Au-dessus, se dresse le grand comble couvert d’ardoises, avec sa flèche en charpente de forme octogonale, percée à sa base de huit baies en ogive et terminée par une pyramide aiguë[7].

Dans une des chapelles est l’entrée latérale de l’église dont le petit portail ne manque pas d’originalité et de finesse. À l’intérieur d’une sorte de cadre rectangulaire formé par des colonnettes et une corniche ouvragée, un tympan de courbe assez bizarre composé de portions d’arcs convexes et concaves et se détachant sur deux fenêtres qui épousent sa forme, se trouve inscrit au-dessus de la baie de la porte arquée en anse de panier. Dans ce tympan, au-dessus de l’archivolte de la porte décorée d’un rinceau de feuillages, un bouquet avec bague et choux supporte une niche étroite et longue, aujourd’hui vide, accompagnée de deux autres fort petites. La travée se termine, comme les autres, par un pignon à la base duquel deux bêtes sont accroupies.

Reliée par une dernière travée, la chapelle de la Vierge, qui fait maintenant le fond de l’église, est également garnie sur ses angles de contreforts saillants entre lesquels sont percées des fenêtres avec arc plein-cintre. Au-dessus du couronnement qui s’élève à deux mètres environ de la terrasse de la nef, un comble en charpente, pentagonal à sa base, se termine en pyramide, mais reste de beaucoup au-dessous du grand comble de l’église.

Des maisons, des échoppes logées entre les contreforts défigurent cette façade qui est celle de la place. Servitudes léguées par les siècles passés, ces constructions sont destinées à tomber tôt ou tard et il est bien à souhaiter que l’église parvienne à se dégager de ces appentis parasites qui sont pour elle, non-seulement au point de vue de l’aspect, mais encore au point de vue de la conservation, un fâcheux et très-dangereux voisinage.

Intérieur. — Ce qui frappe tout d’abord, quand on pénètre dans l’église, c’est sa hardiesse, c’est sa forme élancée, c’est la hauteur de ses voûtes qui font paraître sa nef un peu étroite ; ce sont aussi les remaniements et les consolidations plus ou moins apparentes nécessités par la vétusté et les souffrances de l’édifice. Sans nous attacher aux détails, indiquons au lecteur les principales lignes. Du seuil de la grande porte à la chapelle de la Vierge qui sert de perspective et dont l’ornementation assez riche du xviie siècle tranche un peu sur le style de l’église, on compte neuf travées. Huit seulement appartiennent à l’ancienne église. Une grande croisée forme une travée plus large que les autres à la hauteur du chœur. Du bas de l’église jusqu’à cette croisée, cinq travées se succèdent, supportées en général par des piliers[8] ou colonnes monostyles, aux chapiteaux ornés de larges feuilles, cantonnés sur leur face d’une colonne formant, avec deux autres implantées au-dessus du chapiteau, un faisceau de trois colonnes couronnées par des chapiteaux à crochets et feuillages, recevant la retombée des arcs doubleaux et diagonaux de la nef. Les voûtes sont partagées en travées par des arcs doubleaux croisés de nervures se réunissant à des centres ornés de rosaces ou d’écussons effacés.

Au-dessus des arcs latéraux en ogive aiguë, et au-dessous des fenêtres, un double bandeau se profile dans toute la longueur de l’église, interrompu seulement par les faisceaux de colonnes. Entre ces deux bandeaux règne une galerie étroite dont le plafond de pierre sert de terrasse extérieure. Cette galerie, qui est un des plus beaux ornements de l’église, s’éclaire sur la nef, dans chaque travée, par trois arcatures en ogive avec redents, portées tantôt par des colonnettes cylindriques ou par des colonnes torses, tantôt par des piliers carrés ou des pilastres engagés, avec bases et chapiteaux à crochets et feuillages, suivant le goût de l’époque à laquelle remonte la construction ou la réparation.

Chaque travée est percée d’une fenêtre ogivale divisée en trois parties par deux meneaux en pierre aux moulures prismatiques se réunissant à la naissance de l’ogive et se terminant par des trilobes aigus ou des quatre-feuilles. Toutes ces parties hautes, refaites plusieurs fois au xve et au xvie siècle, ont perdu la pureté de leur caractère primitif, et des morceaux conservés des anciennes constructions ont été placés partout sans beaucoup d’art.

La travée de la grande croisée, au devant de laquelle on monte une marche, est supportée par quatre gros piliers formés de faisceaux de colonnettes s’élevant avec hardiesse jusqu’à la naissance des arcs de la voûte. Entre ces piliers, au nord et au sud, l’arc latéral est ogival, mais construit sur un triangle si petit qu’il paraît être plein-cintre. Ici, la travée étant plus large, la galerie comporte cinq arcatures en ogive à colonnes cylindriques. Au-dessus, une grande fenêtre est partagée par un meneau en deux baies ogivales. Chacune d’elles en comprend deux autres séparées par une colonne à chapiteau avec œil de bœuf, le tout surmonté d’une grande rose et encadré dans une ogive.

Les deux travées suivantes, où nous laisserons les hommes spéciaux étudier en détail les restes de l’ancienne église, sont supportées par des piliers rectangulaires à très-petite base et à chapiteau feuillagé, cantonnés d’une colonnette aux angles et d’une colonne sur les deux faces latérales. Dans les bas-côtés, une colonne engagée dans le mur extérieur, au droit de chaque pilier, reçoit la retombée des arcs, souvent déformés, et dont plusieurs portent encore des bâtons en zig-zag qui accusent leur date ancienne.

Le mur du fond de l’église a été ouvert pour la construction de la chapelle de la Vierge, et une dernière travée a été ajoutée pour relier ce bâtiment. La travée médiane, reposant sur des piliers carrés flanqués de pilastres fort peu en harmonie avec le style de l’église, a son grand arc complétement déformé, et au-dessus, à la place de la croisée qui jadis terminait l’église, une grande page blanche attend un ornement[9].

Chapelle de la Conception. — La chapelle que l’on voit dans le bas-côté sud, avant la sacristie, et qui est aujourd’hui dédiée au Sacré-Cœur, remonte au xve siècle. C’est la fondation et le caveau mortuaire d’une ancienne famille de Dourdan. En 1484, par testament, Léger Lucas, seigneur de Douaville, et sa femme « fondent une messe par semaine le mercredi », ordonnent « deux tombes être mises devant le crucifix » et donnent une rente de quatorze setiers de blé à prendre sur le moulin de Malassis, savoir 2 à la fabrique et 12 au sieur prieur ; plus 10 sols aux marguilliers le jour saint Étienne, à prendre sur terres et maisons des Maillets.

Suivant titres, leur fils, Guillaume Lucas, procureur du roi à Dourdan, élu de Rochefort, et Marie Hardy, sa femme, ont fait bâtir la chapelle de la Conception où ils ont fait inhumer leurs père et mère fondateurs de ladite messe. Ils y sont inhumés eux-mêmes sous la grande tombe où sont écrits leurs noms et qualités, avec leurs armes, conformes à celles de la voûte, de 3 roses sans queue.

Le fils, Pierre Lucas, qui acquiert par son mariage avec Périne Boutet le privilége de Châlo-Saint-Mard, a sa sépulture sous la lampe du chœur de Saint-Pierre ; mais la fille Marie-Anne Lucas, épouse de Balthazar Gouin, prévôt de Corbreuse, vient avec toute sa descendance peupler de cercueils le caveau de la nouvelle chapelle de Saint-Germain. Marie Lucas, femme de Louis David, premier receveur des tailles de Dourdan, y est enterrée en 1570. Après elle y descendent :

Geneviève, épouse d’André Le Roux, receveur des tailles à Dourdan, mort à Potelet « pendant les grandes maladies ; »

David Le Roux, conseiller du roi et receveur, avec son fils Jean Le Roux ;

André Le Roux, lieutenant des eaux et forêts avec sa femme, quatorze enfants et d’innombrables petits enfants ;

Charlotte Le Roux, femme de Pierre Pélault, conseiller du roi ;

Ses deux filles, l’une femme de Jean Védye, le lieutenant de l’élection ; l’autre femme de Richard le Boistel, le président, lieutenant-général à Dourdan ; etc., etc.

La chapelle se remplit, les dalles ne peuvent plus suffire à contenir les noms et les titres, et le passage du bas-côté reçoit les pierres des derniers venus[10].

Chapelle de la vierge. — L’Église ancienne, c’est-à-dire se terminant au maître-autel, était, au xviie siècle, très-insuffisante pour la population de la paroisse. Les habitants, par acte d’assemblée du 19 juin 1689, résolurent, d’une commune voix, la construction d’un nouveau bâtiment derrière le chœur. Les marguilliers, autorisés à cet effet, firent toutes les diligences nécessaires pour acheter, au chevet de l’église, dans la rue d’Authon, les maisons des sieurs Besnard et Lasne, à titre de rente de bail d’héritage rachetable[11], et le lieutenant-général au bailliage, Richard le Boistel, donna, pour compléter le terrain, l’emplacement de sa cuisine, et obtint en retour, pour toute sa vie, une porte ouvrant de sa maison dans l’église. Le plan, levé par le sieur Charpentier, inspecteur du roi aux travaux de Maintenon, et communiqué au P. de Creil, chanoine régulier à Sainte-Geneviève, fut confié au sieur du Val, architecte, pour faire le dessin[12]. Les publications d’adjudication aux enchères répétées au prône de toutes les villes de la contrée et même de plusieurs paroisses de Paris[13], les permissions de l’évêché retardées par la mort de l’évêque, causèrent des longueurs. Les marguilliers, trouvant les soumissionnaires trop exigeants, résolurent de faire construire eux-mêmes et commandèrent des sondages autour de la ville pour découvrir du moellon. La rue de Chartres, le boulevard du Château devinrent un chantier, et depuis le cimetière jusqu’à l’église, on se mit en devoir de piquer du grès. Le samedi 16 mars 1690, après messe du Saint-Esprit et procession, la première pierre fut posée par le lieutenant-général et bénite par messire Antoine Lebrun, curé et official. Ce n’est pas sans peine que les marguilliers conduisirent à bonne fin leur entreprise : difficultés avec les entrepreneurs au sujet des prix[14], procédures, sentences du bailliage, rigueurs de l’hiver 1690, retardèrent souvent les travaux qu’inspectait le sieur Faisant.

Enfin le nouveau bâtiment s’acheva. Construit presque entièrement en grès, il formait extérieurement une sorte d’annexe. Intérieurement, il offrait une belle chapelle polygonale bien éclairée par quatre longues baies et dont la voûte rappelait le style réticulé du xvie siècle. Le bas-côté, prolongé entre la chapelle et le maître-autel, dégageait le chœur et il était enfin permis de faire le tour de l’église. Les deux autels latéraux qui s’élevaient en face des bas-côtés furent légèrement reculés et continuèrent à se faire pendant, de chaque côté de l’entrée de la nouvelle chapelle. L’un d’eux, celui de gauche, cessa dès lors d’être consacré à la Vierge, et sa décoration, très-mesquine pour l’emplacement, fut provisoirement transportée dans le bâtiment neuf. Une table de marbre noir, au-dessus de l’entrée, porta gravée en lettres d’or l’inscription : « D. O. M. Virginique matri » et une autre pierre, ornée des armes de la ville, du roi et de Monsieur, dressée contre le mur, non loin de la sacristie, rappela la date de cet agrandissement de l’édifice[15]. La Sacristie. — L’ancienne sacristie, ruinée lors du pillage de l’église, fut remplacée, sous Louis XIII, par un bâtiment carré à la suite de la chapelle de la Conception, contre le flanc méridional de l’église. Les marguilliers en achetèrent l’emplacement, du prieur auquel il appartenait, moyennant une rente annuelle de dix sous parisis, le 17 août 1618. Au premier étage, une belle pièce boisée, éclairée par deux larges fenêtres ouvrant sur le jardin du prieuré et en vue de la vallée, servit de salle capitulaire et de lieu d’assemblée ; au rez-de-chaussée, fut établie la sacristie. Des armoires qui appartenaient à la reine Anne d’Autriche, dans le château, furent, à sa mort, acquises par les marguilliers et installées dans cette sacristie. Elles étaient fort bien garnies, au dire des contemporains, d’ornements et de vases sacrés. L’une d’elles, fermant à trois clefs prohibitives, dont l’une était entre les mains du prieur, l’autre entre les mains du procureur du roi et la troisième chez le premier des marguilliers, contenait tous les titres de la fabrique et ce que les pillages avaient épargné des antiques archives de Saint-Germain, « le tout rangé en si bon ordre, écrivait un vieux marguillier, que du premier coup d’œil on trouve ce que l’on cherche. » De grandes portes de chêne sculptées donnent accès dans l’église en face le chœur.


§ II.

ANCIENNES DISPOSITIONS ET DÉCORATIONS INTÉRIEURES.

Quand on entrait jadis dans l’église Saint-Germain par la porte principale, on trouvait, sous l’arc latéral de la seconde travée à gauche, les fonts baptismaux dont l’aspect bizarre accusait une antique origine ; c’était « une grosse masse de maçonnerie, ayant à peu près la forme d’un puits. » Le xviiie siècle les fit disparaître (1709). Les nouveaux fonts furent placés dans la première chapelle du bas-côté nord, qui appartenait alors à messire Julien Boitet, sieur de Richeville, ancien capitaine au régiment de Navarre, et qui était dédiée à saint Blaise. La seconde chapelle, où se voit un pendentif sculpté du xvie siècle, avait pour patrons saint Éloi et sainte Julienne, la sainte vénérée du Val Saint-Germain et l’objet du pèlerinage de toute la contrée. Plus loin était la chapelle de sainte Marguerite, dont le culte remonte sans doute, dans la paroisse, à la femme de saint Louis, Marguerite de Provence, l’usufruitière de Dourdan, ou à Marguerite d’Artois, la femme de Louis d’Évreux.

Au haut de la nef principale, de chaque côté de la porte du chœur, et faisant face aux fidèles, deux autels, élevés d’une marche et entourés d’une grille, s’appuyaient contre les faisceaux de colonnettes qui soutiennent l’arc du chœur. Celui de droite était consacré à saint Michel archange, celui de gauche à saint Étienne, premier martyr, le second patron de la paroisse. Saint Étienne a été vénéré à Dourdan de temps immémorial. On a même prétendu qu’il y avait eu primitivement une paroisse sous son vocable. Saint-Germain possédait de ce saint une relique insigne, une portion du crâne enfermée dans un chef de vermeil. C’était le plus précieux trésor de l’église et l’autel du pilier de Saint-Étienne était l’autel privilégié de la paroisse. On avait pratiqué dans le faisceau de colonnettes une sorte de niche de deux pieds et demi carrés, garnie d’une forte grille de fer fermant à deux clefs, avec une petite porte au milieu également munie de serrures, pour passer la main afin de toucher à la relique, le tout recouvert d’une massive porte de chêne doublée de fer. Nous avons raconté le vol du reliquaire et la profanation de la relique par les huguenots, lors du siège de 1567 ; comment elle avait été jetée dans les fossés du château recueillie par une pieuse femme et solennellement restituée à Saint-Germain en 1609. Le parement de l’autel de Saint-Étienne portait encore du temps de de Lescornay, c’est-à-dire en 1624, la représentation de l’église Saint-Germain telle qu’elle était avant les désastres et les ravages du xvie siècle. C’est dans une autre partie de l’église qu’un nouveau sanctuaire fut depuis consacré à saint-Étienne. L’ancien autel fut dédié à Notre-Dame-de-Pitié dont l’image remplaça la niche du pilier. Cette dévotion était aussi en grand honneur à Dourdan. Les plus pauvres habitants se cotisaient pour faire célébrer presque tous les jours à cet autel une messe pour les âmes des trépassés, et un tronc à cet usage était fixé contre le pilier d’en face[16].

La grille et la porte du chœur, si l’on en croit la tradition, étaient un chef-d’œuvre de boiserie du moyen âge. Elles étaient surmontées d’un crucifix, d’une statue de la Vierge et d’une statue de saint Jean[17]. Comme les portes étaient vermoulues, M. Fougerange, le zélé marguillier qui prit au xviiie siècle l’initiative de toutes les réformes dans la paroisse, les fit démolir (1738), et plaça le crucifix avec les statues contre l’ancien pignon, au-dessus du maître-autel. Une nouvelle grille, de nouvelles portes en bois et fer furent fabriquées à Paris avec couronnement à palmettes, pilastres, corniches, cintres, rouleaux, groupe d’enfants supportant le blason de la maison d’Orléans surmonté d’une couronne princière et entouré des cordons des ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel, le tout rehaussé d’or et dominé par une croix fleurdelisée[18].

Le maître-autel, plusieurs fois ruiné dans les divers pillages, fut reconstruit en 1648, sous l’inspiration d’Anne d’Autriche, alors dame de Dourdan, et coûta 3,500 livres. C’était tout un monument, dans le style du temps, mais nullement dans celui de l’église, avec quatre grandes et belles colonnes de marbre noir à chapiteaux dorés, corniches, architraves, etc. Deux des colonnes étaient surmontées d’anges adorateurs, deux autres de vases d’où sortaient des fleurs. Entre les colonnes se dressaient deux statues : celle de saint Germain et celle de saint Étienne ; au-dessus de l’autel, dans un riche cadre de pierre dorée, un tableau de Jouvenet représentait l’Ascension, et dans un cartouche ovale, par-dessus le tout, dominait l’image du Père Éternel. On voit aujourd’hui cet autel, moins les tableaux, dans la chapelle de la Vierge où il a été transporté en 1768, alors que les marguilliers, curé, habitants, furent possédés de l’idée fixe d’un autel « à la romaine[19]. »

De chaque côté du maître-autel, au fond des bas-côtés, deux autels ont de tout temps existé. À gauche, quand l’église se terminait là, se trouvait la chapelle de la Vierge, à droite celle de sainte Barbe. C’est cette dernière qui paraît avoir été la chapelle du seigneur de Dourdan. De Lescornay raconte que de son temps il y avait derrière l’autel de Sainte-Barbe une espèce de tombeau qui portait les armes de la maison des comtes d’Étampes, apanagistes de Dourdan au xive siècle, avec une saillie de pierres de taille, à cinq ou six pieds contre la muraille, « et sur icelles un empatement de croix, » reste d’un fort beau crucifix ruiné pendant les guerres de 1567. On sait d’ailleurs qu’il y avait à Saint-Germain un oratoire du crucifix, par une charte du xiiie siècle, qui a été citée en son lieu[20]. L’autel de sainte Anne remplaça, au xviie siècle, l’autel de sainte Barbe, et cet autel de sainte Anne, transporté à son tour du côté gauche où était jadis celui de la Vierge, fit place à l’autel de saint Étienne. Non loin de ce dernier autel, au-dessous d’une croisée, furent déposées les précieuses reliques dans une sorte d’armoire surmontée d’une corniche, d’un fronton et de guirlandes en plâtre, et fermée par une porte de chêne et une grille de fer[21].

N’oublions pas la chaire, faite par un habile menuisier de Dourdan, sous Louis XIV, et revêtue aux jours de fête de ses riches parements ; — le banc de l’œuvre, recouvert de son tapis de trois aunes de drap vert, garni de balustres et augmenté, devant le pilier, d’une place réclamée par le curé pour entendre le sermon (1699) ; — la statue de pierre de l’Ecce homo qui se voyait au-dessus du second pilier de gauche en entrant dans la nef et passait pour un morceau de prix ; — les orgues, dont les huguenots avaient emporté les riches étoffes en 1567, et qui, ruinées dans le siège de 1591 rétablies sous Louis XIII, réparées et augmentées en 1730 moyennant 2,000 livres, pour être rendues plus harmonieuses « et plus sonnantes, » touchées durant de longues années par le sieur Thévard, furent entièrement refaites en 1770 ; — l’horloge dont le timbre historique de 1599 rappelle les malheurs et les espérances de la ville ; dont le cadran, du côté des halles, fut inauguré en 1665, et le mécanisme renouvelé en 1764[22].

Les cloches, cette voix de l’église éminemment populaire qui convoquait nos pères à la prière ou aux assemblées publiques, ont eu aussi leur histoire, leurs jours d’éclat et leurs tristes heures de silence. Leur riche métal fut l’objet de la convoitise des pillards dans plus d’un siège, et, suivant une loi de la guerre, le profit de l’artillerie royale après la capitulation de 1591. C’est en vain que les marguilliers firent le voyage de Chartres pour essayer de les racheter, il fallut fournir une nouvelle matière, et nous avons dit ailleurs[23] les quêtes faites dans les maisons, les dons de ferrailles et quincailleries par les habitants, le marché passé avec Thomas Mousset et ses opérations en plein air, pendant le rude hiver de 1596.

Trois cloches sortirent des moules dressés au pied du clocher. Louis XIII en ajouta plus tard une autre dont il fut le parrain, et à la même époque, en 1624, Guillaume Védye, fils de Pierre Védye, à l’occasion de l’inhumation de sa mère au pied de l’autel Sainte-Barbe, en donna une petite qui portait ces mots : « En fin de l’année 1624 j’ai esté fourny poisant quatre-vingt quatre livres, par M. Guillaume Vedye ; greffier en l’élection de Dourdan. » Elle fut suspendue dans le petit clocher où elle servit à sonner les messes basses, et de commande pour les grosses cloches. Tout le monde la connaissait sous le nom de Guillemette ; mais une fêlure lui fit perdre son timbre argentin et en 1767, Henriette Védye, femme du lieutenant-général Roger, fut marraine de sa remplaçante[24].

Les quatre grosses cloches, dont l’une pesait six mille livres, formaient un superbe carillon. C’était l’honneur de la fabrique. En 1700, les marguilliers, pour mieux faire encore, désirèrent qu’elles fussent refondues mais ils eurent à s’en repentir. Le fondeur Leguay recommença trois ou quatre fois sans pouvoir obtenir l’accord parfait et on lui intenta un procès. En mai 1778, les habitants décrétèrent une refonte générale et votèrent un crédit de 4,600 livres. Le réprésentant Couturier, envoyé à Dourdan en mai 1793 pour faire fermer les églises et envoyer à l’hôtel des Monnaies l’or et l’argent des vases sacrés, dirigea sur Paris, à la fonderie de canons, trois des cloches de Saint-Germain. La sonnerie de Dourdan est encore fort belle, mais nous sommes loin des splendeurs de nos pères.

Ajoutons que l’on vit des temps où Saint-Germain se signala par un vrai luxe de propreté et d’entretien ; il y eut en ce genre des époques bien caractérisées de mouvement et d’élan. Tout le xviie siècle fut employé à réparer les tristes dégâts causés par le xvie. Les contributions des habitants, les largesses de Louis XIII, les dons d’Anne d’Autriche, les sacrifices de la fabrique de 1660 à 1672 effacèrent peu à peu les anciens désastres. Un grand zèle de nettoyage et d’ornementation s’empara des marguilliers et habitants vers 1735, à l’imitation de Saint-Arnoult et d’autres églises, et, dans tous les comptes de cette époque, le panier à houssoir l’église joue un grand rôle. Une foule d’achats viennent embellir autels et chapelles, et, au dire des contemporains fiers et émerveillés, « Saint-Germain sent sa cathédrale plutôt que toute autre chose. »


§ III

SERVICE RELIGIEUX.

Le Clergé. — L’administration, de séculière qu’elle était avant le xiie siècle, étant devenue régulière, l’abbé de Saint-Chéron-lès-Chartres désignait plusieurs frères de son ordre pour desservir la paroisse ; l’un d’eux, comme il a été dit, sous le tire de « frère prieur-curé » jouissait du bénéfice de la cure et de la suprématie pastorale. « Ils vivoient ensemble honnêtement, disait un ancien marguillier dans un mémoire devant l’officialité de Chartres. L’un desquels faisoit les fonctions de curé et étoit supérieur des autres ce qui l’engageoit de donner l’exemple à ses confrères soit par l’assiduité aux heures canoniales, la régularité aux exercices de la religion, la retenue de ses mœurs, et son zèle pour les fonctions curiales. Les religieux menoient une vie irréprochable qui tenoit au bon ordre qui s’observe en communauté. »

Plusieurs prieurs de Saint-Germain avaient su se concilier les bonnes grâces et la confiance des princes seigneurs de Dourdan. On se souvient de messire Robert Joudouin qui avait obtenu de grands avantages pour son prieuré par son intimité avec Louis d’Étampes et qui, élevé à la dignité d’abbé de Saint-Chéron, figure comme exécuteur du testament du prince en 1399. Le duc de Berry, en 1412, confirmait les priviléges accordés et donnait au prieur un jardin[25].

Les bâtiments du prieuré étaient, à ce qu’il paraît, fort modestes ; le prieur y entretenait ses vicaires. Avec le temps, il se relâcha un peu, et à la suite des désastres de la Ligue et de l’appauvrissement de la cure, il voulut faire quelques économies qui ne furent pas du goût de la population. Frère Pierre Duchesne, curé en 1605, fut condamné, par sentence du bailliage, à entretenir à ses dépens quatre vicaires, et la vieille lettre latine de Goslenus fut invoquée comme pièce judiciaire. Par transaction faite avec les habitants, par devant Richer notaire royal, le 25 juillet 1612, le nombre de quatre fut réduit à trois. Le bâtiment du prieuré fut entièrement démoli et reconstruit en 1615. Le litige recommença en 1691 ; la population accusa de négligence messire Antoine Lebrun, son curé, qui avait pourtant le titre d’official. Les paroissiens rassemblés remontrèrent qu’ils manquaient de confesseurs et que mainte personne était forcée « de monter aux Granges la veille des grandes fêtes, quand de temps immémorial, il y a toujours eu dix prêtres et au moins sept ou huit confesseurs pour la liberté des consciences dans ladite église. » L’affaire alla devant l’officialité de Chartres, et par transaction frère Antoine Lebrun fut tenu d’entretenir deux vicaires et les marguilliers furent contraints de se charger d’un troisième prêtre faisant à la fois fonctions de chantre, de chapier et de sacristain. En 1704, nouveau procès ; les paroissiens tenaient absolument à avoir quatre vicaires et messire Claude Titon ne le voulait pas. Les marguilliers étaient mécontents parce que le curé avait entrepris d’agrandir le prieuré, demandait de l’argent à la fabrique, et s’était séparé de ses vicaires pour vivre seul et « voir le grand monde. » La fabrique donnait alors à chaque vicaire, outre une chambre toute garnie, 40 livres ; — au curé, dont le revenu total montait environ à 3,000 l., 224 l. pour ses honoraires et assistances de messes ; — à chaque prêtre chantre 200 l. — au maître des enfants de chœur prêtre 70 l. — aux enfants de chœur porte-croix 30 l. — au chantre laïque 36 l. — au maître laïque 70 l. — à l’organiste 300 l. — chacun des deux bedeaux 75 l. — au suisse 15 l. — aux sonneurs 115 l. — au serrurier-horloger 50 l. — à la communauté pour le blanchissage du linge 58 l. — au cirier pour le luminaire 418 l. — aux porte-bannières une gratification annuelle de 3 l. — aux distributeurs du pain bénit une paire de souliers à Pâques, etc.

La perte des anciens titres de l’église ne permet pas de donner une liste complète des curés de Saint-Germain avant les deux derniers siècles. Voici les noms que nous avons relevés sur des pièces faisant partie des archives de la paroisse :

1381. Frère Robert Joudouin. — Chan. rég, prieur-curé.
1464. Cantien Favernay.
1493. Jacques Ricoul.
1524-56. Pierre Prieur.
1605. Pierre Duchesne.
1617. Guillaume Belin.
1652. François Delorme.
1689. Antoine Le Brun. — Official
1697. Louis Forbet.
1700. Roch Claude Titon. — Docteur en théologie.
1727. Antoine Oudard Daquin. — Maître ès arts.
1741. Armand Couturier de Fononoüe.
1747. Jean-François Verné.
1754. Jean-Guy Desouches.
1780. Louis-Thomas Geoffroy[26].
1800. MM. Roussineau. — Curé[27].
1827. Rivet[28].
1833. Kollmann.
1843. Gautier.
1867. Gérard[29].

Les offices. — Saint-Germain étant desservi par des religieux, l’office canonial complet s’y faisait tous les jours. Les besoins des fidèles et les occupations du clergé firent abréger le service, et dès 1691, il ne subsistait plus que la messe de chœur et les vêpres, excepté pendant les dimanches de l’Avent et du Carême où l’office canonial se récitait dans son entier. Depuis les fondations faites, au xive siècle, par les comtes d’Évreux, la première messe, appelée messe matutinale ou messe des comtes d’Évreux, se sonnait l’été à 4 h. ¼ et l’hiver à 4 h. ¾, et était dite tous les jours par un vicaire à 4 h. ½ ou à 5 h., suivant la saison, précédée de la récitation de la Passion[30]. Quand on a dans les mains les actes où se traduit la vie paroissiale d’autrefois, on est profondément frappé de la foi et du zèle religieux de nos pères. C’est la population elle-même qui réclame et au besoin exige la célébration de certains offices, l’observation de certains usages. Les Dourdanais tenaient beaucoup à leurs processions. En 1691, le curé, ayant annoncé au prône qu’on n’irait pas comme de coutume pour les Rogations à Sainte-Mesme et aux Granges, fut interrompu par les murmures de l’assistance et les marguilliers portèrent plainte à l’officialité. Il y avait aussi procession au cimetière aux Quatre-Temps, procession à Louye « à Notre-Dame en mars », procession à Sainte-Julienne le lundi d’après Quasimodo. Cette dernière était en grande faveur, mais comme la distance à parcourir était considérable, il y avait une allocation de 2 sols pour chaque vicaire et une gratification pour les porte-bannières et porte-torches. Le retour s’effectuait souvent assez tard et l’on devait prendre un repas en route. C’était une dépense d’environ 30 livres par an pour la fabrique. Dans les grandes occasions, comme les jubilés, on promenait la châsse de saint Étienne. Sous Louis XIII, en 1623, le tabellion Thomas Richer fonde par testament une grande procession du Saint-Sacrement dans l’église aux cinq fêtes de la Vierge et donne un dais ou ciel en velours cramoisi, avec des figures, des armes et des initiales en broderie. Les confrères du Saint-Sacrement, pendant l’octave de leur fête, marchaient en grande pompe avec leurs insignes. Chaque soir, durant huit jours, assistait, avec sa bannière armoriée, une corporation différente représentée par les maîtres du métier, charpentiers, jardiniers, cordonniers, etc.

Nos pères étaient avides de la parole de Dieu, et en outre de leurs prêtres, il leur fallait souvent des prédicateurs étrangers ; on s’adressait à l’évêque qui envoyait des religieux. C’étaient les fidèles eux-mêmes qui souvent pourvoyaient spontanément par une quête aux honoraires. En 1595, c’est au Croissant que la fabrique défrayait le prédicateur. Au xviie siècle, elle leur fournissait une chambre dans le nouveau prieuré, les nourrissait avec un frère assistant, payait leur voyage et ajoutait une petite aumône pour le couvent[31]. Parfois il y avait station extraordinaire et lors de la mission donnée par le fameux abbé d’Olonne, en novembre 1752, une croix qui porta le nom de « croix d’Olonne » fut élevée sur la route de Saint-Arnoult à la pointe du chemin menant à Sainte-Mesme.

Non contents d’avoir pour église un bel édifice, les paroissiens voulaient qu’il fût orné, habillé aux jours de fête. Le chœur était tendu d’une tapisserie de Flandres, de vingt-cinq aunes de tour, représentant l’histoire d’Esther[32] et sur de longues tringles de fer d’un pilier à l’autre, on accrochait tout autour de la nef sept grandes pièces de tapisseries où se voyaient les actes des apôtres[33]. L’autel était recouvert de beaux parements de dentelle choisis par mademoiselle de Lescornay[34], et un grand dais violet, suspendu à la voûte, lui servait de baldaquin. La chaire avait des housses variées suivant les jours ; la plus belle était celle de velours de Gênes cramoisi, avec galons et franges d’or fin (1691). Les célébrants, prêtres et chantres, avaient des ornements à l’avenant. Ceux de velours cramoisi donnés par Anne d’Autriche avaient été complétés par deux chapelles neuves commandées en 1669, l’une blanche, garnie de dentelles d’or de Milan, l’autre verte, frangée or et argent[35]. La même année on avait fait emplette d’un dais de velours à la turque, à fond d’argent « garny de gallon, dentelle et franges d’or, bastons d’argent et égrettes de plumes rouges et blanches. »

Les vases sacrés et l’orfévrerie étaient fort riches et provenaient de dons princiers ou de cadeaux des confréries. Croix, ostensoir, chandeliers, lampes, couverture du livre des Évangiles, etc., étaient en argent massif. Aux grandes fêtes, on se servait d’un calice tout en or, d’une « hauteur extraordinaire, très-bien travaillé et relevé en figures. » Il y en avait un en vermeil pour les dimanches et trois autres en argent pour les vicaires.

Que de solennités historiques, que d’offices de circonstance, que de joyeux ou douloureux anniversaires, si l’on pouvait interroger la vieille église, depuis les obits des premiers Capétiens jusqu’au service du père de Philippe-Égalité ; depuis la messe matinale de saint Louis ou des comtes d’Évreux jusqu’aux trois messes de minuit du duc de Guise ; depuis le baptême de Louis d’Étampes jusqu’aux relevailles d’Anne d’Autriche ; depuis le chant du Parce par la foule en alarme à l’approche de Salisbury ou sous l’étreinte de la peste, jusqu’au chant du Te Deum pour une victoire de Louis XIV ! L’église que nous voyons a tout entendu et demeure comme un muet témoin des scènes oubliées dont les acteurs ont vécu sous ses voûtes ou dorment sous ses dalles.

Dourdan, ville royale, liée par conséquent à toutes les fortunes du trône, a dû par convenance, par devoir de position, pour ainsi dire, s’associer en fidèle serviteur à tous les succès, à tous les deuils de la royauté et l’église Saint-Germain en a toujours répété les échos glorieux ou funèbres. Pour ne parler que des derniers siècles, c’est à chaque instant que reviennent, dans les comptes de paroisse, les services de Requiem pour les rois, les reines ou les princes défunts. Les ducs d’Orléans, seigneurs de Dourdan, meurent à tour de rôle ou perdent leurs femmes ; ce sont autant de catafalques à dresser. Quand Henriette d’Angleterre expire subitement, le cri : « Madame se meurt, Madame est morte ! » retentit jusqu’à Dourdan, répété dans la chaire par un modeste vicaire. Lorsque la reine meurt en 1683, c’est une grande dépense pour la fabrique qui fait dignement les choses[36]. Les Te Deum sont aussi d’une fréquence inouïe, et au xviiie siècle, sous le règne de Louis XV, ils se succèdent certaines années presque chaque mois. Te Deum pour le rétablissement de la santé de Louis le bien-aimé, le 24 septembre 1744, accompagné au dehors d’un enthousiasme indicible et de fontaines de vin coulant dans les rues. Te Deum à l’occasion de l’attentat de Damiens contre le roi, le 5 janvier 1757, et prières des quarante heures requises à Dourdan, dès le 8, par jugement du bailliage. Te Deum pour l’accouchement de madame la Dauphine, 27 septembre 1750, à l’occasion duquel tous les habitants se brouillent les uns contre les autres au sujet des invitations. Mais l’inépuisable matière à Te Deum ce sont les victoires : victoires de la Ligue, de Louis XIII, de Louis XIV, de Louis XV. Les lettres de l’intendance parviennent coup sur coup au subdélégué et au curé avec la formule accoutumée. Nous en avons sous les yeux plus de trente qui se ressemblent. On en compte neuf de juillet en octobre 1745 et jusqu’à trois dans une semaine ; l’année 1746 est aussi féconde à cause de la guerre de Hollande. Comme il faut célébrer, non-seulement les avantages des Français, mais encore les avantages des alliés des Français, les Dourdanais finissent par se fatiguer un peu de ces réjouissances, et se montrent moins ardents pour les feux de joie à la porte de l’église, si bien qu’après en avoir commandé un pour la prise des forts de Mahon, le 25 juillet 1756, l’intendant écrit au bailliage : « J’en passerai la dépense, que vous aurez soin de ménager le plus qu’il sera possible. »

Pourtant Dourdan faisait de son mieux et la pompe ne laissait rien à désirer. Ceux qui voudront en juger pourront lire à la fin de ce livre la description du Te Deum de Dourdan à la paix d’Aix-la-Chapelle, en 1748[37].


§ IV.

RESSOURCES DE L’ÉGLISE.

Les paroissiens. — La paroisse Saint-Germain était de beaucoup la plus importante et la plus peuplée des deux paroisses de Dourdan. Il serait assez difficile de préciser sa circonscription et surtout de l’expliquer, car elle présente les plus étranges anomalies, ne paraît suivre aucun ordre régulier et ne répond à aucune convenance de proximité ou de situation. Une tradition rapporte que, pendant une terrible peste, les religieux qui desservaient la paroisse Saint-Pierre s’étant refusés ou n’ayant pas suffi à assister tous leurs paroissiens, les prêtres de Saint-Germain administrèrent les malades et acquirent à leur paroisse toutes les maisons où ils avaient exercé leur ministère. Quoi qu’il en soit, le pouillé du diocèse de Chartres, rédigé dans la seconde moitié du xiiie siècle et publié par Guérard[38], donne déjà à l’église Saint-Germain 220 paroissiens quand il n’en donne que 36 à Saint-Pierre et fixe l’estimation de l’une à 80 livres quand il n’estime l’autre qu’à 10. Au xviiie siècle Saint-Germain était arrivé au chiffre réel de 2,500 paroissiens, et Saint-Pierre ne dépassait pas celui de 500. Les deux circonscriptions, résultats primitifs de vieilles donations, d’anciens droits, d’antiques censives, étaient tellement enchevêtrées qu’on voyait des maisons situées derrière Saint-Germain, rue d’Authon, appartenir à la paroisse Saint-Pierre et des maisons voisines de Saint-Pierre, dans la rue Saint-Pierre, la rue Neuve, le bas de la rue d’Étampes, etc., dépendre de la paroisse Saint-Germain ; ou, comme dans la rue du Puits-des-Champs, le côté droit relever d’une église et le côté gauche d’une autre. Même anomalie souvent pour la banlieue de Dourdan, dont la plus grande partie néanmoins, comme Grillon, Semont, Rouillon, etc., appartenait à la paroisse Saint-Germain.

L’administration séculière de la paroisse était, dans le principe, comme celle de la ville, éminemment démocratique et elle conserva cette forme jusqu’à la fin, alors même que l’influence de la centralisation en eut atténué les effets. C’étaient les habitants rassemblés qui nommaient plusieurs d’entre eux pour être les gagers, proviseurs ou marguilliers de l’église, et c’étaient encore les habitants rassemblés qui délibéraient et statuaient en commun sur toutes les questions qui intéressaient la fortune ou l’entretien de l’église. L’église était la chose commune, tous s’en préoccupaient, tous avaient le droit de s’en occuper et l’acte d’assemblée ou le résultat était l’expression d’un suffrage universel authentiquement formulé d’après une teneur juridique : « Aujourd’hui dimanche… par-devant N., notaire royal à Dourdan, sont comparus au banc de l’œuvre de l’église Saint-Germain, issue de la grand’messe de paroisse, dite, chantée et célébrée en ladite église, après que la cloche a sonné en la manière ordinaire et accoutumée pour la convocation des habitants de ladite paroisse, en conséquence des publications faites aux prônes des messes de paroisse du dimanche présent et du précédent, à la requête des marguilliers ou proviseurs… etc. » Suivent les noms des habitants, souvent en très-grand nombre : d’abord les autorités, officiers royaux, puis les bourgeois et marchands « composant la plus saine et notable partie des habitants. » On retrouve là toutes nos familles locales, et quand le document est ancien, comme plusieurs de ceux que nous avons eu l’occasion de voir et de citer, il devient un titre précieux pour les individus et pour le pays. Devant la tablette de Saint-Germain s’agitèrent bien souvent d’autres questions que celles de l’église et les plus graves affaires de la ville s’y décidèrent. En bons citoyens, les marguilliers ouvrirent leur caisse et prêtèrent leurs épargnes dans des heures de détresse et de pénurie du trésor municipal. On se souvient de l’emprunt fait à la fabrique, au lendemain du siége de 1591, par le bailliage. C’était à charge de revanche : la ville, plus d’une fois, se saigna pour son église.

Les marguilliers en charge, plus nombreux au xve siècle, sont en général réduits à trois, outre les marguilliers d’honneur, titre accordé à quelque notable personnage. Les marguilliers sont nommés pour deux années. Le premier est comptable et responsable, et son compte est soigneusement apuré devant tout le conseil des habitants et vérifié par l’évêque au cours de ses visites. S’il vient à mourir pendant sa gestion, sa veuve, ses héritiers paraissent à sa place et un ordre admirable règne dans les comptes de Saint-Germain. Ses archives en possèdent la collection qui embrasse plus de deux siècles.

Les paroissiens de Saint-Germain n’étaient pas bien riches en général. À certaines époques, ils étaient même fort gênés et les recettes de l’église s’en ressentaient. Les quêtes se faisaient dans trois bassins. Il y avait celui de l’Œuvre, celui de Notre-Dame et celui des Trépassés, plus tard celui de sainte Julienne. Le bassin de l’Œuvre avait des charges qui montaient environ à 45 livres par an au xviie siècle ; c’était lui qui payait l’office et la procession de saint Sébastien, certaines processions du Saint-Sacrement, les saluts depuis Pâques jusqu’à la Pentecôte. Il récolta pendant les années 1645 et 1646, prises ensemble, 97 livres, 16 sous, toutes charges payées ; en 1730, il lui revint à peine 6 livres. — Le bassin de Notre-Dame était plus riche. Le compte « d’honneste personne Léonard Pélault, marchant, gager du bassin Notre-Dame pour 1591 et 1592, » nous a fourni ci-dessus quelques détails curieux sur l’époque du siége du capitaine Jacques. Le journal de l’honnête marguillier s’arrête « aux unze sols neuf deniers tornois reçeus le jour de Kasimodo, » et reprend « aux trente-cinq sols cinq deniers reçeus pendant les féries de la Pentecoste. » Entre les deux, il y a le siége, la guerre, la ruine : « nota que le dict rendant n’auroit rien reçeu à cause que l’armée de M. le mareschal de Biron estoit en cette ville de Dourdan. » C’est cette année-là que la ville emprunte au bassin de la Vierge 20 écus pour payer un messager dont elle a besoin dans un cas urgent. Toutes charges de messes payées, la recette des deux années s’élève à 95 livres[39]. Elle est tombée à 19 livres en 1730. — Le bassin des Trépassés était le mieux garni en général ; il payait un grand nombre de messes pour les défunts, et cette même année 1730, il lui restait 77 livres. Le revenu de l’herbe du cimetière lui appartenait. — Aux quatre grandes fêtes solennelles, on quêtait à Saint-Germain au profit de l’église Saint-Pierre. C’était un ancien usage. On prétend que le grand clocher de Saint-Germain étant tombé, la paroisse, n’ayant pas le moyen de le relever, emprunta à la fabrique Saint-Pierre une somme de deniers et lui accorda ce privilége en reconnaissance du service.

Les bancs dans l’église étaient encore un revenu de la fabrique, revenu bien minime d’abord, car la redevance exigée des familles ne s’élevait anciennement qu’à quelques livres ou même à quelques sols[40]. Les paroissiens attachaient pourtant une grande importance à leurs bancs et la possession leur en était assurée par concession ou bail authentique, par devant notaire. La collection de ces actes forme, dans les archives de la paroisse, un dossier respectable à l’aide duquel il serait assez facile de retrouver la place exacte de nos pères pendant un office de Saint-Germain, à certaine année du règne de Louis XIV. Les places se transmettaient d’ordinaire de père en fils, car l’usage était d’avoir son banc au-dessus de la fosse de sa famille. Pieuse coutume, austère leçon qui ne répugnaient pas aux simples et fortes âmes de nos ancêtres, et rattachaient les vivants aux morts par la religion des souvenirs et des espérances !

L’inhumation dans l’église était un droit qui se concédait suivant un certain tarif ou par suite de donations, testaments, etc. Les fondations du vieux temple étaient devenues un vaste ossuaire où allaient dormir ceux qui ne priaient plus. Les Védye reposaient au pied de l’autel sainte Barbe ; les Guyot au haut de la nef, à gauche, devant l’ancien sanctuaire de saint Étienne et de Notre-Dame de Pitié ; les Le Camus au haut de la nef à droite, sous le marchepied de l’autel de saint Michel ; les Thibault près de la chaire ; les Biron sous la chaire ; les Gourby près le second pilier de la nef, etc. En 1663, l’abbé de Grillan fut inhumé dans le chœur à gauche, à l’entrée de la porte Notre-Dame. En 1684, à cause de la rigueur de l’hiver, on ne put enterrer dans le cimetière, et on enterra gratuitement dans l’église.

Les droits d’argenterie, de tenture, étaient bien modiques, et ils étaient absorbés presque complétement par ceux qu’il fallait payer à l’administration pour les percevoir. La chose est si vraie que l’église Saint-Pierre, n’ayant pas le moyen de payer la somme exigée par l’édit de Louis XIV pour la perception des nouveaux droits de tenture, abandonna son privilége à la fabrique Saint-Germain qui, plus riche, acquitta l’impôt et toucha le revenu dans toute l’étendue de la ville.

Le droit de mesurage. — Parmi les revenus de la paroisse figure en première ligne le produit du droit de mesurage de tous les grains ou farines vendus, soit au marché, soit dans les greniers de Dourdan. De temps immémorial, la fabrique percevait un sol par septier. La tradition fait remonter ce droit à Philippe-Auguste. L’importance du marché aux grains de Dourdan lui donnait une grande valeur.

L’édit de 1569 ayant créé un office de mesureur, rendu héréditaire par arrêt de 1620, cet office fut adjugé à Dourdan, en février 1633, à Daniel Debats, moyennant 682 livres, avec droit d’un autre sol par septier. Redoutant quelque ennui, la fabrique acquit ce nouveau droit et désintéressa moyennant 1,000 livres l’adjudicataire. Des lettres patentes de Louis XIII, datées de Fontainebleau, mai 1634, unissaient et incorporaient, l’année suivante, le nouveau droit à l’ancien « pour continuer à faire le service divin dans ladite église avec honneur et décence, et obliger les paroissiens de prier Dieu pour le roi et la prospérité de l’État. » Un arrêt du conseil du 23 mai 1642 déchargeait l’église d’une taxe de 500 livres que le fisc voulait exiger pour ce droit. C’étaient deux sols par septier qui revenaient à la caisse de la paroisse et formaient le plus net de ses revenus, bien insuffisants d’ailleurs.

La perception de ce droit s’adjugeait tous les deux ans au plus offrant à l’issue de l’audience du bailliage, après publications solennelles. Les charges imposées à l’adjudicataire étaient nombreuses[41] et on exigeait de lui bonne caution. Les mesureurs, dont le nombre fut porté à treize en 1687 et plus tard à quatorze, se servaient de minots exactement jaugés sur deux étalons en cuivre rouge qui étaient religieusement conservés sous clé dans une des armoires de la sacristie, avec les objets précieux.

Les baux des adjudications du mesurage ont été gardés par la fabrique depuis 1595. Dépouillés soigneusement, ils nous ont servi à constater le produit variable de cette propriété importante de l’église. On verra plus loin, au chapitre consacré au commerce de grains de Dourdan, le parti que nous avons cru pouvoir en tirer pour l’histoire des mouvements de notre marché. Qu’il nous suffise de donner ici quelques chiffres propres à faire connaître cette branche des revenus de la paroisse :

De 612 livres tournois, prix annuel de la ferme des minots en 1610, ou, si l’on veut, de 1,363 livres, prix atteint en 1645, par la réunion du nouveau droit à l’ancien, le taux s’était élevé, pendant le règne de Louis XIV, par une progression constante, à 2,000 livres en 1665 ; à 3,548 en 1687 ; à 4,680 en 1695 ; à 5,268 en 1699. Au commencement du xviiie siècle, pour des raisons que nous développons ailleurs, cette magnifique recette baisse rapidement. Elle n’est plus que de 4,000 livres en 1705 ; elle est tombée à 2,600 en 1713. On juge de l’anxiété croissante de la fabrique qui se voyait appauvrie de moitié en treize ans. La dépréciation de la ferme du mesurage tenait à la dépréciation du marché lui-même, laquelle dépendait de plusieurs causes à la fois générales et locales. Comme une des plus graves était l’abandon du marché par les cultivateurs à cause du déplorable état des chemins mal entretenus par les fermiers du mesurage, c’est de ce côté qu’on essaya de porter remède. Dès 1708, les fermiers durent s’obliger à verser chaque année 150 livres aux marguilliers qui se chargèrent directement des réparations ; 200 livres par an furent plus tard exigées pour le pavage de la place, etc.

Mais qu’étaient ces faibles subsides en présence des travaux à faire ? L’église, la ville, le duc d’Orléans, réunirent leurs efforts. On regagna, en 1725, le chiffre de 4,000 livres, mais pour la dernière fois ; la grande crise commerciale et sociale qui se préparait le fit redescendre, en 1750, à 2,125. Sauf quelques oscillations favorables de 1765 à 1775, il ne se releva plus.

Ce droit, si essentiel pour la fabrique, fut souvent pour elle la cause de graves inquiétudes, de longs et coûteux procès quand il se trouva menacé. Dans les dernières années du xviie siècle, les marguilliers, M. Deverly, greffier en chef de l’élection, avec M. Lefébure procureur du roi, et M. Le Camus, montèrent à cheval, à la prière des habitants, pour aller trouver la grande duchesse de Toscane qui s’intéressait à Dourdan, afin de la supplier « de parler à S. A. R. Monsieur, » au sujet du droit de mesurage compromis. Ils durent prendre un carrosse de louage pour aller à Saint-Mandé chez la princesse, et leur voyage dura quatre jours. Un volumineux dossier témoigne des ennuis suscités aux marguilliers par un fermier du domaine du duc d’Orléans, le sieur Pierre Félix, qui, prétextant sa mission de rentrer dans les anciens domaines aliénés de Dourdan, intime à la fabrique, en novembre 1731, d’avoir à lui céder son droit. Grand émoi des paroissiens, assemblée des habitants, nouveau voyage des marguilliers, placet présenté par le sieur de Barateau au duc d’Orléans qui promet justice. Sur cette promesse, adjudication poursuivie comme de coutume et entravée par les manœuvres frauduleuses du sieur Félix ; assemblée du 16 décembre où les habitants, désolés et inquiets, réduisent les officiers de l’église et leurs gages, de peur de s’endetter, et se décident à faire exercer le droit de mesurage par régie. En mai 1732, l’orage s’apaise et la fabrique gagne son procès devant le conseil.

Dîmes de la paroisse. — On peut dire que ce n’était point là, à proprement parler, un des revenus de la fabrique, puisque ce n’est pas elle qui le percevait ; mais la possession des dîmes imposait aux décimateurs quelques obligations qui allégeaient certaines charges paroissiales. Ces dîmes portaient spécialement sur deux produits locaux : les grains et les vins.

Pour les grains, après que le prieur de Saint-Germain en avait prélevé trois muids pour son « gros, » le prieuré de Louye percevait le huitième des grosses dîmes de tous les grains de la paroisse. Les dames de Villiers (ordre de Cîteaux,) près la Ferté-Alais, en percevaient un quart, et l’abbaye de Saint-Chéron-lès-Chartres prenait le surplus. Ces dîmes étaient affermées moyennant sept muids de grains, à la mesure de Dourdan, divisés en trois portions égales de froment, d’avoine et de seigle.

« Les charges ordinaires de cette dîme, dit dom Nicod, administrateur du prieuré de Louye et vicaire général de l’ordre en 1770, sont d’entretenir le chœur et chancel de l’église Saint-Germain ; la fabrique étant riche n’est pas dans le cas de réclamer les ornements ; mais aussi l’entretien et les réparations du chœur sont très-dispendieux. Il y a sept à huit ans il me coûta plus de 3,000 livres en réparation. On vient de reconstruire à neuf un pilier buttant qui a coûté 1,324 livres. Ce pilier a, par sa chute, occasionné une contestation entre les marguilliers, les habitants de la paroisse et les décimateurs, à cause des dégâts qu’il a faits aux couvertures de l’église et des petites, maisons qui y sont adossées. Cette contestation ne devoit pas avoir de suite, le pilier étant tombé par force majeure pendant l’ouragan du mois de février 1770[42]. »

Le prieuré de Louye prenait aussi la huitième partie de la dîme du vin « excepté que l’abbé et couvent de Saint-Chéron prendront vingt muids de vin commun à la mesure de Dourdan. (Invent. de Louye 1696.) » Cette dîme s’amoindrit et disparut complétement à Dourdan avec la culture de la vigne. On se souvient des contestations que soulevèrent certaines prétentions à la dîme des vignes au xiiie siècle et des pièces de procédures, des transactions, des sentences d’officialité tour à tour provoquées par le prieur[43], les chanoines de Saint-Chéron, les religieux de Louye et les lépreux de Dourdan. La fabrique, qui ne devait gagner à tout cela que des réparations au vaisseau de son église, fut souvent assez mal servie, obligée d’attendre fort longtemps et de dépenser beaucoup d’argent en plaidoiries. Témoin le fait suivant : des réparations aux voûtes du chœur, évaluées à peine à 1,000 livres, sont déclarées urgentes en 1683 ; il s’agit de la vie des prêtres et des fidèles. Les décimateurs, le couvent de Saint-Chéron-lès-Chartres, le couvent de Louye, les religieuses de Villiers, mettent à tour de rôle toute la mauvaise volonté possible, et les poursuites contre eux entraînent des frais considérables. La fabrique entame un procès devant la Chambre des requêtes à Paris et devant le Parlement contre l’abbé Testu, de l’Académie française, abbé de Saint-Chéron. L’abbé Testu meurt. Le procès continue contre sa nièce, la comtesse de la Bretèche, son héritière sous bénéfice d’inventaire. Vingt-deux ans se sont écoulés, les réparations ne sont pas faites. Vers 1705, le fermier des dîmes se décide à les commencer. En 1708, le procès n’est pas fini.

Rentres et loyers. — Par des donations princières, par la générosité, par la piété des fidèles, l’église de Dourdan s’est trouvée à diverses époques propriétaire de plusieurs terres et immeubles, le plus souvent de simples droits et redevances sur des héritages de la ville et de la banlieue. Par les vicissitudes de la guerre et les malheurs des temps, elle s’est vue plus d’une fois dépouillée ; l’avant-dernier siècle l’a quelque peu enrichie ; le dernier lui a tout pris. Nous pourrions, à l’aide des documents que nous avons entre les mains, refaire le bilan de cette modeste fortune, mais les détails en seraient aussi fastidieux qu’inutiles, et quelques mots avec quelques chiffres suffiront à faire connaître la situation[44].

Le plus ancien compte complet de la fabrique remonte au lendemain du dernier siége et donne, pour les années 1595 et 1596 prises ensemble :

Rentes dues à l’église sur des maisons : près des fossés du château (anciennement appelée le Siége aux Prêtres), — rue de la Geôle, — faubourg de Chartres, — rue Saint-Pierre, — fausse porte du Puits-des-Champs, — à la Tête aux Maures. — Appentis contre l’église. — Moulin de Grillon. — Terres à la ruelle aux Moines, — au pont d’Allainville, à Liphard, — prés des Oysons, etc. 20 écus.
Loyer d’une maison devant le Châtel 2
Loyer des prés 62
Recette à cause des moissons des terres appartenant à l’église, et droits sur le moulin de Malassis 111
Recette à cause des cens, rentes et droits seigneuriaux dus à l’église sur des terres du Mesnil, — ferme de Beaurepaire, appentis de l’église 7
Total (pour 2 ans)
202 écus.
Cinquante ans après, en 1645 et 1646, la recette s’élevait :
Pour les loyers des prés et maisons, à 549 liv.
Pour les rentes dues à l’église, à 225
Total (pour 2 ans)
774 liv.
En 1699 et 1700 :
Les loyers à 800 liv.
Les rentes à 828
Total (pour 2 ans)
1628  liv.
En 1737 et 1738  :
Les loyers à 1185 liv.
Les rentes à 1967
Total (pour 2 ans)
3152 liv.
Lors de l’inventaire des biens de Saint-Germain par le directoire du district de Dourdan, en 1790, le revenu annuel était estimé :
Rentes sur les aides et gabelles 857 liv.
Rentes sur divers particuliers 501
Locations de terres et prés 1831 liv.
Total (pour une année)
3189 l.[45]

Les titres constatant ces différentes possessions de la fabrique ont donné lieu à plusieurs inventaires authentiques. En 1650, beaucoup de rentes n’étaient pas perçues parce que les titres de la fabrique étaient égarés ou perdus et il y eut alors un long procès intenté par les marguilliers pour les recouvrer. Le 6 mars 1693, un inventaire en règle fut dressé par devant Claude Michau. On en conserve un autre du 23 septembre 1790 et jours suivants par le sieur Pillaut, procureur syndic du district de Dourdan, assisté de trois membres de son directoire, suivant décret de l’assemblée nationale. Celui-ci établissait le revenu et les charges annuelles de la fabrique et devait servir, non pas de base pour gérer les biens de l’église, mais de memento pour les prendre tous.

Les charges de la fabrique. — Voici le tableau annuel qu’en dressait ledit inventaire de 1790 :

Honoraires du clergé et des officiers de l’église, — frais du culte[46] 2783 liv.
Contributions des décimes[47] 559
 Acquit annuel des fondations résultant des donations 600
Rente due à la charité de la ville 75
 À la charité de la paroisse Saint-Pierre 107
Aux pauvres de la paroisse Saint-Germain 95
À l’Hôtel-Dieu 72 l. 10 s
À la communauté 12 l. 10 s
Total
4304 liv.

On oubliait ce que coûtaient chaque année, depuis des siècles, à la paroisse, l’entretien d’un édifice ébranlé par tant de secousses, les réparations urgentes nécessitées à chaque instant par quelque nouvel accident, sans compter les procès et les frais qu’il fallait faire pour obtenir celles qui n’étaient pas à la charge de la fabrique.

Si nous rapprochons ce chiffre de 4,304 livres, total fort incomplet de la dépense annuelle, de celui de la recette estimée seulement par l’inventaire 4,033 liv. 16 sols, par suite de la suppression du droit de mesurage, nous conclurons que, sans ce droit, la fabrique eût été en déficit et que toute sa richesse consistait à équilibrer chaque année son budget.


Avant de terminer ce chapitre consacré à la paroisse de Dourdan, qu’il nous soit permis de dire un mot du grand travail qui s’opère en ce moment pour consolider son antique vaisseau et le sauver d’une ruine trop imminente. Quand nous parlons de ruine nous n’exagérons rien. On se familiarise, par l’habitude, avec les infirmités des individus et la décrépitude des édifices ; mais le temps n’en continue pas moins son œuvre rapide de destruction, et à Saint-Germain le mal est plus grand qu’on ne le suppose. Un écartement des parties hautes de la nef, un défaut d’équilibre entre la résistance des murailles latérales et la poussée des voûtes ; une tension anormale et une perte d’aplomb accusées par la déformation des arcs, l’écrasement des pierres et la rupture de tous les meneaux : telle est la plaie profonde et inquiétante qui mine, dans ses œuvres vives, la vieille et belle église de Dourdan. De nombreuses et anciennes blessures, l’action du feu, l’ébranlement du canon, les remèdes différés ou insuffisants ont amené ce résultat dont la gravité s’accroît tous les jours. Nos pères, au siècle dernier, plusieurs fois pris d’épouvante, ont fait ce qu’ils ont pu : des tirants, des chaînes, des liens de toutes sortes en sont les témoins. Ce siècle-ci a déjà tenté plusieurs restaurations sérieuses. Il y a quelques années, une somme importante, une subvention du gouvernement ont été affectées à ce qui paraissait alors le plus urgent. Jamais peut-être, le vice fondamental n’a pu être atteint.

À l’heure qu’il est, un puissant effort s’attaque au point décisif et tout le monde assiste avec impatience et sympathie au difficile travail qui se poursuit. Dirigé par l’habile architecte qui a joué sa santé et sa vie dans l’inspection générale des admirables restaurations de la cathédrale de Paris, et exécuté par un entrepreneur spécial et expérimenté, ce travail consiste à refaire à fond les voûtes. Derrière le faux plancher qui les masque, les ouvriers détruisent avec précaution et remplacent, l’un après l’autre, ces nervures, ces arêtes, ces arcs, rompus et broyés ; ils déchargent la tête de l’édifice du poids énorme de voûtes massives qu’elle ne peut plus porter et changent, pour une pierre résistante quoique légère, les lourds matériaux, les silex et les cailloux jadis employés faute de mieux. L’équilibre étant peu à peu rétabli au faîte, la poussée infiniment diminuée, la portée des contreforts soigneusement étudiée, l’harmonie de toutes les forces bien connue et bien assurée, l’édifice se sentira inévitablement soulagé et raffermi, et comme sa membrure peut résister longtemps encore, sa vie se trouvera de nouveau garantie.

Toutefois, on nous pardonnera de le rappeler ici, ces réparations profondes et essentielles qui se poursuivent presque dans l’ombre, et qui ne frappent pas les yeux comme pourraient le faire des travaux secondaires d’embellissement ou d’ornementation, entraînent des frais considérables et exigent de grandes ressources. Formée, à l’origine, du legs pieux d’un généreux donateur, grandie par la coopération de la ville, accrue du subside de l’État, la somme dont Dourdan disposait était malheureusement de beaucoup insuffisante encore ; mais nous sommes heureux de le proclamer, l’excellente population de Dourdan a su faire un vrai sacrifice pour sa vieille église, et, dans ce siècle où tout se renouvelle par l’initiative individuelle, elle a tenu à honneur d’assurer, par de larges offrandes, l’existence d’un beau, d’un vénérable monument qui est la gloire de la ville que nos pères, plus pauvres que nous, ont bâti et rebâti pour y prier pendant des siècles, et qu’il faut à tout prix conserver à ceux qui viendront après nous !

  1. Le classement des archives de l’église, que nous avons entrepris, n’étant pas achevé, nous regrettons de ne pouvoir, pour les détails contenus dans ce chapitre, renvoyer aux pièces par les numéros d’ordre d’un inventaire régulier.
  2. Nous devons toute la partie technique de ce paragraphe à l’obligeance de M. Queyron, inspecteur général des travaux de Notre-Dame de Paris, l’habile restaurateur de notre église, qui a bien voulu nous donner, sur le vaisseau de Saint-Germain, des notes et des explications savantes et détaillées.
  3. Voir chap. X.
  4. Cette tour ne mesure pas moins de 90 pieds de haut ; elle en a plus de 150, si on compte du sommet de la flèche.
  5. La sacristie et la chapelle de la Conception, dont nous parlerons plus bas, également construites entre tes contreforts, font plus ou moins saillie sur la face méridionale.
  6. Un pilastre, carré à son point de contact avec la nef, vient au-dessous de chaque arc soutenir son extrémité. Les deux derniers contreforts, du côté du chevet, qui datent du xiiie siècle, diffèrent des autres. Ils n’ont qu’un petit pilastre au devant duquel une colonne cylindrique isolée, ornée de base et chapiteau à feuillages d’un joli style, soutient l’extrémité de l’arc. Il est à remarquer que ces deux derniers contreforts ne sont pas dans le prolongement des arcs-doubleaux de la nef. Les premiers constructeurs ayant sans doute à respecter quelque bâtiment, comme cela arrivait souvent à cette époque, ont dû placer ces contreforts en biais, ce qui fait que, loin de soutenir les voûtes, ils ont été repoussés par elles et ont perdu leur aplomb.
  7. Ce grand comble, refait au xve siècle, devait être bien compris et d’une belle exécution ; plusieurs fois remanié, il se compose aujourd’hui de huit fermes en chêne. Des entraits décorés de moulures et terminés à leur extrémité par des têtes de monstres, quelques poinçons, aiguilles, etc., ornés de sculptures, donnent l’idée de sa facture.
  8. Plusieurs de ces piliers, du côté du nord, ont été remplacés, lors de travaux de consolidation, par de grosses colonnes flanquées de piliers carrés qui viennent pénétrer dans les voûtes des bas-côtés.
  9. Toutes ces choses se réparent tandis que nous écrivons ces lignes.
  10. Papiers de famille de M. Roger.
  11. Une liasse de procédures et d’actes à ce sujet subsiste aux archives de l’église.
  12. 40 livres pour ses honoraires et voyages. — 15 livres pour le devis général.
  13. Étampes, — Chartres, — Auneau, etc.; — Saint-Jacques-du-Haut-Pas, — Saint-Laurent et Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris.
  14. Cette question des anciens prix intéressant aujourd’hui certains érudits, nous en relevons ici quelques-uns :

    339 liv. pour 108 toises de pierre de moellon à 55 s. et 3 liv. la toise.

    209 liv. à Vernet, voiturier, pour les arrivages de la pierre à 100 s. la toise, du grès à 10 s. — Ce prix, à ce qu’il paraît, était si modique, que Vernet ne put gagner sa vie et abandonna le travail, dont aucun laboureur ni voiturier du pays ne voulut se charger à moins de 6 à 7 liv. pour la toise de moellon et 20 s. pour la toise de grès.

    3,111 liv. données aux maçons ; — 891 liv. aux fendeurs de grès de Sainte-Mesme ; 2,204 liv. aux piqueurs de grés ; — 2,082 liv. pour le transport du grès de Lyphard, et des pierres et sables de la Fresnaye, la Brière, Rochefort ; — 423 liv, pour 156 poinçons de chaux vive ; plus, 942 liv. d’autre part ; — 500 livr. pour charpentes ; plus, les bois de la forêt ; — 4,800 liv. payées au sieur de la Rousse, entrepreneur du dit bâtiment, en 1695. — Archives de l’Église.

  15. La pierre subsiste avec les armes, et porte ces mots :

    CE BASTIMENT
    A ESTE FAICT DES DENIERS
    DE CETTE EGLISE A LA DI
    LIGENCE DE Me CLAVDE MICHAV
    CLAVDE HOVSSV ET FRANÇOIS DVCHON
    MARGVILLIERS ES ANNEES 1689 ET
    1690 SOVBZ LE REGNE DE LOVIS LE
    GRAND XIV
    DV NOM ROY DE FRANCE
    ET DE NAVARRE.

  16. Une image sculptée de Notre-Dame-de-Pitié, déposée depuis assez longtemps, d’une manière provisoire, dans le bas de l’église, attire toujours la vénération et les offrandes des fidèles. On lui destine un sanctuaire plus convenable.

    Les autels et la niche des piliers ont disparu.

  17. « Tous les ouvriers qui viennent à Dourdan et qui se piquent de se connoître parfaitement en beauté d’ouvrages tombent en admiration en voyant dans une petite ville trois pièces qui, sans contredit, passent pour les plus belles de France, » écrivait, au siècle dernier, un bon habitant de Dourdan.
  18. Cette grille, payée 2,000 livres à Pichet, fameux serrurier de Paris, a disparu à la révolution.
  19. La statue actuelle de la Vierge est un don de M. Roussineau, curé, en 1806. — On s’occupe actuellement de l’érection d’un maître-autel de pierre, dans le style de l’édifice.
  20. Voir pièce justificative XI.
  21. Les reliques de saint Étienne ont disparu à la révolution. L’autel du martyr est actuellement dédié à saint Pierre, en souvenir de la seconde paroisse de Dourdan, dont les biens ont été réunis à ceux de Saint-Germain. — L’autel de sainte Anne continue à lui servir de pendant. Ces deux autels vont être totalement renouvelés.
  22. Tout ce qui précède, sauf le timbre de l’horloge, a été détruit et remplacé.
  23. Chapitre de Dourdan sous Henri IV.
  24. Aujourd’hui Guillemette a fait place à Anaïs-Célestine, dont madame Boivin fut la marraine en 1852 et M. De Metz le parrain.
  25. Les prieurs de Saint-Germain avaient leur sceau. Un fragment du sceau du prieur de Dourdan, qui devait être rond et représentait un agneau pascal, mais dont la légende a entièrement disparu, existe aux archives d’Eure-et-Loir (Fonds de Saint-Chèron) attaché à une pièce de 1444.
  26. Une rue de Dourdan porte son nom. C’est sous lui que s’est opérée la réunion de la paroisse Saint-Pierre à celle de Saint-Germain. Il dut se retirer devant la révolution.
  27. Le vénérable abbé Roussineau, qui a administré la paroisse pendant vingt-sept ans, et dont le portrait est conservé dans la salle du Conseil de l’Hôtel-Dieu, a rendu à Dourdan de grands services dans des jours difficiles. Curé de la Sainte-Chapelle de Paris avant la révolution, il a sauvé de la profanation la relique de la vraie croix, conservée dans le sanctuaire de saint Louis sous le nom de Croix Palatine. Nommé curé de Dourdan aux premiers jours de la réouverture des églises, c’est à Dourdan qu’il a transporté et gardé plusieurs années son précieux dépôt, jusqu’à l’heure où il fut réintégré à Notre-Dame. Dourdan reçut alors, en reconnaissance, une parcelle notable de la relique.

    M. Roussineau a eu pour collaborateur et vicaire l’excellent abbé Charpentier, qui, déjà vicaire de Dourdan et chapelain de l’hospice avant la révolution, a repris son ministère en 1800 et l’a exercé jusqu’en 1836

  28. Antérieurement vicaire de Dourdan en 1819 et 1820, devenu curé de Versailles, et actuellement évêque de Dijon.
  29. Demeuré pendant vingt-deux années (1845) chapelain de l’Hôtel-Dieu avec le plus modeste dévouement, et récemment appelé à la cure de Dourdan par la confiance et la sympathie générales.
  30. Une fondation de 218 livres était affectée à cette messe. Une ordonnance de l’évêque, du 15 mai 1668, alloue 2 sols au vicaire qui dira la Passion avant la messe matinale.
  31. Au P. Jean-Marie de Vernon, récollet, pour le carême de 1645 et l’octave du Saint-Sacrement, à raison de 40 sols par jour pour sa nourriture, 130 liv. — Pour ramener le P. Bareau à Chartres, à cheval, après ses stations de 1646, 12 liv. — Au P. capucin, pour l’Avent 1646, 64 liv. — Au P. cordelier, pour les sermons de Pentecôte, 12 liv. — Au R. P. Damasine, gardien de Limours, pour trois sermons, en 1698, 6 liv. — Au R. P. Fabien, pour le carême 1699, 136 liv. — Au R. P. Dumoullin, pour l’Avent, 96 liv. — Au R. P. Bernard, pour les deux sermons d’Assomption et de Toussaint, 4 liv. — Au R. P. Amiens, jacobin, pour l’Avent 1700, 84 liv. 15 sols. En 1749, la fabrique, étant dans une grande pénurie, demanda à l’évêché de ne plus envoyer de prédicateurs qui reviendraient à plus de 500 livres par an.
  32. Achetée à Paris, en 1646, pour 830 livres.
  33. Achetées à Paris, en 1675, chez Adrien le Vasseur, par M. Guyot, premier marguillier, qui a fait plusieurs fois le voyage et a dû passer neuf ou dix jours. — Ont coûté 1,900 liv. — Payé 253 liv. à Jean Huë, tapissier à Paris, « pour avoir nettoié, rantray et remis en coulleur les vielles tapisseries de l’église, garny de bande de thoille les tapisseries nouvellement acheptées. » — Payé 21 liv. 10 s. pour le port de Paris à Dourdan de toutes ces tapisseries, pesant 860 livres.
  34. Fille du premier marguillier en 1677.
  35. Payée 1,509 livres.
  36. « Pour le service de la feue reine, en octobre, payé 445 liv. 10 s., scavoir : 262 liv. 8 s. pour 200 livres de cire blanche. — A Raingard, peintre, 111 liv. pour deux grandes armoiries et huict douzaines de petites, et avoir doré deux couronnes et deux bastons royaux. — 53 s. pour les cartes employez aux dites couronnes. — 30 liv. payez à Rolland Vian pour le mausolée. — 24 liv. payez aux sonneurs. — 11 liv. payez à M. Raibaut, vicaire, pour rétribution de l’oraison funèbre par lui prononcée. — 40 s. payez à Salé, menuisier, pour avoir travaillé au dit mausolée et gardé une porte du cœur de la dite église pendant le service, etc. — Plus un drap mortuaire, des crespes et la tanture de deüil, fourny par Noël Dossonville. » — Archives de l’église.
  37. Pièce justificative XXI.
  38. Cartul. de Saint-Père de Chartres, t. Ier. — Tiré du Livre blanc de la bibl. de Chartres. — On se rappelle comment il faut multiplier ces chiffres de paroissiens et de revenus pour avoir les nombres véritables. — Voir chapitre IV.
  39. La recette totale des quêtes, pour ces deux années, est de 59 écus.
  40. Les bancs étaient loin d’être uniformes et de présenter un coup d’œil gracieux. Beaucoup tombaient de vétusté au commencement du xviiie siècle. En 1751 M. Védye, voyant l’église peu en fonds, obtint des habitants la reconstruction uniforme et une nouvelle location des bancs. Vingt-trois de ces bancs, qui coûtaient 17 liv. 5 s. la toise, produisaient, dès 1752, 253 liv. Le revenu annuel des bancs est estimé à 843 liv. dans l’inventaire révolutionnaire de 1790.
  41. Il devait payer comptant le prix et les frais d’adjudication.

    Entretenir les chemins et avenues de la ville et du marché, ainsi que le pavage devant l’église.

    Faire allumer, fêtes et dimanches, les lampes et cierges sur les autels et aux piliers.

    Couper et distribuer le pain bénit.

    Faire porter aux processions les bannières et les torches.

    Faire nettoyer tous les autels.

    Fournir le pain et le vin d’autel, et le pain de la communion pascale.

    Faire bien et dûment nettoyer le tour de l’église et de la place, depuis la rue de Chartres jusqu’à la rue d’Authon, ainsi que le cimetière.

    Faire entretenir les minots, au nombre de quatorze, et choisir des personnes recommandables pour mesureurs, dont quatre imposées par la fabrique.

    Faire dresser le tombeau le Jeudi-Saint.

    Descendre, nettoyer et remonter le dais qui est au-dessus du maître-autel.

    Nettoyer, tendre et détendre toutes les tapisseries.

    Faire nettoyer quatre fois l’an, aux fêtes solennelles, les murs et voûtes.

    Payer comptant 40 liv. à l’Hôtel-Dieu.

  42. Journal de D. Nicod. — Arch. départ. d’Eure-et-Loir.
  43. Un beau cellier, destiné très-vraisemblablement à resserrer les vins de la dîme, existe encore sous le prieuré, aujourd’hui presbytère, et, à ce titre, doit trouver sa place ici. Ouvrant sur le versant méridional, au-dessous de l’église, et construit dans un plan carré, il se compose de deux rangs de travées d’environ 4 mètres chacune, formant quatre voûtes d’arête plein-cintre, supportées dans les angles par huit colonnes de 1 mèt. 50 de hauteur, légèrement engagées dans les murs, et au milieu par une colonne isolée ; le socle carré qui dépasse la base se trouve enterré aujourd’hui, et le chapiteau, aux moulures très-petites, rappelle, bien que postérieur, le style du xiie siècle. Ces voûtes sont contrebutées du côté sud par trois contreforts à glacis avec un petit larmier. Une porte à arc surbaissé donne accès dans ce cellier. De la dernière travée du fond, on entre dans une autre cave en berceau sous la cour du presbytère.
  44. Voir, pour d’anciennes donations, dîmes, le chapitre IV.
  45. Trois ans après tout était perdu. En fait de rentes restituées en vertu de l’arrêt du 7 thermidor an XI, on ne voit que 181 liv. de rente annuelle sur la maison du Parterre et ses dépendances.
  46. Environ 180 écus au compte de 1595 ; — 600 livres à celui de 1645 ; — 2,500 en 1699 ; — 3,500 en 1737.
  47. La fabrique de Saint-Germain est taxée à 286 livres par an, pour sa part du don gratuit accordé au roi par assemblée générale du clergé de France. (1752.)